Direction de l’Immigration : le coup de la panne

Depuis une semaine, les demandes de protection internationale ne sont plus enregistrées. La raison? Une panne informatique pour la prise d’empreintes, qui «n’est pas un préalable» au dépôt d’une demande d’asile.

Depuis mardi dernier, des représentants des associations membres du Lëtzebuerger Flüchtlingsrot – Collectif Réfugiés (LFR) se donnent rendez-vous devant la direction de l’Immigration à Luxembourg-ville. Leur objectif : aller à la rencontre des demandeurs de protection internationale venus pour déposer une demande d’asile afin de les informer de l’existence d’associations à qui ils peuvent s’adresser en cas de question. Car les membres du LFR ont récolté de nombreux témoignages de «demandeurs d’asile qui se trouvent découragés, voire intimidés, de demander la protection internationale dans les locaux de la direction de l’Immigration». «Il serait désormais quotidien que des personnes échouent à obtenir une attestation de dépôt de demande de protection internationale». Et le LFR de rappeler que «la possibilité d’introduire une demande de protection internationale est un préalable essentiel à l’exercice du droit d’asile, consacré par la Convention de Genève et par l’article 18 de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne».

Mais depuis une semaine, les représentants des associations du LFR de permanence devant la direction de l’Immigration n’ont croisé aucun demandeur de protection internationale qui ressort du bâtiment public avec son «papier rose» attestant du dépôt de sa demande de protection internationale et qui ouvre droit à une prise en charge. En effet, cela fait maintenant une semaine qu’aucune (ou presque) demande de protection internationale n’a été enregistrée par la direction de l’Immigration. Une quarantaine de personnes environ seraient actuellement dans l’attente de pouvoir déposer une demande de protection internationale.

Déjà fin juin début juillet

La raison ? Il y a une panne informatique au niveau du système Eurodac qui empêche la prise des empreintes des demandeurs de protection internationale. Un membre de la direction de l’Immigration nous a confirmé officieusement que cette panne était toujours d’actualité mercredi et qu’il ne savait pas quand le système allait remarcher.

L’histoire se répète. Car cette panne n’est pas une première. Dans sa prise de position en réponse au communiqué du LFR de la semaine dernière, le ministre des Affaires étrangères et européennes, de l’Immigration et de l’Asile, Jean Asselborn, avait indiqué qu’«aucune demande de protection internationale n’a pu être enregistrée entre le 29 juin 2020 et le 9 juillet 2020 en raison de problèmes techniques liés au système « Eurodac ». Ceci a entraîné que des personnes ont dû revenir pour l’ouverture de leur demande. Pendant cet intervalle, les concernés ont néanmoins été logés et encadrés par l’Office national de l’accueil.»

«Cette prise d’empreintes n’est pas un préalable au dépôt d’une demande de protection internationale, affirme l’avocat Frank Wies, représentant d’Amnesty International au sein du LFR. Une demande peut être déposée et les empreintes peuvent être prises ultérieurement. D’ailleurs, c’est ce qui s’est passé la semaine dernière. J’ai accompagné un mineur à la direction de l’Immigration en qualité de représentant ad hoc pour qu’il dépose sa demande de protection internationale. Il a eu son papier rose attestant du dépôt de sa demande. Mais ils ne lui ont pas pris ses empreintes puisque le système est en panne. Ils lui ont alors donné un rendez-vous à une autre date pour prendre ses empreintes. La prise d’empreintes est légitime et elle permet de vérifier l’identité d’un demandeur de protection internationale et s’il n’est pas déjà enregistré dans un autre pays de l’Union européenne. Mais l’impossibilité de prendre les empreintes ne doit pas être une raison pour stopper pendant un temps toute la procédure du dépôt d’une demande de protection internationale.»

Contactée de manière officielle, la direction de l’Immigration n’avait pas encore répondu à nos questions mercredi soir.

Guillaume Chassaing