Accueil | Politique-Société | Certificat de langue : un précieux sésame pour les réfugiés au Luxembourg

Certificat de langue : un précieux sésame pour les réfugiés au Luxembourg


Ingénieurs, médecins, femmes au foyer... leur point commun: avoir reçu hier leur certification de participation aux cours de langue de l'ASTI. (Photo : Hervé Montaigu)

Cérémonie intime, entre eux, avec jus de fruit, café, thé et petits gâteaux. Mercredi, 161 réfugiés recevaient à l’ASTI leur certificat de participation aux cours de langue. Le début de l’intégration.

Ils affichent un peu tous les profils, de l’ingénieur au jeune déscolarisé en passant par la kiné et la femme au foyer. Tous ont suivi les cours de langue, la plupart ont commencé par l’apprentissage de l’alphabet latin. Toute une histoire. Certains avancent avec un sourire qui signale à toute l’assistance combien ils sont heureux d’avoir franchi un cap. Les 161 élèves, tous réfugiés, qui ont reçu hier leur certification de participation aux cours de langue de l’ASTI se sont entassés dans la petite salle de l’association à Eich pour tenir entre leurs mains ce papier qui, pour certains, représente la toute première attestation d’une quelconque scolarité. D’autres ont déjà des diplômes mais ne connaissaient aucune des trois langues usitées au Grand-Duché.

Mercredi, au siège de l’ASTI, ceux qui ont obtenu leur certification d’alphabétisation en latin croisaient ceux qui repartaient avec un niveau B1 en français. «Nous avons de tout, des ingénieurs, des médecins, des femmes au foyer», témoigne Fernand Speltz, un des 47 bénévoles qui sont intervenus dans le projet Ma’an Ensemble Zesummen initié par l’ASTI et financé par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte.

«Certains ne savent même pas écrire l’arabe car ils n’ont jamais été à l’école», explique Betty Dupont, une autre bénévole qui a également donné des cours d’alphabétisation en latin. «C’est très difficile pour eux, ils ont du mal avec les voyelles et il est quasiment impossible de leur faire prononcer correctement un « u », il faut des heures pour ça», poursuit Fernand Speltz, qui leur reconnaît beaucoup de mérite.

Sans compter qu’ils lisent de droite à gauche, donc l’entreprise est d’autant plus ardue pour eux. Mais ils en veulent. Ils persévèrent dans leur volonté de s’intégrer le mieux possible dans cette société qu’ils découvrent et qui jongle avec les langues. «Parfois, pendant la pause au milieu d’un cours, des jeunes femmes érythréennes viennent me chercher en m’attrapant par le bras pour me conduire au tableau et là elles me demandent de leur faire répéter encore», raconte l’enseignant bénévole.

Facile pour les enfants

Et ce n’est pas tout. Une famille syrienne installée à Bech-Kleinmacher lui a demandé s’il pouvait passer chez eux pendant le mois d’août pour faire la conversation. «Je vais une fois par semaine à Mondorf pour faire mon sport, alors je me suis dit que je pouvais pousser jusqu’à Bech-Kleinmacher pour faire la causette car je veux également profiter de mes petits-enfants pendant les vacances. Mais je n’ai pas pu refuser!», poursuit l’enseignant bénévole.

Mercredi, après avoir reçu leur certificat, ils ont tous suivi le conseil de la présidente de l’ASTI, Laura Zuccoli, qui les invitait à s’inscrire tout de suite pour les cours qui débutent à la rentrée prochaine, «sinon ce ne sera plus avant le 6 septembre et il y aura déjà du monde inscrit dans les cours», prévient-elle.

C’était donc la cohue dans le petit couloir qui mène à la salle des inscriptions. Adossé contre le mur, son certificat dans les mains, Mohammad, 34 ans, était professeur de langue arabe en Syrie. Il est arrivé en septembre 2015 au Grand-Duché et réside aujourd’hui dans un appartement à Merl. «Je viens de passer le niveau B1», annonce-t-il en affichant sa satisfaction, car il a dû recommencer ce cours pour enfin décrocher ce diplôme reconnu, lui, par le ministère de l’Éducation nationale contrairement au cours d’alphabétisation en latin. Il se débrouille déjà dans les magasins et il est ravi d’avoir retrouvé les siens il y a 7 mois, à la faveur d’un regroupement familial. «Mes deux filles ont 2 et 3 ans et elles iront à l’école ici», précise-t-il en les enviant de pouvoir être initiées à plusieurs langues dès leur jeune âge.

«Pour les enfants, ça rentre comme dans du beurre!», témoigne Fernand Speltz en ajoutant que le gouvernement avait «raison d’introduire le multilinguisme dans les crèches», car cela ne peut être «qu’une formule gagnante». Mercredi, les réfugiés réunis à l’ASTI ont offert une multitude de profils mais tous ont montré leur détermination d’aller de l’avant et de poursuivre leur intégration en commençant par les langues.

Geneviève Montaigu

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.