Dieschbourg encore forcée de se battre contre un moulin 

La ministre de l’Environnement est accusée d’avoir sciemment cautionné le non-respect par le «Moulin Dieschbourg» de la loi sur la gestion des déchets d’emballage. La riposte ne s’est pas fait attendre.

Convoquée d’urgence par le CSV en commission parlementaire de l’Environnement, la ministre Carole Dieschbourg (déi gréng) n’a pas réussi à calmer les ardeurs des élus de l’opposition. À la base de cette nouvelle querelle se trouve un supposé non-respect de la loi sur la gestion des déchets d’emballage. L’élément qui fait désordre est que le moulin de la famille de la ministre ne respecterait pas son obligation de reprendre les emballages utilisés. Jusqu’à présent, toutes les entreprises concernées ont décidé de confier cette mission à l’ASBL Valorlux. Il s’avère que le «Moulin Dieschbourg» ne fait pas partie des plus de 1 000 entités à profiter des services du seul organisme agréé dans ce domaine au Luxembourg.

Ce sont nos confrères du Wort qui ont sorti l’information dans leur édition de mardi. Le reproche : la ministre de l’Environnement aurait sciemment cautionné le non-respect de la loi par l’entreprise familiale. Face aux députés, Carole Dieschbourg a tenu à nier en bloc les accusations formulées. À aucun moment, elle n’aurait été mise au courant ou aurait pris connaissance de l’absence d’accord avec Valorlux. Dans les colonnes du Wort, l’ancien directeur de l’ASBL Lucien Bertemes affirme avoir signalé à deux reprises à la ministre la non-conformité du moulin. Les échanges auraient eu lieu en tout début de mandat, aux alentours de la fin de l’année 2013. Carole Dieschbourg conteste cette allégation avec force.

Au moment de son entrée au gouvernement, tous les ponts avec l’entreprise ont été coupés, a tenu à souligner, hier, la ministre de l’Environnement. De plus, l’identification des entreprises qui ne rempliraient pas les obligations légales en termes de déchets d’emballage serait une mission partagée par Valorlux et l’administration de l’Environnement. Carole Dieschbourg affirme avoir pris parole avec ses fonctionnaires pour se voir confirmer que Valorlux n’a à aucun moment signalé une non-conformité du «Moulin Dieschbourg».

Sur une liste renseignant 46 noms d’entreprises, présentée mercredi aux députés, l’entreprise gérée par les parents de Carole Dieschbourg n’est pas reprise. Néanmoins, et après avoir pris connaissance d’une demande de réaction par le Wort, la ministre a chargé l’administration de contacter le «Moulin Dieschbourg» pour mettre les choses au clair. «Il n’y a aucun traitement de faveur, d’autant plus que je ne suis plus du tout impliquée dans la gestion du moulin. Il m’importe que les procédures soient respectées», insiste la ministre.

Pour déi gréng, cette nouvelle attaque contre le cercle familial de Carole Dieschbourg servirait à freiner et décrédibiliser les efforts du gouvernement pour mettre en place sa stratégie Zéro Déchets. «Il est compréhensible que cette intention ne soit  pas cautionnée par tous les acteurs, surtout ceux qui n’ont aucun intérêt financier à voir baisser la quantité de déchets», note le député François Benoy dans un communiqué.

Les choses pourraient toutefois encore se corser pour la ministre. L’opposition parlementaire (CSV, ADR, déi Lénk, Parti pirate) évoque dans une missive, envoyée mercredi au président de la Chambre, l’existence d’une lettre signée par Valorlux et adressée à l’administration de l’Environnement pour signaler la non-conformité du «Moulin Dieschbourg». Cet écrit daterait du 21 janvier 2021. «Nous vous prions dès lors d’intervenir auprès de Madame le ministre afin qu’elle fasse parvenir, à brève échéance, une copie de cette lettre aux députés», écrivent les quatre partis à Fernand Etgen.

David Marques