Un peu éclipsés par la crise sanitaire, les verts se disent décidés à intensifier la lutte contre le changement climatique. Le patrimoine et la… santé constituent d’autres priorités pour le parti.
Même décor, tout autre discours. À peine 24 heures après le CSV, déi gréng ont investi mardi la brasserie Mansfeld à Clausen pour présenter leur bilan parlementaire.
Le principal parti de l’opposition avait, lundi, fait part de son désarroi face à l’«arrogance» de la majorité parlementaire, qui se contenterait de suivre aveuglément les décisions du gouvernement. La riposte a été signée Josée Lorsché, la présidente de la fraction parlementaire des verts à la Chambre : «Je ne comprends pas le CSV. Chaque texte de loi qui arrive est remis en question et retravaillé. On n’est donc certainement pas des béni-oui-oui». «Mais on a au moins une chose en commun avec le CSV», lance non sans ironie Josée Lorsché, en faisant référence au choix du lieu pour le traditionnel déjeuner de fin d’année parlementaire.
Depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020, déi gréng ont été contraints de travailler dans l’ombre. «Nous avons toutefois fait avancer avec conséquence nos ressorts ministériels», souligne la cheffe de fraction. Au vu des inondations historiques, Josée Lorsché a tenu à rappeler l’importance de la lutte contre le changement climatique. «Après les inondations de 2016 et 2018 et la tornade de 2019, nous ne pouvons plus estimer qu’il s’agit de malheureux hasards. Ces phénomènes extrêmes se multiplient. On se trouve confronté à une des conséquences multiples du changement climatique», avance l’élue sudiste. Elle reprend : «Il s’agit d’une raison de plus pour faire de la lutte contre le changement climatique une priorité absolue.»
Climat : les objectifs sectoriels enfin prêts
Dans ce contexte, le groupe parlementaire n’était pas peu fier d’annoncer que les objectifs sectoriels pour le climat, pièce maîtresse de la loi climat, sont enfin définis. Les différents acteurs (industrie, construction, transports, agriculture, etc.) seront fixés dès demain sur la quantité de CO2 qu’ils devront économiser dans les années à venir. Ce texte s’est longtemps fait attendre. Des divergences au sein de la coalition ont été évoquées. Faux, ne cessent de répéter les trois partis.
La gestion de la crise sanitaire n’aurait également pas fait l’objet d’une divergence majeure : «Dès le début, nous avons accompagné le processus de manière constructive tout en nous montrant parfois plus critiques.» Cette même attitude, les élus de déi gréng comptent l’appliquer dans le dossier de la réforme du système de santé, qui va gagner en actualité cet automne. Pénurie de médecins et de soignants, gouvernance des hôpitaux, virage ambulatoire, psychiatrie, urgences, médecine environnementale : la liste des points à trancher est longue.
Pour revenir au Covid, déi gréng ne se disent pas complètement opposés à une obligation vaccinale pour le personnel de santé. «Nous misons surtout sur une information ciblée pour motiver le personnel. Mais le cas échéant, il faudra réfléchir à une obligation pour celles et ceux qui se trouvent en contact étroit avec les patients», affirme Josée Lorsché.
L’état de santé du patrimoine culturel est un dernier point sur la liste des verts. Le très complexe texte de loi devrait pouvoir être finalisé en automne. Un vote avant la fin de cette année 2021 est espéré.
David Marques
Fiscalité : «On n’est pas une fraction qui dégaine trop vite»
Le cadre fiscal a été thématisé lors des bilans parlementaires des trois partis de la coalition gouvernementale. Lundi, le DP avait exclu catégoriquement toute hausse d’impôt en cette période de crise. Le LSAP continue, lui, à plaider pour un impôt Covid et a aussi revendiqué, vendredi, des adaptations ponctuelles afin de rendre le système d’imposition plus équitable.
Interrogée sur ces positions contradictoires, Josée Lorsché est restée assez réservée : «On n’est pas une fraction qui dégaine trop vite. Nous voulons rester fair-play avec nos partenaires de coalition et évoquer ensemble ce qu’il sera possible de réaliser.» Le parti ne remet cependant pas en cause la nécessité d’une grande réforme fiscale. «Dans la situation actuelle, il n’est pas très opportun d’insister. Qui dit réforme fiscale, dit important investissement en argent. Il faudra trouver cette manne quelque part», fait remarquer Josée Lorsché.
Si aucun compromis ne se dégage avant la fin de la législature à l’automne 2023, «il faudra se rabattre sur les programmes électoraux». Le bras de fer est loin d’être fini.
D.M