Déi Lénk tenait samedi son 12e congrès. L’occasion de faire le point sur la situation en Grèce qui donne un espoir à la gauche, mais aussi au référendum du 7 juin prochain au Grand-Duché, où le oui sera soutenu.
C’est à la salle communale de Schieren que déi Lenk s’est réuni samedi une bonne partie de la journée dans une ambiance bon enfant. Avec le slogan «Oui – Renforcer la démocratie», le parti affiche clairement la couleur d’une défense du droit de vote des étrangers.
C’est David Wagner, porte-parole et futur député, qui a ouvert le congrès. Ce dernier est d’abord revenu sur les récents événements en Grèce : «Alexis [Tsipras, le Premier ministre Grec,] est au pouvoir depuis trois mois, une première depuis la Première Guerre mondiale, et une première en Europe. J’espère que ce n’est qu’un début.
Mais le pouvoir est toujours aux mains d’une minorité capitaliste, ainsi qu’à Bruxelles où l’on tente de mettre à genou le gouvernement grec. Malgré une situation sociale catastrophique, la nation est tombée dans un régime de dépendance. L’État est lésé par un capitalisme financier.»
Et si la Grèce est au plus mal, le diagnostic est également sévère quand il s’agit d’en venir au Grand-Duché. «Si la Grèce a une fièvre à 41 °C, au Luxembourg, la fièvre en est à 38 ° avec les mêmes symptômes», estime David Wagner. Alors que déi Lénk s’estime comme étant le seul parti présent à la Chambre en rempart contre le libéralisme, le Premier ministre, Xavier Bettel, est appelé «le bébé Thatcher», une salve qui plaît beaucoup aux militants présents dans la salle.
Collant à l’actualité, en ce qui concerne la tragédie des migrants en mer Méditerranée, le porte-parole a dénoncé l’hypocrisie des politiques sur ce sujet : «Nous sommes coupables de toute cette misère. Il faut changer nos attitudes ou alors se retirer de telles manifestations.»
«Oui – Renforcer la démocratie»
Avec le slogan actuel «Oui – Renforcer la démocratie», déi Lénk n’a jamais caché son adhésion à un droit de vote pour les étrangers pour les élections législatives. Pour le parti, c’est une évidence : «Le pays a pu se construire sur la main-d’œuvre peu chère des Portugais. Ceux qui contribuent à la richesse du pays devraient pouvoir voter. Le salarié luxembourgeois a plus en commun avec les autres salariés étrangers que les grands patrons! Alors un grand oui pour plus de droits aux salariés», a déclaré David Wagner. Serge Urbany s’est aussi déclaré favorable à cette question : «Dans une démocratie, on ne peut exclure la moitié de la population au droit de vote, c’est dans l’intérêt de tous.»
Après être revenu brièvement sur les «affaires» Wickrange/Livange, Cargolux et le SREL, Serge Urbany n’a pas manqué d’évoquer la fin de la vie politique de Jean-Claude Juncker, du moins au Luxembourg. «Nous avons un projet de Constitution provisoire qui figurera dans une semaine sur notre site. Il sera discuté puis soumis en automne sous forme de proposition de loi», a annoncé le député.
Parmi les réformes actuelles, déi Lénk dénonce le projet de séparation de l’Église et de l’État qui, pour eux, n’est pas une vraie séparation. Concernant la fin des cours de religion, même chose : cela ne va pas assez loin, «on remplace le catéchisme par une autre idéologie», a regretté Serge Urbany.
Le député Justin Turpel s’est quant à lui concentré sur l’affaire LuxLeaks, et l’importance d’une politique fiscale à l’échelle européenne : «La pratique du ruling fait perdre des revenus aux autres pays. C’est le mécanisme d’optimisation fiscale qui est le problème. Tout ceci est légal, mais ce n’est certainement pas légitime. S’il y avait une politique fiscale au sein de l’Union européenne, le Luxembourg aurait plus d’entrées d’argent qu’actuellement», a-t-il estimé.
Audrey Somnard