La pandémie a davantage bouleversé la vie des femmes, que ce soit dans les domaines de l’emploi, du travail domestique, de la garde d’enfant ou encore de la vie sociale, révèle une étude du Liser présentée ce lundi.
Alors que la pandémie de covid a eu des répercussions importantes sur de nombreux aspects de la vie quotidienne de chacun ces deux dernières années, les femmes en ont davantage subi les conséquences. C’est ce qui ressort d’une étude commandée au Liser par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. L’objectif de cette analyse statistique était notamment d’évaluer avec précision l’impact de ces changements radicaux à travers le prisme du genre. Et les résultats, présentés hier à Esch-Belval, sont édifiants.
Les chercheurs ont ainsi pu établir que les femmes ont été plus nombreuses à perdre leur emploi durant la crise sanitaire : «La part de femmes employées ou indépendantes en juin 2020 est inférieure à celle de février 2020, alors qu’aucun changement significatif n’a été enregistré pour les hommes», rapporte Giorgia Menta, chercheuse au Liser, certains secteurs dans lesquels elles sont surreprésentées, comme l’Horeca ou le nettoyage, ayant été particulièrement sinistrés.
Par rapport à leurs collègues masculins, elles ont aussi été plus concernées par les mesures économiques et sociales mises en place par le gouvernement comme le chômage partiel ou le congé familial pour s’occuper des enfants alors que les écoles étaient fermées. «Les femmes ont beaucoup plus eu recours à ce congé exceptionnel que les hommes», note l’experte. Et malgré un salaire stable – bien que plus faible dans la plupart des cas – leurs heures de travail ont été réduites à zéro, avec des conséquences sur leur emploi du temps et leur bien-être, souligne l’étude.
«Une occasion manquée pour les hommes»
Car durant la pandémie, en plus de jongler entre vie professionnelle chamboulée et vie familiale désorganisée, les femmes ont été submergées par la garde des enfants, l’école à domicile et le travail domestique. Le Liser estime que «les inégalités préexistantes entre les sexes pourraient donc s’être aggravées en raison de la charge croissante de travail non rémunéré.»
«Le temps consacré aux tâches ménagères et à la garde d’enfants a augmenté pour les femmes comme pour les hommes durant cette période, mais pas dans les mêmes proportions», explique Giorgia Menta. «Les femmes y ont passé 55 minutes de plus par jour, contre 25 minutes seulement pour les hommes», conclut-elle, y voyant une occasion manquée pour les hommes d’accroître leur contribution au travail non rémunéré.
Enfin, le Liser révèle que les femmes se sont retrouvées plus isolées que les hommes l’an dernier : le lent retour à la normale en 2021 ne leur a pas profité, elles ont été beaucoup moins nombreuses à renouer avec les interactions et la vie sociale, ce qui «pourrait avoir des conséquences délétères sur leur santé mentale», pointent les experts.
Présente hier, la ministre Taina Bofferding voit surtout dans ces résultats alarmants une base de données pour aller plus loin : «Cet état des lieux scientifique nous montre que la pandémie risque d’anéantir certaines avancées en matière d’égalité femmes-hommes. Il s’agit d’en tirer les bonnes conclusions et de responsabiliser les différents ministères afin de mettre en œuvre des politiques plus ciblées sur les sexes», juge-t-elle.
Elle veut maintenant réunir les acteurs concernés – ministères impliqués dans la gestion de la crise, mais aussi employeurs et partenaires sociaux – pour faire en sorte que les crises futures n’accentuent plus autant les inégalités.
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