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Des fleurs « made in Lux » sans pesticides


Une dizaine de producteurs luxembourgeois de fleurs ont déjà banni les pesticides ! (illustration Julien Garroy)

Des fleurs «bios» ? Oui monsieur ! Le pays veut se démarquer en devenant un des premiers producteurs de plantes cultivées sans pesticides. Une initiative louable pour l’environnement et l’économie !

Il y a deux ans, on a commencé avec une poignée de communes et de producteurs… Et maintenant, plus de 30 communes et neuf producteurs participent au projet !», se réjouit Michel Wilwert, membre de l’ASBL Emweltberodung Lëtzebuerg.

Le projet en question est un pari audacieux : bannir les pesticides des plantes et autres fleurs qui embellissent le Grand-Duché. Débuté en 2014, avec le concours de Greenpeace et natur&ëmwelt, il rejoint l’initiative «communes sans pesticides», et l’interdiction des pesticides dans l’espace public, gravé dans le marbre depuis la loi du 1er janvier 2016.

«Maintenant, on aimerait bien aller une étape plus loin, à savoir bannir la production de fleurs au moyen de pesticides», poursuit-il. Les associations sont donc en train de démarcher les producteurs pour qu’ils rejoignent ce mouvement. «Et les premiers échos sont très positifs!» Car visiblement, il n’est pas si difficile de convaincre les producteurs : «Pour eux, c’est aussi une niche économique, car la concurrence internationale est très grande, notamment celle des Pays-Bas, donc produire des fleurs sans pesticides leur offre une vraie plus-value, qui combine l’écologie et l’économie.»

«Au niveau européen, il n’y a même pas une demi-douzaine de producteurs sans pesticides. Donc le Luxembourg pourrait établir une niche ou même une expertise internationale. On le voit déjà au niveau des communes qui fonctionnent sans pesticides, elles sont sollicitées par des pays comme la France ou l’Allemagne, qui viennent voir comment on fait.»

Les excès de l’exotisme et de la monoculture

Au Luxembourg, la majorité des producteurs, soit une dizaines d’entreprises, produisent déjà leurs plantes sans pesticides. «Ils sont très motivés, il faut le dire ! Et je crois que la plupart le font vraiment par conviction.»

Une plus-value aussi pour le consommateur, qui est prêt à payer un peu plus cher pour des fleurs qui respectent l’environnement. Car si on s’inquiète avant tout des pesticides sur nos aliments, les pesticides sur nos fleurs représentent aussi une menace pour notre santé : «Les pesticides sont dans les fleurs, et deviennent nuisibles pour les insectes pollinisateurs comme les abeilles, donc pour l’écosystème. Et on ne parle pas assez du danger des fleurs qui finissent dans le compost, compost qui pollue les sols, et probablement les nappes phréatiques, même si on manque encore d’études là-dessus.»

Au fait, comment produit-on des plantes sans pesticides? «Il faut vraiment changer la façon dont on cultive les plantes. Cela commence dès le verger ou la pépinière. Cela passe notamment par l’arrêt de la monoculture, il faut mélanger les plantes, car elles se rendent service entre elles. Le parasite aura plus de mal à faire des ravages s’il ne voit pas la même plante sur des centaines de mètres!»

Cela passe aussi, évidemment, par l’utilisation de produits bios qui remplacent les pesticides. «Et enfin, cela passe par la culture de plantes plus locales, plutôt que des plantes trop exotiques qui ne sont pas adaptées à nos régions.»

Romain Van Dyck