La Fédération des artisans a fait une démonstration de force, jeudi soir, à Luxexpo à l’occasion de ses 111 ans. L’opportunité de rassembler les acteurs de l’artisanat et ses 80 000 emplois. Ambiance et attentes.
Lumières tamisées, bar central aux formes ondulées, quelques canapés et fauteuils en cuir et des hautes tables de bar disposées tout autour. Le décor est planté pour les quelque 800 personnes (peut-être plus !) qui ont fait le déplacement pour ce rendez-vous spécial. Une soirée bling-bling pour apprendre à se connaître et 40 serveurs pour serpenter à travers tout ce beau monde, y compris le Premier ministre, Xavier Bettel.
Oui, 111 ans, c’est un drôle d’âge pour être célébré en grande pompe. Pourtant, la brave dame a soufflé ses bougies entourée d’une partie du gouvernement, d’une kyrielle de députés et, surtout, de très nombreux membres de sa famille. Oui, la Fédération des artisans est une grande famille, comme le rappelait son président, Michel Reckinger, lors d’une soirée anniversaire organisée à Luxexpo au Kirchberg.
Une famille qui se veut «enthousiaste», «responsable», et «solidaire». La Fédération des artisans regroupe 500 chefs d’entreprise qui représentent une cinquantaine de métiers et qui travaillent «bénévolement» pour le compte, souvent, de leur structure faîtière. Michel Reckinger avait envie de parler des artisans, de leurs valeurs, de leur poids économique et de leur engagement à faire bouger les choses en faveur de leur entreprise. Parce que «la fédération n’est pas l’organisation des artisans luxembourgeois mais celle des artisans du Luxembourg», le président a invité les chefs d’entreprise de toutes provenances à la rejoindre, en s’exprimant très brièvement en français.
Jeudi soir, Michel Reckinger a voulu donner un petit coup de fouet aux artisans appelés à soutenir et à aider le comité de la fédération qui défend le secteur dans tous les gros dossiers politiques et qui se veut aussi être une force de propositions. «Si on ne s’occupe pas de nous-mêmes, d’autres le font à notre place», prévient ainsi le président.
Et les autres, ce sont aussi les gens à l’extérieur qui classent la fédération dans les rangs du «patronat» et qui observent de fait «une certaine méfiance» à son encontre, comme si on l’assimilait à d’autres grands acteurs anonymes de l’économie. C’est loin d’être le cas, mais les artisans demeurent des acteurs importants dans ce domaine et ils ne veulent pas être des «anonymes» dans le discours politique.
Choyer les PME
Le président a donc aussi organisé ce 111e anniversaire pour présenter aux politiques les visages de ceux qui représentent 80 000 emplois dans le pays et qui sont confrontés depuis plus d’un siècle «aux changements». Cependant, Michel Reckinger admet que la vitesse à laquelle intervient ce changement s’accélère. Le gros problème reste la main-d’œuvre qualifiée. La fédération a elle-même lancé un centre de compétences pour la formation des salariés dans le domaine des équipements techniques et des TIC.
Le président s’exprimait devant un parterre de personnalités dont faisait partie Francine Closener, secrétaire d’État à l’Économie en charge plus particulièrement des PME. Michel Reckinger lui reconnaît de grandes capacités d’écoute et apprécie de trouver toujours sa porte ouverte en cas de besoin. Ce qui est souvent le cas. Pour la formation, pour l’encadrement des entreprises et leur succession, pour les investissements et surtout pour la digitalisation, «qui joue un rôle toujours plus important dans l’artisanat», selon le président de la fédération.
La secrétaire d’État en est consciente, elle qui rappelle la création des programme Fit4Digital et Fit4Innovation, deux initiatives gérées par Luxinnovation au service des chefs d’entreprise. «Ces programmes sont encore jeunes, mais Fit4innovation a déjà permis de concrétiser 21 projets et les entreprises concernées ont réalisé presque 14 millions d’économies en frais», informe Francine Closener.
Le Pacte Pro artisanat, lancé lors de la foire d’automne il y a à peine deux semaines, vise à dynamiser davantage le secteur et regroupe tous les outils dont l’artisanat a besoin pour la promotion, la transmission des entreprises, la qualité du service et la digitalisation. Le Conseil national pour la construction durable et le cluster «Industries créatives» seront bientôt activés. Jeudi, Francine Closener a annoncé la création d’un nouveau cluster pour les entreprises du secteur bois.
Geneviève Montaigu