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Bananes Fairtrade : objectif 50 %


Faitrade Luxembourg a décidé de mettre les bouchées doubles pour faire de l'achat de bananes issues du commerce équitable une évidence chez les consommateurs. (Photo: Gerry Schmit)

Fairtrade attire l’attention sur la situation des producteurs de bananes d’Amérique latine, victimes du récent ouragan Irma et du phénomène El Niño.

Une banane sur trois vendue aujourd’hui au Luxembourg est Fairtrade bio.

La cabine de l’ascenseur du Pfaffenthal vient d’atteindre son sommet, les portes s’ouvrent et trois jeunes en costume banane surprennent les gens en dansant… C’est ainsi que Fairtrade Luxembourg compte promouvoir ces jours-ci la banane bio Fairtrade.

La campagne «Make bananas fair» organisée du 24 septembre au 8 octobre consiste, d’une part, à marquer le seuil des 30 % de bananes bios Fairtrade vendues entretemps par les surfaces commerciales au Luxembourg et, d’autre part, à signaler le souhait de Fairtrade Luxembourg d’arriver à 50 % en 2020.

L’initiative est d’autant plus louable que les producteurs d’Amérique latine, et notamment ceux au Pérou ou encore en République dominicaine ont dû faire face ces derniers mois à une perte d’environ 30 % de leur récolte à la suite des désastres causés par l’ouragan Irma. Le phénomène climatique El Niño n’a pas épargné non plus la zone productrice du nord du Pérou (lire par ailleurs). Or c’est ici que se trouve une grande partie des plantations de bananes bios Faitrade – plantations, la plupart du temps gérées par des coopératives dont dépend aussi, pour une large partie, la prise en charge des producteurs touchés par les intempéries, la contribution de l’État demeurant la plupart du temps appréciable.

Soutenir les producteurs de bananes

Néanmoins, le succès de la banane bio Fairtrade va croissant depuis un certain nombre d’années, grâce en partie à des campagnes de sensibilisation initiées par l’ONG, qui a notamment organisé des voyages dans les pays producteurs avec des personnalités issues du monde du commerce ou de la politique, et qui en sont revenus plus conscients de la nécessité de soutenir la banane bio Fairtrade, parfois même (pour ce qui est de certains commerces) en choisissant de vendre du bio Fairtrade de manière exclusive.

Ces «engagements réels» prouvent aux yeux de Jean-Louis Zeien, président de Fairtrade Luxembourg, la myopie de ceux qui avaient promis à la banane bio Fairtrade une existence de «niche» sur le marché luxembourgeois. Voilà pourquoi soutenir aujourd’hui les producteurs, a fortiori après les destructions causées par El Niño et Irma, est une manière d’afficher «notre solidarité» avec eux, comme le précise Jean-Louis Zeien, qui voit une cruelle «ironie de l’histoire» dans le fait que les vaillants producteurs bios Fairtrade sont aujourd’hui les plus touchés par les intempéries et par conséquent les plus dépendants des réserves des coopératives qui leur permettent de surmonter cette dure épreuve.

Frédéric Braun

Des calamités en série

Les producteurs de bananes Faitrade ont été durement frappés par les différents phénomènes climatiques. En mars dernier, El Niño a dévasté le nord du Pérou et plus principalement la région de Piura où se trouve une grande partie des plantations de bananes bios Fairtrade.

Pendant de longues semaines, les champs sont restés inondés, ce qui a entraîné l’apparition de parasites. Beaucoup de bananiers n’ont pas survécu à cette situation, ce qui a représenté un grand manque à gagner pour les petits producteurs. En plus des bananiers à protéger, des digues à reconstruire, des stations de lavage à restaurer, les familles de producteurs ont dû également réaménager leur logement et replanter les fruits et légumes dans leur jardins.

En septembre, l’ouragan Irma s’est déchaîné au-dessus de plusieurs pays, dont Cuba et la République dominicaine. À côté des producteurs de sucre et de cacao qui ont été fortement touchés, 30 % de la production de bananes Fairtrade provenant de la République dominicaine a été entièrement détruite. Ce qui représente 4 000 hectares de champs de bananes. En tout, 30 organisations de petits producteurs et 20 plantations sont affectées par cette catastrophe.