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Assurance dépendance : escarres, chutes et douleurs


Il a fallu se baser sur des mesures indirectes indiquant que le prestataire met en œuvre les moyens adéquats pour assurer une prise en charge de qualité, assurant la sécurité et l’intégrité de la personne. (Photo : Hervé Montaigu)

Le premier rapport biennal sur la qualité des prestations de l’assurance dépendance a été présenté jeudi. Bon dans l’ensemble, mais des améliorations sont à réaliser ici et là.

Environ 15 000 personnes bénéficient aujourd’hui de l’assurance dépendance. Un chiffre stable, selon le ministre de la Sécurité sociale, Romain Schneider, qui présentait hier le tout premier rapport biennal (2018-2019) de l’administration d’Évaluation et de Contrôle de l’assurance dépendance (AECAD). Dans le cadre de la dernière réforme, le suivi de la qualité des prestations fournies a été renforcé, comme l’obligation d’identifier l’aidant pour mieux le soutenir ou la documentation de la prise en charge.

Dans l’impossibilité de rester une semaine durant auprès d’une personne pour observer si elle reçoit toutes les aides, il a fallu se baser sur des mesures indirectes indiquant que le prestataire met en œuvre les moyens adéquats pour assurer une prise en charge de qualité, assurant la sécurité et l’intégrité de la personne.

Des indicateurs sont liés à des risques que les actes de l’assurance dépendance visent à diminuer. Les escarres et l’état de la peau en général en est un. L’indicateur permet de compter un jour donné les escarres présentées par la population prise en charge, de les classifier par stade, ce qui renseigne sur la gravité, et de savoir dans quel contexte elles se sont développées. Le taux d’escarres moyen varie en fonction des structures : 6 % en ESI (établissement de soins intermittent), 3 % en RAS (réseau d’aide et de soins) et 4 % dans les établissements à séjour continu (ESC).

Le suivi des chutes est un autre indicateur. Elles varient de 1,96 chute en moyenne en ESC à 0,8 en ESI et 0,35 en RAS. La prévalence moyenne des chutes est plus élevée pour les personnes prises en charge dans les établissements à séjour continu par rapport à celle des personnes suivies à domicile ou prises en charge en établissement à séjour intermittent. C’est la première fois que ce type de données est recensé à un niveau national.

Il y a aussi la pesée régulière de la personne dépendante, une fois par mois, pour s’assurer de son alimentation régulière et appropriée. Mais cette donnée ne se retrouve pas dans tous les dossiers, comme d’ailleurs le suivi de la douleur. Les outils existent et prennent en compte les spécificités de la population (dans 75 % des cas), mais leur utilisation n’est pas encore régulière dans la moitié des dossiers contrôlés, tant dans le suivi du traitement antalgique en place qu’au moment de certains événements ou soins potentiellement douloureux (chutes, présence d’escarres). «C’est de loin l’indicateur qui a le plus gros potentiel d’amélioration. Plus une douleur se prolonge, plus elle perturbe la vie quotidienne», écrivent les rapporteurs.

Ces différents suivis doivent se retrouver dans la documentation du prestataire, un outil à l’usage des professionnels pour un suivi de qualité et en toute sécurité. Si les données administratives sont bien renseignées, comme les thérapies médicamenteuses en cours et les informations sur les dates et motifs d’hospitalisation des deux dernières années, certaines informations étaient absentes ou nécessitaient une précision. C’était le cas notamment pour les informations concernant l’état de santé de la personne retrouvées dans 85 % des dossiers contrôlés. De plus, la semaine type n’était pas présente dans 25 % des dossiers contrôlés.

4 500 aidants à mieux connaître

La surveillance de la qualité ne se cantonne pas aux prestations délivrées par les professionnels, elle vise également à suivre les aidants qui interviennent dans la prise en charge de la personne dépendante, en s’assurant de leur capacité et disponibilité à fournir les aides et soins requis. «Il est important de connaître davantage le profil des 4 469 personnes qui ont été reconnues comme aidants au sens de la loi au 1er janvier 2020», note le rapport. Les femmes sont les plus nombreuses à ce poste (74 %). Ces aidants sont majoritairement âgés de 40 à 59 ans (plus de 40 %) et environ 25 % ont entre 70 et 89 ans. Ils font partie, en majorité, de la famille proche, avec la moitié des aidants qui sont parents ou enfants des personnes dépendantes ou alors conjoints (à 41 %). Ces aidants sont plutôt très présents dans la prise en charge, étant donné que 80 % d’entre eux interviennent de manière quotidienne multiple, c’est-à-dire plusieurs fois par jour, pour la personne dépendante. Les formations qui leur sont proposées sont en revanche très peu consommées.

Puis il y a aussi le contrôle et le suivi qualité dans le cadre des aides techniques et adaptations du logement. Le suivi montre que 96 % des bénéficiaires estiment que l’adaptation du logement est facile, voire très facile à utiliser, qu’elle est utilisée par près de 80 % des bénéficiaires quotidiennement. Près de 22 % des bénéficiaires considèrent avoir récupéré une autonomie complète grâce à l’adaptation du logement et 49 % des bénéficiaires indiquent avoir regagné une partie de leur autonomie. Cependant des problèmes ont été relevés pour 55 % au début des chantiers : 43 % des problèmes concernaient des délais trop longs pour la mise en œuvre de l’adaptation.

Les points d’amélioration émergeant de ce rapport seront traités avec les différents partenaires clés de l’assurance dépendance et seront présentés dans le futur rapport biennal en 2022.

Geneviève Montaigu

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