Vendredi dernier, la direction de Cargolux et l’OGBL avaient annoncé avoir trouvé un accord de principe sur la nouvelle convention collective. Mais pour le LCGB, la politique sécuritaire au sein de Cargolux pose problème.
Patrick Dury, président du LCGB, ne se lassait pas, hier, de répéter que l’accord de vendredi dernier n’avait «rien à voir avec la culture sécuritaire» au sein de Cargolux. Pour rappel : ce jour-là, la direction de la compagnie de fret aérien et l’OGBL avaient annoncé un accord de principe sur la nouvelle convention collective qui devrait être signée le 16 septembre.
Cette nouvelle était apparue un jour après que le LCGB eût retardé trois avions de Cargolux sur le tarmac de l’aéroport du Findel. Cette «action d’avertissement» était destinée à pousser la compagnie de fret aérien à revoir sa politique sécuritaire. Le syndicat critiquait notamment la gérance de l’incident dit du «wing-wave» de Seattle, où un avion Cargolux avait failli s’écraser lors d’une manœuvre hasardeuse, mais qui serait resté sans suite pour les pilotes de l’avion, tandis qu’au même moment, plusieurs de leurs collègues auraient été licenciés pour absentéisme. L’épisode de l’espionnage de pilotes révélé plus tard a aussi pesé sur les relations.
La réaction de la direction de Cargolux ne s’était toutefois pas fait attendre : par communiqué, elle dénonçait une action «illégale» et annonçait avoir l’intention de réclamer des dommages et intérêts. Le tribunal a d’ailleurs assigné Patrick Dury, président du LCGB, et l’Association luxembourgeoise des pilotes de ligne (ALPL) à comparaître devant la justice. L’OGBL avait également condamné l’action : devant la presse, Hubert Hollerich avait déclaré que son syndicat se trouvait «en pleine négociation en vue d’une nouvelle convention collective».
«On acceptera ce qui est en faveur des salariés»
Patrick Dury n’a donc pas tenu à commenter l’accord de principe trouvé sans lui vendredi dernier. S’il a qualifié ce procédé d’«inacceptable», et a signalé sa disposition à soutenir tout ce qui, dans l’accord, serait «en faveur des salariés», pour le reste, il attendrait l’évaluation en interne de l’accord trouvé, mais a déjà fait savoir que le LCGB continuerait sa «démarche» – fort du soutien des pilotes parmi lesquels le syndicat est majoritaire. Pour l’instant, Patrick Dury a dit «ne rien écarter. Mais si demain nous devions signer cet accord, le problème restera toujours le même.»
Comme l’a expliqué encore une fois Dirk Becker, secrétaire exécutif de l’ALPL, «la peur et la méfiance des pilotes» vis-à-vis de la direction de Cargolux les feraient réfléchir à deux fois avant de prendre un congé de maladie. Ce qui pourrait inciter certains à prendre les commandes d’un avion malgré les consignes de sécurité internationales qui exigent d’un pilote qui se sent mal à l’aise de ne pas voler : «La confiance des pilotes en la direction est à peu près complètement ébranlée», a-t-il estimé.
Frédéric Braun
Les pilotes, si ils ne se sentent pas comfortable chez Cargolux, ils peuvent demissioner, non?