Coronavirus au Luxembourg : les contaminations ralentissent fortement lundi

La ministre de la Santé, Paulette Lenert, a fait un point ce lundi sur les derniers chiffres liés à l’épidémie de coronavirus au Luxembourg. Mais également sur la réorganisation du secteur de la santé.

Le bilan, lundi à 15 h, est de 1 988 cas confirmés (+38 par rapport à dimanche) et 22 décès (+1). On peut donc noter un très net ralentissement des nouvelles contaminations sur le sol luxembourgeois en 24 heures. Par ailleurs, 202 personnes sont actuellement hospitalisées, dont 31 en soins intensifs, a détaillé la ministre en livrant aussi une bonne nouvelle : 80 malades ont pu quitter l’hôpital et rentrer chez eux.

Sur les 22 décès déplorés, 11 sont survenus à l’hôpital, 10 en maisons de retraite et de soins, 1 à domicile.

Enfin, en ce qui concerne les données chiffrées, 16 199 tests Covid-19 ont été effectués à ce jour (+308 par rapport à samedi, où le total s’élevait à 15 891). Ces dépistages sont de moindre ampleur le week-end qu’en semaine, note toutefois Paulette Lenert.

La ministre a ensuite insisté sur «un défi important à relever», à savoir la réorganisation du secteur de la santé. «Ce n’est pas possible de faire autrement», argue-t-elle, ne minimisant pour autant pas «l’impact sur les habitudes des personnes». Les besoins dédiés au Covid-19 vont en effet aller croissant au cours des prochaines semaines et tous les acteurs de la santé doivent être mobilisés.

«Personne ne sera laissé sur le carreau»

L’objectif prioritaire dans cette restructuration, précise Paulette Lenert, reste d’assurer les traitements essentiels à la vie des citoyens. «Tout ce qui n’est pas absolument nécessaire est reporté, ça ne veut pas dire qu’il ne se passe plus rien. […] Le quotidien ne s’arrête pas.» La ministre a conscience de «l’énorme flexibilité» demandée, y compris pour les patients «qui doivent comprendre qu’on fonctionne différemment par rapport à d’habitude». Les autorités tiennent à l’assurer : «Personne ne sera laissé sur le carreau.»

Pour cela, une «gestion centrale», de concert avec tous les acteurs impliqués, est mise en place. Ceci pour «n’abandonner personne». Ainsi, pour le patient, la téléconsultation médicale est «le principe qui prime». Il s’agit d’une «fonction filtre, pour éviter que les gens ne bougent de trop» et prennent des risques en sortant. La ministre a également rappelé la présence des quatre centres de soins avancés (CSA) déployés dans le pays (Luxexpo, Esch-Belval, Ettelbruck et Grevenmacher) pour dépister, prendre en charge et orienter les cas suspects potentiellement positifs au Covid-19. L’isolement à domicile demeure la règle privilégiée dans les cas légers, afin de ne pas engorger les établissements hospitaliers.

Un système de «lignes de garde» est également mis en place, par le biais de listes séparées dédiées aux téléconsultations dans diverses spécialités (une vingtaine, dont les médecins-dentistes). En cas de besoin, des visites à domicile peuvent être réalisées par ce contingent de médecins. La ministre de la Santé précise toutefois qu’il ne sera pas possible d’être dans tous les cas pris en charge par son médecin traitant.

«Ne renoncez pas à une consultation par peur du Covid-19»

La coordination nationale du secteur médical sera assurée par le Dr Alain Schmit, président de l’Association des médecins et médecins-dentistes (AMMD). Il sera intégré à la cellule de crise et sera en contact étroit avec les coordinateur sectoriels pour les hôpitaux, les soins primaires et les maisons de soins.

Le Dr Schmit lance d’emblée un message à toutes les personnes se sentant mal : «Ne renoncez pas à une consultation par peur du Covid-19. Il faut éviter une aggravation de l’état de santé en raison d’une non-consultation. Les mesures de précaution nécessaires sont prises.»

L’ensemble du personnel des soins est désormais équipé du matériel de protection nécessaire. «On a procédé à une importante distribution la semaine écoulée. En cas de besoins supplémentaires, les acteurs du terrain doivent nous contacter», indique Paulette Lenert.

Une réquisition, y compris de la France, reste possible

Comme annoncé dès vendredi, le personnel de santé (en tout 20 catégories, y compris les indépendants) peut, sur base volontaire, contracter un CDD auprès de l’État pour la période de crise. «Ces contrats constituent un double avantage. Le personnel en question obtient une assurance sur le plan du revenu et nous avons l’assurance de pouvoir compter sur eux», note Paulette Lenert. Pour l’instant, la coopération sur le terrain serait à la hauteur des besoins, mais la ministre de la Santé n’exclut pas de recourir à une réquisition du personnel de santé.

Dans ce même contexte, la ministre ne peut toujours pas exclure que les pays voisins du Luxembourg, et plus particulièrement la France, décrètent une réquisition de son personnel de santé, y compris ceux travaillant au Grand-Duché. «Je ne peux pas estimer le danger, mais on sait que les préparatifs allant dans ce sens sont en cours. Cela est aussi normal au vu des défis auxquels doit faire face le système de santé», note Paulette Lenert. Un appel pour constituer une réserve nationale au Luxembourg avait été lancé la semaine dernière. Plus de 8 100 professionnels de santé sont inscrits sur le site govjobs.etat.lu.

Une ordonnance pour les maisons de retraites et de soins

Une ligne de garde fonctionne spécialement pour les maisons de retraite et de soins, 24 h/24 et 7 j/7. Concernant ces dernières, une ordonnance a été édictée et «interdit» à tout membre du personnel de se rendre au travail s’il tombe malade et/ou présente des symptômes du coronavirus. Il doit en outre se faire dépister. Cette ordonnance, «ce n’est pas une recommandation», a martelé la ministre.

Autre mesure actée, prise en accord avec le ministère de la Sécurité sociale : une tarification horaire unique durant la crise, différente donc de la nomenclature habituelle. Cette procédure simplifiée permet «une prévisibilité sur les revenus sans générer de décomptes trop compliqués», souligne Paulette Lenert.

LQ