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Enseignants : les oubliés de la réforme ?


Dans le rapport, les enseignants sont accusés de "passivité", de "refus de travail", ou encore de "désintérêt". (illustration archives Fabrizio Pizzolante)

Les critiques continuent après la publication d’un rapport «accablant» sur le système de la formation professionnelle. Cette fois-ci, c’est l’OGBL qui monte au créneau.

Pour rappel : la réforme de 2008 vise notamment à introduire de façon systématique un enseignement par compétences pour l’ensemble des 120 métiers concernés, et par la mise en œuvre des formations sous une forme modulaire et flexible.

Jules Barthel, du SEW/OGBL. (Photo Hervé Montaigu).

Jules Barthel, du SEW/OGBL. (Photo Hervé Montaigu).

Hélas, comme le dénonce l’étude de l’Uni dévoilée la semaine dernière, cette réforme a été menée de façon «chaotique». Cette étude représente-t-elle pour autant un pavé dans la mare ? Pas vraiment, s’agace Jules Barthel : «Ce rapport était inutile, car tout ce qu’il dit, on le dit depuis huit ans. Si on nous avait écoutés, ça fait des années qu’on aurait pu faire des changements bénéfiques», assure ce membre du Syndicat éducation et sciences (SEW) de l’OGBL.

Le rapport confirme par exemple «une politique de communication désastreuse de la part du service de la formation professionnelle», ou encore que la réforme est «responsable de l’accroissement des échecs, du découragement, de la démotivation, du décrochage scolaire de beaucoup de jeunes».

Le « refus de travail » des enseignants

Il y a aussi, poursuit-il, ce que ce rapport «ne dit pas». Par exemple, «le nivellement par le bas de toutes les formations du technicien», ou encore «le nombre très élevé de jeunes dans les formations du CCP et du DAP qui se retrouvent sans contrat d’apprentissage» quand ils en ont besoin.

Et puis, il y a ce que le rapport dirait «en trop» : «On déplore que le rapport tape beaucoup sur les enseignants. Sur les 35 pages du rapport, on retrouve tout le temps des attaques contre les enseignants, contre la « passivité », le « refus de travail », le « désintérêt », le « refus de visite de stage des enseignants ».» Jules Barthel ajoute : «Certains ont même dit qu’on était trop intellectuels ou qu’on ne développait pas assez la culture livresque des jeunes en leur distribuant des photocopies à la place de livres… Donc, ce serait la faute des enseignants si les jeunes ne lisent pas assez de livres ? Allons…»

Des attaques d’autant plus «inadmissibles» «que les enseignants étaient les seuls à ne pas avoir été interviewés pour cette étude ! Ils ont rencontré les cinq chambres professionnelles, l’association des parents d’élèves, le service des conseillers à l’apprentissage, etc. Mais ils ont oublié les enseignants !»

Le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse a annoncé que la réforme de la réforme tiendrait compte de ce rapport. Mais les premières propositions «ne sont que du bricolage. Alors qu’on veut une mise à plat de la réforme.» Qui passerait notamment par l’«abandon de l’enseignement modulaire en faveur d’un enseignement interdisciplinaire», une adaptation «vers le haut» des niveaux d’études, ou encore la réintroduction d’un «examen national de qualité».

«Donc, si ça ne bouge pas favorablement dans les prochaines semaines, une mobilisation n’est pas à exclure», prévient-il.

Romain Van Dyck

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