Malgré le nouveau report du début des travaux, désormais prévu au printemps 2021, l’élargissement de l’A3 à 2×3 voies doit toujours s’achever en 2024. Le ministre François Bausch se dit confiant.
Des engins de chantier réalisent actuellement d’importants travaux de terrassement le long de l’A3. L’élargissement du tronçon autoroutier vers la France est-il enfin lancé pour de bon? «Non, répond le ministre François Bausch. Les travaux qui sont visibles actuellement concernent la construction de la nouvelle ligne ferroviaire entre Bettembourg et Luxembourg. On est dans les temps.» La date butoir est fixée à 2024.
La même échéance est avancée pour le chantier à venir sur l’A3. L’administration des Ponts et Chaussées évoque une durée de cinq ans pour achever la mise à 2×3 voies de l’autoroute reliant le poste-frontière de Zoufftgen à Luxembourg. Depuis 2017, le début des travaux a cependant été repoussé à maintes reprises. Finalement, le coup d’envoi devait être donné en ce mois de septembre 2020. «La crise sanitaire est quelque peu venue chambouler nos calendriers. Des décalages situés dans une fourchette de deux à trois mois sont à déplorer», doit admettre François Bausch. Les pelleteuses ne sont donc pas encore prêtes à débarquer.
Le ministre de la Mobilité et des Travaux publics a accepté de dresser un état des lieux avec Le Quotidien. «J’ai signé l’appel d’offres pour réaliser le lot A entre la croix de Gasperich et l’échangeur de Livange en juin. Il faut compter six mois pour clôturer la procédure», indique François Bausch. Les travaux doivent enfin être lancés au printemps 2021. «A priori, le planning pourra être respecté. La date de 2024 n’est pas remise en question», ajoute le ministre. La marge de manœuvre pour finaliser ce chantier titanesque dans les temps prévus est toutefois minime.
Le projet coince toujours côté français
L’élargissement de l’A3 à 2×3 voies se fera en cinq étapes (voir carte ci-dessous). Une fois arrivé à Livange, l’échangeur situé derrière l’aire de Berchem sera réaménagé. Un pont à gibier est prévu. L’appel d’offres pour ce dernier sera lancé cette année. Les étapes suivantes seront Livange-Croix de Bettembourg, le réaménagement de cette même croix reliant l’A3 à l’A13, et finalement le tronçon entre Dudelange et le poste-frontière de Zoufftgen. Le coût global du projet est estimé à 356 millions d’euros. Le seul lot A est chiffré à 30 millions d’euros.
Si le ministre Bausch reste confiant concernant le chantier du côté luxembourgeois, il l’est beaucoup moins pour la mise à 2×3 voies de l’autoroute côté français. «Le projet n’avance pas. La question de la mise en place d’un péage n’est toujours pas tranchée. J’espère au moins que les travaux sur le tronçon vers Thionville pourront être lancés assez rapidement», avance l’élu de déi gréng.
Selon les derniers échos en provenance de Lorraine, les études préalables au lancement des travaux ne s’achèveront qu’en 2021. L’appel d’offres devrait également être pouvoir lancé l’année prochaine. Nos confrères du Républicain lorrain indiquaient fin juin 2019 que le calendrier des travaux s’échelonne entre 2023 et… 2032. «Je n’ai pas d’autres nouvelles. Il reste à savoir si les mesures anticrise annoncées par le gouvernement français vont profiter à ce projet», complète François Bausch.
L’impact du télétravail restera limité
En attendant, le ministre de la Mobilité espère que le projet de modernisation de la ligne ferroviaire entre Bettembourg et Thionville pourra enfin avancer. La loi de financement a été votée fin 2019 par la France. Les deux pays comptent investir chacun 110 millions d’euros dans le ferroviaire. «Cet investissement va permettre d’augmenter les capacités sur le rail et délester ainsi le réseau autoroutier», estime le ministre luxembourgeois.
Une nouvelle donne est venue s’ajouter au projet d’élargissement de l’A3 : il s’agit du recours massif au télétravail. «Le coronavirus fait que la pression a légèrement diminué sur les routes. Le trafic est plus fluide qu’il y a encore un an, constate François Bausch. Mais il ne faut pas se voiler la face. Au plus tard à l’été 2021, la situation sera à nouveau semblable à la période connue en amont de la pandémie.» Le projet n’est donc pas remis en question.
Le prochain défi sera de trouver la main-d’œuvre adéquate. «Je ne vois pas de problème au niveau de la disponibilité des entreprises de construction. Elles sont bien occupées, mais selon les échos que j’ai pu obtenir, beaucoup de ménages hésitent aujourd’hui à réaliser les travaux prévus avant la crise. Il importe donc plus que jamais que l’État comble ce vide en lançant les chantiers planifiés», termine le ministre.
David Marques
Deux voies resteront ouvertes
Le chantier pour l’élargissement de l’A3 à 2×3 voies s’annonce compliqué. «Il s’agira d’une opération à cœur ouvert», nous confiait en décembre 2017 Roland Fox, directeur des Ponts et Chaussées. «L’objectif est de garder ouvertes deux voies de chaque côté. On va utiliser la bande d’arrêt d’urgence, mais la vitesse sera limitée à 70 km/h.»
Cette façon de procéder, avec cinq lots de travaux, fera que le chantier durera au minimum cinq ans, si ce n’est plus.
Pour rappel : la troisième voie de l’A3 sera prioritairement réservée au covoiturage et aux transports publics.