Le rapporteur Dan Biancalana est venu lancer, mardi, le débat-marathon sur le budget de l’État pour l’année 2022. La sécurité existentielle figure au centre de son analyse des chiffres clés.
La crise sanitaire est venue nous démontrer combien il est important de pouvoir compter sur un État-providence fort. Avec la perspective d’une relance postcovid et d’une normalisation progressive, il importe de ne pas oublier certaines catégories de la population. La sécurité existentielle de tout citoyen doit être garantie, indépendamment de son âge ou de sa situation socioéconomique.»
Ces mots, Dan Biancalana (LSAP) les avait formulés le 18 octobre dernier dans les colonnes du Quotidien. Quelques jours auparavant, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, avait déposé le projet de budget de l’État pour 2022. Hier, le député-maire de Dudelange est venu présenter son rapport et donc son analyse des chiffres clés des dépenses et recettes que la main publique compte investir et générer l’année prochaine.
La main publique doit être pour Dan Biancalana une «main visible» : «Un État-providence fort, qui prend le relais en cas d’imprévu dans la vie, n’aide pas seulement la personne concernée. L’assurance que l’État-providence est là pour nous tous, contribue à renforcer la société dans son ensemble.» Dans ce contexte, le rapporteur du budget constate que les dépenses pour les prestations sociales monétaires ont diminué de 332 millions d’euros courant 2021. «Le filet social généreux dont dispose le Luxembourg a donc été moins mis à contribution, ce qui constitue un bon signe pour l’avenir», estime Dan Biancalana.
Les importantes mesures d’aide débloquées par l’État pour anéantir l’impact économique et social de la crise sanitaire (chômage partiel, congé spécial pour raisons familiales, etc.) auraient permis que les inégalités sociales ne se soient pas creusées davantage. «Ces mesures se sont avérées payantes pour le maintien de la cohésion sociale dans notre pays. Or nous savons que ces inégalités nous mettent en face d’importants défis qui sont à relever», reprend Dan Biancalana. Partant de ce constat, le rapporteur insiste sur le fait que «la lutte contre les inégalités n’est pas une fin en soi. Il s’agit d’un instrument pour conserver une société dans laquelle priment des valeurs communes et non pas le repli sur soi».
Le risque de pauvreté qui ne cesse d’augmenter, les prix du logement qui continuent à exploser et, plus récemment, le retour d’une «inflation inquiétante» viennent menacer la cohésion sociale mise en avant par Dan Biancalana. Dans son rapport, il soumet toute une série de propositions qui vont au-delà du projet de budget 2022 (lire également ci-contre). Le député socialiste plaide ainsi pour une révision des barèmes afin de donner à un plus grand nombre de ménages l’opportunité de profiter de l’allocation de vie chère. En outre, le rapporteur veut que l’Entente des offices sociaux soit dotée d’un budget afin d’améliorer la prise en charge de personnes en difficulté. S’y ajoutent les revendications d’assurer un meilleur suivi médical et thérapeutique des sans-abri ainsi que l’élargissement de la «Wanteraktioun», cette infrastructure qui offre un refuge pendant les mois de l’hiver.
Dans le domaine du logement, Dan Biancalana souhaite que les acteurs sociaux soient davantage soutenus dans la réalisation de logements abordables. Les logements sociaux doivent, eux, être mieux adaptés aux besoins des personnes concernées. «La coopération rapprochée entre promoteurs publics et privés est également une piste intéressante», estime le rapporteur.
«Le projet de budget pour 2022 regarde vers l’avant. Nous investissons de manière renforcée dans les citoyens, nous mettons un accent particulier sur la cohésion sociale et préparons l’avenir du pays», résume Dan Biancalana.
Aujourd’hui et demain auront lieu les débats sur le dernier budget présenté par le ministre Pierre Gramegna. Le vote est à prévoir pour demain, en fin de matinée.
David Marques
Les propositions du rapporteur
allant au-delà du budget 2022
CRIMINALITÉ Il est proposé au gouvernement de réaliser un bilan de sécurité périodique. Dan Biancalana cite l’exemple de l’Allemagne où, depuis 2001, un tel rapport réunit un état des lieux et une analyse plus approfondie des tendances qui sont à déceler sur le front de la lutte contre la criminalité.
POLICE Dan Biancalana souligne le besoin de déployer plus de patrouilles à pied en zone urbaine. Dans ce contexte est salué l’important programme de recrutement lancé par le gouvernement.
TOXICOMANIE Le rapporteur lance un appel à améliorer davantage la coopération entre les services sociaux conventionnés pour assurer un meilleur suivi psychosocial des toxicomanes.
LGBTI Un soutien explicite est accordé à l’annonce de qualifier les attaques contre la communauté LGBTI comme circonstance aggravante lorsqu’un crime de haine est commis.
ENFANTS Trois propositions se retrouvent dans le rapport : l’accompagnement du médecin scolaire par un psychologue, la réalisation d’un inventaire des services s’engageant pour la santé mentale et la thématisation, à l’école, des maladies mentales.