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Déi Lénk : « Plus il y a d’exclus, moins il y a de démocratie »


David Wagner est un député déçu. (photo Hervé Montaigu)

Campagne «mal organisée», gouvernement «mal aimé» et marasme économique… La Gauche s’attendait à une victoire du non, mais pas de cette ampleur.

Si déi Lénk s’est « démenée », dixit son duo de députés, David Wagner et Serge Urbany, pour que le oui s’impose au référendum, il y avait dans l’air des indices contraires, notamment en ce qui concerne le vote des étrangers. « Poser cette question identitaire, symbolique et émotionnelle dans un contexte socioéconomique qui se dégrade, c’est un cocktail explosif! », explique le premier.

« La campagne a été mal organisée , renchérit le second. Il aurait fallu plus de pédagogie. Syndicats comme partis ont manqué d’engagement vis-à-vis de leurs membres .» Sans oublier l’impopularité croissante d’un gouvernement qui « n’est pas à la pointe de la démocratie ». Autant de raisons pour que le non s’impose, ce qu’avait déjà anticipé les partisans de déi Lénk, au vue de la décontraction régnant au sein de son QG. « On n’a pas cru la moindre seconde à la victoire du oui , concède volontiers David Wagner. Mais à ce point, c’est encore pire que prévu! »

« On est nettement plus surpris par l’ampleur du résultat » , confirme Serge Urbany. Les raisons? « Un rejet politique » associé à un climat délétère  : « Aujourd’hui, les politiques vendent un modèle antisolidaire, basé sur la concurrence à outrance. Dans cette doctrine, tout le monde devient l’ennemi de tout le monde. En voici malheureusement le résultat… »

« Le Luxembourg des pauvres et celui des riches »

« Triste » et « dommage », avancent encore les deux dirigeants, qui voyaient dans ce référendum un bon moyen pour le Grand-Duché de s’imposer en « pays avant-gardiste » en Europe. « Il aurait été à la pointe si les questions étaient passées », avance Serge Urbany, qui réfute clairement un résultat « rejetant les étrangers », pointant, comme David Wagner, un pays à deux vitesses. « Aujourd’hui, il y a le Luxembourg des pauvres et celui des riches, celui des étrangers et celui des natifs… » Et c’est au gouvernement de se poser de « sérieuses questions »  : « Il faut qu’il remette en cause sa ligne politique générale, notamment en ce qui concerne le démantèlement social », selon la formule choisie « plus il y a d’exclus, moins il y a de démocratie ».

Mais attention, incriminer uniquement Xavier Bettel et les siens serait une grave erreur, selon Serge Urbany. « On déplacerait la question des étrangers sur le terrain politique, alors que socialement, elle reste fondamentale pour l’avenir .» Déi Lénk mise donc sur la « poursuite des discussions » avec les citoyens et sur l’espoir… « La Suisse a voté majoritairement pour la fermeture de ses frontières » à l’immigration de masse. «Le Luxembourg en est encore loin. »

Grégory Cimatti

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