La 13e édition du Safer Internet Day, journée de l’internet plus sûr, a eu lieu mardi au forum Geesseknäppchen à Luxembourg. L’occasion de faire le bilan des actions de Bee Secure.
Ateliers, jeux, discussions… Tous les moyens sont bons pour les animateurs du Safer Internet Day pour faire comprendre aux enfants que, sur la Toile, ils n’ont pas que des amis.
Pas facile de conduire et d’écrire un SMS simultanément, même dans une voiture à pédales. Cet exercice, proposé mardi par la police grand-ducale à l’occasion du Safer Internet Day, faisait partie du parcours qu’une centaine d’enfants ont effectué pour mieux comprendre les dangers de la vie digitale.
« Sur internet, c’est comme sur la route, il n’y a pas de sécurité à 100 % », annonce Éric Krier, du Service national de la jeunesse (SNJ). La route est droite, mais semée d’embûches. Les enfants n’en ont pas toujours conscience, pas plus que leurs parents, souvent démunis face aux pièges d’internet. « Le thème de cette édition est « Play your part for a better internet » , continue l’intervenant. L’objectif est que les enfants rentrent chez eux et parlent à leur famille, à leurs copains. »
Autre atelier : des vidéos sur fond vert, qui sont ensuite intégrées dans des paysages virtuels, ou encore un travail sur des comptes Instagram pour montrer que poster son image sur internet n’est pas anodin. « Des enfants sont sur internet avant leur naissance, au moment de l’échographie. Et les parents ne font pas toujours assez attention à l’utilisation de l’image de leur progéniture », regrette Éric Krier.
Un peu plus loin, un stand consacré aux drones fascine le jeune public. Il s’agit là non pas de dénoncer un danger éventuel mais de montrer que ce qui ressemble à un jouet peut aussi servir de base à l’apprentissage de la programmation. Ce deuxième «DigiRallye» sait varier les plaisirs, et maintenir l’attention des jeunes pousses.
Quinze mille enfants sensibilisés en 2015
En 2015, la mission Bee Secure a sensibilisé environ 15 000 enfants à travers tout le pays. Les formations Bee Secure sont obligatoires dans toutes les classes de 7e des écoles secondaires. Des sessions sont aussi proposées aux autres classes des écoles primaires et secondaires ainsi qu’aux parents et enseignants.
En 2016, ces derniers peuvent utiliser un support pédagogique développé spécialement. Tiré à 1 000 exemplaires mais aussi disponible en ligne au format PDF, il propose des exercices pour sécuriser les mots de passe, utiliser les antivirus et autres incontournables de la sécurité. « Cela a demandé beaucoup de travail, mais nous sommes satisfaits du résultat, qui se veut très pratique pour les enseignants », se réjouit Julie Swietlik, de la Kanner-Jugendtelefon.
En moyenne, dans l’Union européenne, 25 % des utilisateurs d’internet à des fins privées ont été confrontés l’an dernier à des problèmes de sécurité, tels que des virus, l’utilisation abusive de données personnelles, des pertes financières ou l’accès par des enfants à des sites web inappropriés, révélait lundi l’institut Eurostat.
Dans ce classement, le Luxembourg ne brille pas particulièrement, avec 31 % de ses utilisateurs d’internet concernés par de tels problèmes. Autant dire que Bee Secure a encore du pain sur la planche!
Christophe Chohin
Le racisme gagne du terrain
Sur la Toile comme ailleurs, l’actualité se propage souvent de façon contagieuse. Si les appels sur la plateforme Stopline étaient jusqu’en 2014 en grande majorité dus à de la pédopornographie (1 230 signalements dont 968 classés comme illégaux), les choses ont quelque peu changé en 2015. «De plus en plus de cas de racisme, négationnisme ou révisionnisme remontent jusqu’à nous», constate Georges Knell, de la plateforme Kanner-Jugendtelefon, qui gère la Stopline et la Helpline de Bee Secure.
L’année dernière, 309 avertissements concernant des contenus racistes ont ainsi été recensés. L’afflux de migrants en Europe et la montée de certains extrémismes ne sont sans doute pas étrangers à de tels messages. D’autant que les complotistes et autres manipulateurs aiment à utiliser les réseaux pour diffuser leurs thèses. Si ces cas sont confirmés, la police grand-ducale et le fournisseur d’accès à internet peuvent être contactés pour y mettre fin.