Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Le plus puissant parc éolien du Luxembourg a été inauguré mardi près de Wincrange. Il produit à lui seul 20% de l’énergie éolienne au Luxembourg.
Sept éoliennes blanches se dressent élégamment sur les hauteurs du canton de Clervaux à deux kilomètres à vol d’oiseau de la frontière belge. Leurs longues pales tournent au rythme du vent dans un ciel gris sale au-dessus de Wincrange. Jusqu’ici, ce sont des éoliennes tout ce qu’il y a de plus normales, comme on en voit de plus en plus au Luxembourg et en Europe. Pourtant, elles constituent le parc éolien le plus puissant du pays avec une puissance totale de 23,1 mégawatts.
Il s’étend de part et d’autre de Derenbach et de la N12 où un parc éolien avait été implanté en 1999, en deux groupes distincts. L’un étant composé de quatre éoliennes à proximité de Schimpach et l’autre de trois entre Hamiville, Allerborn et Brachtenbach. Dans l’extrême nord du Grand-Duché, elles sont visibles de partout à la ronde. Ces dernières années, le gouvernement a beaucoup investi dans l’installation de parcs éoliens, grâce notamment au précédent ministre de l’Environnement, Camille Gira. Entre 2016 et 2017, toute une série d’éoliennes ont été érigées au Luxembourg. Le parc d’éoliennes du pays passe de 70 à 77 unités grâce aux éoliennes de Wincrange. Elles permettront d’injecter 50 GWh (gigawatts par heure au réseau par an, soit 20 % de l’énergie produite de cette manière en 2018). Une quantité qui correspond à l’alimentation de 30 000 personnes.
La production nationale d’énergie verte passe donc de 255 GW par heure en 2018 à 314 GW par heure ce qui permet de dépasser les objectifs fixés pour 2020 en matière de production d’énergie éolienne à 239 GWh. Des résultats qui rendent d’autant plus fier le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire qu’il est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de 382 GWh fixé pour 2025 dans le plan national intégré en matière d’énergie et de climat (PNEC). Ce dernier avance que d’ici à dix ans, 674 GWh seront produits exclusivement à base d’énergie éolienne. Ce qui présuppose l’installation d’autres parcs éoliens à travers le Luxembourg. Certains étant actuellement en cours d’autorisation.
Augmentation de 418% de l’énergie éolienne
La consommation totale d’énergie au Luxembourg est d’un térawatt, l’équivalent de 1 000 milliards de watts. Bientôt l’énergie éolienne permettra de couvrir presque à elle seule les besoins en énergie de ménages luxembourgeois, soit 170 000 personnes, précise-t-on du côté du ministère, du moins si la population luxembourgeoise n’augmente pas trop. Ce qui fait de l’énergie éolienne, le pilier le plus important en matière d’énergie renouvelable ou verte.
Selon le ministre Claude Turmes, présent mardi matin au pied des éoliennes, le Grand-Duché aurait fait un bond en avant considérable. En dix ans, l’électricité produite par les éoliennes a augmenté de 418%.
Au niveau européen, le Luxembourg tire également son épingle du jeu en se glissant dans le ventre mou d’un classement EurObserv’ER de 2018 reprenant le nombre de kilowatts par habitant produit dans chaque pays de l’Union européenne avec 196,4 kW/1 000 habitants. Le Danemark est premier avec 960 kW et Malte ferme la course avec 0 kW produit. L’Allemagne est quatrième avec 671,5 kW, la Belgique dixième avec 250,6 kW et la France est quatorzième et dépasse de peu le Luxembourg avec 202,3 kW. Ce qui fait dire au ministre qu’il s’agit d’un résultat honorable pour un petit territoire qui ne possède pas de frontière sur la mer et dont la densité démographique n’est pas négligeable.
Le parc a été réalisé par la société PW34 et est exploité par Claude Boever. Chaque éolienne est d’une puissance de 3,3 MW et une hauteur de 200 mètres. La puissance globale du parc est de 23,10 MW. lls sont raccordées au réseau de Creos par des câbles souterrains de 132 kilomètres de long au total. Ils ont été posés entre mai et novembre 2018. Les travaux de fondation des éoliennes ont démarré en avril 2019 et les éoliennes ont commencé à être installées au mois de septembre dernier. Elles ont une durée de vie de 20 ans. Enfin, le parc de Wincrange permettra une économie de CO2 par an de 14 724 tonnes comparé à une centrale électrique au gaz et de 60 000 tonnes par rapport à une centrale électrique au charbon. On comprend mieux, s’il fallait encore le prouver, pourquoi le gouvernement mise sur les énergies renouvelables par rapport aux énergies fossiles.
Sophie Kieffer
De nouveaux projets en préparation
Des éoliennes vont être érigées ailleurs dans le pays cette année encore et d’autres suivront dans les années à venir, annonce le ministère de l’Énergie et de l’Aménagement du territoire. En 2021 et en 2022, notamment. Des procédures sont en cours pour installer des éoliennes dans le sud du pays à Garnich et à Dahlem, ainsi qu’à Redange et dans le Mullerthal. Sans oublier le parc à éoliennes du Pafebierg, près de Mompach, de la Société luxembourgeoise des énergies renouvelables (Soler).
Les éoliennes tourneront à partir du mois de mai. Elles produiront 7,5 millions de kilowatts par an, l’équivalent de la consommation annuelle de 2 100 foyers. 2020 sera également l’année de la maintenance pour les éoliennes plus anciennes. Certaines seront également remplacées par des modèles plus neufs et donc plus performants. Les communes concernées mènent actuellement des campagnes d’information auprès des citoyens, notamment pour jauger l’accueil qu’ils réservent à ces installations souvent jugées bruyantes.
Selon le ministère, peu de citoyens luxembourgeois seraient hostiles aux éoliennes. Les normes appliquées au Grand-Duché en la matière sont très strictes en matière de distances avec les localités, de protection du bruit ou des ombres. Les planificateurs essayent d’éviter d’encaisser les localités par des éoliennes pour leur éviter les nuisances.
