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Covid Check au travail : une option pour Kersch, l’OGBL doute


Dan Kersch précise que l’introduction du Covid Check sera facultative. «Mais si l’entreprise décide d’appliquer ce régime, les salariés seront obligés de le respecter», précise le ministre du Travail. (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le ministre du Travail, Dan Kersch, n’est pas opposé à l’idée d’offrir la possibilité d’introduire la formule «testé, guéri, vacciné» sur le lieu de travail. Le scepticisme domine dans le camp syndical.

Introduire le Covid Check pour assurer une plus grande sécurité sanitaire dans les entreprises ? L’idée a une première fois été évoquée la semaine dernière à la Chambre lors du débat sur la prolongation de la loi Covid. Le débat sur la question a pris de l’ampleur depuis lors. Le gouvernement n’est pas fermé à cette option, le patronat plaide pour un retour à la normale sur le lieu de travail et le camp syndical reste plutôt réservé, sans exclure d’office l’option d’introduire la formule «TGV» (testé, guéri vacciné) pour les salariés. Quelle décision sera prise en prévision du 18 octobre, date à laquelle les dispositions sanitaires en vigueur viendront à échéance?

Mercredi matin, le ministre du Travail, Dan Kersch, a pris position en marge de sa conférence de presse de rentrée (lire ci-dessous) : «Introduire le Covid Check dans les entreprises est une option si d’ici à la mi-octobre la couverture vaccinale des plus de 12 ans n’atteint pas les 85 %. Le choix sera facultatif, mais si l’entreprise décide d’appliquer ce régime, les salariés seront obligés de le respecter.» Mardi soir, 72,5 % des plus de 12 ans et 64,1 % de la population globale étaient pleinement vaccinés.

Si l’objectif vaccinal n’est pas atteint, Dan Kersch se dit prêt à inscrire le Covid Check pour entreprises dans la prochaine loi Covid, tout en renvoyant vers le cadre légal régissant la santé et la sécurité au travail. «Dans une usine, le travailleur est obligé de porter un casque, des lunettes et des chaussures de sécurité. S’il ne respecte pas cette obligation, il peut être sanctionné par un avertissement et même être suspendu. Ce même principe sera d’application si une entreprise opte pour le Covid Check», poursuit le ministre du Travail. Une décision définitive ne serait cependant pas encore prise.

«Il n’existe pas de base légale»

Dan Kersch n’a pas manqué de faire remarquer que les syndicats ne sont pas forcément favorables à l’introduction du Covid Check dans les entreprises. Interrogé par nos soins, Jean-Luc De Matteis (OGBL) confirme le scepticisme qui prévaut parmi les représentants du salariat. «Il n’existe tout simplement pas de base légale pour introduire le Covid Check. Sans cadre clair, la porte à toutes sortes de dérives est ouverte», souligne le membre du bureau exécutif de l’OGBL. Il insiste aussi sur le principe de la cogestion dans les entreprises : «Les délégations du personnel doivent avoir voix au chapitre. Sans consultation du terrain, l’intérêt d’une telle mesure serait difficilement transmissible aux salariés concernés.»

Jean-Luc De Matteis voit deux obstacles majeurs : le cadre légal et la logistique. La simple inscription du Covid Check dans la prochaine loi covid sera-t-elle suffisante, comme cela a été le cas pour le personnel de santé ? «J’en doute fortement. On touche ici au principe du respect de la vie privée. Tous les aspects en lien avec la santé sont du ressort du médecin du travail. L’employeur ne dispose pas d’un droit de regard. La protection des données est aussi en jeu», fait remarquer le syndicaliste.

Une solution serait une adaptation de l’application de contrôle du Covid Check. Actuellement, toute une série de données (test, vaccin, type du sérum administré) s’affichent lors du scan du code QR. «Il me revient que des améliorations sont envisagées à ce niveau», affirme Jean-Luc De Matteis. Une autre question essentielle sera à clarifier : le cas échéant, qui prendra en charge le coût du test que le salarié non vacciné sera obligé de réaliser ? «La neutralité des coûts doit être assurée», insiste notre interlocuteur.

L’OGBL rappelle avoir soutenu dès le départ les campagnes appelant à se faire tester et à se faire vacciner. Si le Covid Check doit devenir une réalité au travail, «il est indispensable que tous les acteurs se mettent autour d’une table pour discuter des différentes options et établir un concept qui soit réfléchi du début à la fin».

David Marques

Lenert garde aussi la porte ouverte

Également interrogée mercredi, la ministre de la Santé, Paulette Lenert, renvoie aussi tout d’abord vers l’objectif primaire d’une couverture vaccinale de 85 % de la population. «Si ce taux n’est pas atteint d’ici à la mi-octobre, il n’existe pas des centaines d’options. L’extension du Covid Check, y compris en entreprise, est possible. Il reste à savoir si ce sera une recommandation ou une généralisation du régime», avance la collègue de parti du ministre du Travail.

Michel Reckinger, le nouveau président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL), a lui plaidé, mercredi matin, sur les ondes de RTL pour une levée des restrictions. Pour concrétiser ce retour à la normale, le Covid Check serait une option viable.

Le personnel de santé est
déjà obligé de se faire tester

Les deux cas de figure ne sont pas vraiment comparables, mais ils peuvent constituer une base pour une éventuelle introduction du Covid Check dans les entreprises du pays. La loi Covid prévoit en effet que l’ensemble du personnel de santé (médecins, pharmaciens et autres professions de santé) travaillant dans un hôpital ou une structure pour personnes âgées est obligé d’effectuer trois tests rapides par semaine à l’arrivée sur le lieu de travail. Les structures sont tenues de fournir les locaux, le matériel et les instructions nécessaires à la réalisation des tests.

Les personnes pleinement vaccinées, rétablies ou disposant d’un test certifié négatif (autogénique de moins de 48 heures et PCR de moins de 72 heures) sont dispensées de l’obligation des trois tests rapides par semaine.

Aussi bien l’obligation d’effectuer ces tests que les conditions d’exemption sont inscrites dans la loi covid sans renvoi spécifique vers le code du travail. Il reste à savoir si cette même base légale sera suffisante pour étendre l’outil à l’ensemble des entreprises.