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Cour grand-ducale : réformer pour mieux régner


C'est tout le processus de recrutement qui est à revoir et selon les recommandations de Jeannot Waringo, la Grande-Duchesse n'a aucun rôle à y jouer. (illustration Julien Garroy)

Le rapport Waringo met clairement en cause le rôle de la Grande-Duchesse dans le fonctionnement de la Cour et aborde l’ambiance délétère qui y règne. Il prône une réforme pour moderniser la monarchie.

Une réforme du fonctionnement de la monarchie s’impose, autant que la clarification du rôle de la Grande-Duchesse. Encore que Jeannot Waringo soit plus direct en ce qui concerne Maria Teresa : «Je voudrais dire très honnêtement et au risque d’être mal compris que dans la chaîne décisionnelle du Palais, et surtout dans le domaine de la gestion du personnel, le rôle de la Grande-Duchesse qui exerce une fonction purement représentative ne devrait pas être un sujet de discussion.»

Et pourtant, c’est elle qui prend les décisions les plus importantes «dans le domaine de la gestion du personnel que ce soit au niveau du recrutement, de l’affectation aux différents services ou encore au niveau du licenciement», relève le représentant spécial du Premier ministre auprès de la Cour grand-ducale. «Il faut réformer le fonctionnement de notre monarchie sur ce point essentiel. Il n’y a, à mon avis, pas d’autre solution», écrit Jeannot Waringo.

Établir un organigramme officiel

C’est tout le processus de recrutement qui est à revoir et selon les recommandations de Jeannot Waringo, la Grande-Duchesse n’a aucun rôle à y jouer. «Étant donné que les rémunérations de l’ensemble du personnel officiel de la Maison du Grand-Duc sont à charge de l’État, je suis d’avis que tous les projets de recrutement et de licenciement, devraient être soumis à l’accord préalable du Premier ministre», ajoute-t-il.

L’auteur du rapport suggère également de mettre en place un organigramme qui fait actuellement défaut de manière officielle. La règle, selon un projet d’organigramme datant de 2015 et qui semble être en vigueur, place le Grand-Duc et la Grande-Duchesse à la tête de cet organigramme de la Cour. Jeannot Waringo fait observer que la Constitution ne prévoit pas de fonctions officielles pour l’épouse du Grand-Duc. «Dès lors, c’est le Grand-Duc, chef de l’État, qui devrait seul figurer dans l’organigramme de la Cour.»

C’est essentiellement le maréchal de la Cour qui doit être en charge de toutes les fonctions officielles de la Cour. Et pour l’épauler, il faudrait réintroduire la fonction de commissaire à la Cour disparu après le départ à la retraite de son dernier représentant. En revanche, la Cour pourrait faire l’économie d’un manager général, poste occupé actuellement par David Grieu qui étale «une liste impressionnante de missions qui touchent quasiment à tous les domaines d’activités de la Cour» et qui au sein du fonctionnement de la Cour font surtout double emploi. «Il ne serait probablement pas dénué de sens de réfléchir sur la suppression de ce poste», conclut Jeannot Waringo estimant que le job ne répondait pas «à un besoin réel de l’administration du Palais».

Cinquante et un départs sur cinq ans

Il était de notoriété publique que le nombre de départs à la Cour était impressionnant. L’auteur du rapport confirme l’ampleur du phénomène en précisant que 51 personnes ont quitté leur poste auprès de la Cour grand-ducale ces cinq dernières années sur un total de 110 personnes employées à la Cour. Ce chiffre ne prend pas en compte les 17 départs à la retraite.

Jeannot Waringo ne s’étend pas sur les raisons de ces départs, mais il a discuté avec des personnes qui ont quitté leur emploi et il avoue que ces entretiens «n’ont pas manqué de faire entrer progressivement des sentiments de désarroi dans ma façon de concevoir les relations humaines, qu’elles soient professionnelles ou privées».

Il témoigne des premiers jours passés au Palais dans le cadre de sa mission durant lesquels il a bien senti «une certaine anxiété auprès des collaborateurs, comme l’anxiété d’être réprimandé ou de perdre leur emploi (…), une certaine peur du blâme, sans que les collaborateurs aient eu besoin d’exprimer ouvertement leurs sentiments».

L’ambiance délétère qui règne à la Cour nuit au bon fonctionnement de l’institution. «Il faut que les collaborateurs se sentent de nouveau à l’aise, qu’ils n’aient plus peur d’être réaffectés à un autre poste ou d’être licenciés», écrit Jeannot Waringo.

Il espère fortement que ses suggestions alimentent le débat sur la modernisation des modalités de fonctionnement de la monarchie.

Geneviève Montaigu

Plus de transparence budgétaire

Jeannot Waringo suggère de regrouper dans une même section du budget de l’État les dépenses de la Maison du Grand-Duc. L’exemple belge serait le plus inspirant. Le total des dépenses, selon des estimations que l’auteur du rapport a effectué sur la base des dépenses de la période 2015-2019, le budget actuel s’élèverait à un total de 14,3 millions d’euros.

Il a par ailleurs observé que la Cour profitait toujours de la gratuité des services postaux et de télécommunications qui avait été abolie il y a pourtant une vingtaine d’années. En ce qui concerne Post Telecom, le montant total des prestations (tous les abonnements et services confondus) se situe dans une fourchette de 550 000 à 600 000 euros par an. «Étant donné qu’il s’agit en l’occurrence d’une perte de recettes importante pour l’entreprise des P&T, il serait certainement indiqué que la direction de l’entreprise procède à une réflexion sur la question du maintien ou non de ce geste en faveur de la Cour grand-ducale», conclut Jeannot Waringo.

D’une manière générale, il prône une plus grande distinction entre les dépenses publiques et privées de la Maison du Grand-Duc.

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