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Espionnage : un réveil douloureux


Le rôle de la SES dans cette affaire est mis en question. (photo archives lq)

Les opérations d’espionnage concernant le Luxembourg continuent de faire des vagues. À côté de la place financière, l’opérateur de satellites SES aurait été une cible privilégiée.

Les révélations de mardi selon lesquelles le service de renseignement allemand BND aurait espionné sur ordre de ses homologues américains de la NSA onze liaisons internet entre le Luxembourg et différentes capitales européennes ne laissent personne indifférent au Luxembourg.

Mercredi, déi gréng, qui, avec leurs collègues autrichiens et allemands, avaient révélé le volet luxembourgeois de cette affaire d’espionnage de grande envergure, ont remis une couche dans le cadre d’une question parlementaire. Le député Claude Adam souligne ainsi que «le Luxembourg héberge non seulement jusqu’à 20  % des data centers ultrasécurisés du monde, mais aussi la société SES, leader mondial des services par satellites».

C’est plus particulièrement le rôle de la Société des satellites européens (SES) qui préoccupe déi gréng. «Le réseau de la société SES couvre presque la totalité du globe et offre aussi des services de communication par satellites pour personnes privées, entreprises, opérateurs de télécommunication et agences gouvernementales, y inclus aux États-Unis», poursuit ainsi Claude Adam dans sa question parlementaire adressée au Premier ministre, Xavier Bettel, qui occupe aussi la tâche de ministre des Médias et des Communications.

Le député des verts se demande si la SES a également été ciblée par le BND et donc la NSA. Il veut ainsi savoir du gouvernement s’il «possède actuellement des indices indiquant directement ou indirectement une surveillance des liaisons de communication par satellites vers et à partir du Luxembourg».

Un niveau de sécurité à renforcer

Claude Adam fait un pas plus loin en lançant une autre interrogation, avec cette fois-ci la SES comme acteur et donc collaborateur des services de renseignement. Il souhaite ainsi savoir du Premier ministre s’il «existe éventuellement un accord secret entre la société SES et l’agence NSA lui permettant une surveillance des communications satellitaires du groupe SES ou de l’une de ses filiales, à la suite de la fusion avec l’opérateur satellitaire américain General Electric Americom en novembre 2001». Le député songe notamment aux accords conclus avec les sociétés américaines dans le cadre du programme de surveillance Prism.

Claude Adam s’interroge en outre sur la stratégie de sécurité des data centers luxembourgeois «face à l’interception massive des données de télécommunication internationales». Pour conclure, il demande au gouvernement quel sera l’impact des récentes révélations d’espionnage sur la nouvelle stratégie «Digital Lëtzebuerg». «Quelles mesures est-ce que le gouvernement envisage afin de renforcer le niveau de sécurité et la protection des communications tant nationales qu’internationales face aux activités d’espionnage politique et industriel?», lance en guise de conclusion Claude Adam.

De leur côté, le CSV et son député Laurent Mosar s’inquiètent plus de la place financière. Avec le ciblage par le BND sur demande de la NSA des liaisons internet reliant le Luxembourg à Zurich, Vienne mais aussi Francfort et Moscou, il est probable que les opérations effectuées entre ces différentes places financières auraient pu intéresser les Américains.

Laurent Mosar souhaite notamment savoir du Premier ministre et du ministre des Finances, Pierre Gramegna, s’ils peuvent «exclure que la surveillance de ces liaisons internet visait à espionner la place financière».

Le CSV s’inquiète aussi de la réaction du gouvernement luxembourgeois aux révélations. Le fait que des pays «amis» ont espionné le Luxembourg laisse en effet un goût amer. C’est pourquoi Laurent Mosar demande à Xavier Bettel et Pierre Gramegna s’ils comptent une nouvelle fois intervenir auprès des autorités allemandes pour obtenir de plus amples informations au sujet des révélations.

Enfin, le député CSV s’interroge sur la sécurité des réseaux informatiques constituant un des atouts majeurs de notre économie.

David Marques

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