À trois jours de l’instauration du Covid Check sur le lieu de travail, les entreprises du pays se préparent, redoutant une vague d’absentéisme au sein d’effectifs déjà clairsemés.
À partir de samedi et jusqu’au 28 février – si la mesure n’est pas prolongée d’ici là – le Covid Check version 3G (vacciné, rétabli ou testé) devient obligatoire sur le lieu de travail. Un coup dur pour les entreprises alors que 16 500 infections actives sont actuellement dénombrées et que quarantaines et isolements se multiplient.
Dans ce contexte tendu, le déploiement du Covid Check pourrait bien alourdir les problèmes d’organisation au sein d’équipes déjà affaiblies.
Les syndicats ont bien tenté de s’opposer, mais les «négociations» ont tourné court, le gouvernement ayant opté pour le passage en force. À peine ont-ils pu grappiller quelques clarifications et la garantie que le Covid Check ne constitue pas un motif de licenciement.
Dans les entreprises, c’est donc la dernière ligne droite pour mettre en place les modalités de contrôle et régler les ultimes détails pratiques. Chez Post Luxembourg, premier employeur privé du Luxembourg avec près de 4 700 collaborateurs, c’est peu dire que le service des ressources humaines est mis à rude épreuve : «Au sein de notre cellule spéciale pandémie qui compte six personnes, deux sont maintenant exclusivement dédiées au Covid Check», indique son directeur, Claude Olinger.
«Nous avons proposé aux collaborateurs vaccinés ou rétablis de s’inscrire sur une liste que nous certifions, leur permettant d’éviter le contrôle quotidien.» Les autres devront présenter leur justificatif à une «personne désignée» dans leur service.
Au-delà de l’investissement nécessaire et du travail supplémentaire, c’est avant tout l’absentéisme qui inquiète : «La vague nationale de cas positifs ne nous épargne pas, nous faisons face à une recrudescence des absences. On espère juste que l’instauration du Covid Check n’aggravera pas la situation», confie le DRH, qui attend la bonne collaboration des salariés.
«Il y a un risque de désorganisation»
Du côté des petites et moyennes entreprises, des questions subsistent à la veille de l’application des nouvelles règles et l’OGBL est fortement mobilisé : «Il y a des patrons qui ont encore des interrogations et se sentent parfois isolés», constate Jean-Luc De Matteis, secrétaire central du syndicat Bâtiment. Et chacun s’organise comme il peut pour se mettre en règle :
«Certains employeurs font le choix de passer par leur système de badge d’accès pour assurer le contrôle, en validant une fois pour toutes l’entrée des collaborateurs vaccinés, d’autres ont investi dans un lecteur de QR code automatisé installé directement à la porte des locaux», détaille le secrétaire, qui se dit confiant pour la suite.
Mais pour l’UEL, la période, déjà compliquée, s’annonce bien plus critique : «Il y a un véritable risque de désorganisation, sans compter que la loi reste très générale et ne prévoit rien pour les cas particuliers», regrette Jean-Paul Olinger qui pointe lui aussi la menace de l’absentéisme, en particulier dans les secteurs où le télétravail est exclu, comme la construction ou le transport.
«On ne peut qu’espérer que les employés qui ne seront pas en règle ne recourent pas à des arrêts maladie de complaisance», soupire le directeur, «même si, en réalité, la très grande majorité de la population active est vaccinée», nuance-t-il.
Un flot d’arrêts de travail abusifs ?
Difficile de savoir combien de collaborateurs exactement se retrouveront hors des clous, tant que la mesure n’est pas entrée en vigueur, mais le principal syndicat de la fonction publique ne cache pas son embarras : «Nous avons surtout des inquiétudes sur la façon dont tout ça va se dérouler, parce que de nombreuses personnes ne sont pas d’accord avec le Covid Check au travail», confie Romain Wolff, président de la CGFP, qui indique avoir sollicité le ministère à propos de cas précis, sans réponse pour le moment.
Première à avoir tiré la sonnette d’alarme début décembre, la Fédération des artisans, qui représente 7 000 entreprises et 90 000 travailleurs, s’attend au pire alors que des centaines de ses membres s’alarment face à des salariés annonçant leur intention de «se mettre en arrêt» durant un mois et demi.
Tandis que la loi prévoit, comme ultime sanction, la dispense de travail avec perte de rémunération à la clé, les employés concernés semblent bien décidés à la contourner. Pour autant, la CNS nous a précisé qu’aucun renforcement des contrôles n’est actuellement prévu.
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Aucun DR sérieux n’écrit 1 certificat de maladie faux aux antivax ! Et les patrons peuvent faire controler leurs « malades » par la cns !