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Appel à la démission de Dieschbourg : l’opposition pas forcément à l’unisson


Sven Clement (à g.), député du Parti pirate, et Martine Hansen, présidente de la fraction CSV à la Chambre (ici au côté de Laurent Mosar), ne comptent pas lâcher si rapidement la ministre de l'Environnement. (Photo Julien Garroy)

La démission de Carole Dieschbourg, revendiquée par le CSV, n’est pas forcément appuyée par le reste de l’opposition. Si déi Lénk temporise, l’ADR et les pirates fustigent la gestion du dossier Traversini.

« Il est trop tôt pour évoquer une démission. » Joint lundi, Sven Clement (Parti pirate) n’est pas prêt à suivre la revendication de démission de la ministre de l’Environnement formulée dans les colonnes du Quotidien. «Chaque ministre peut commettre une erreur», ajoute le jeune député. Il refuse toutefois de blanchir Carole Dieschbourg de tout reproche de favoritisme. «Certaines personnes attendent pendant de long mois pour obtenir une autorisation de la part du ministère de l’Environnement. Il est bizarre que dans ce cas précis le garde forestier se soit rendu par hasard sur le terrain de M. Traversini et que son rapport ait été transmis si rapidement au ministère», indique Sven Clement.

Vu la proximité de Roberto Traversini et de Carole Dieschbourg, tous deux membres du parti déi gréng, le député estime que cette affaire «ne renforce pas la confiance en la politique». En attendant la réunion de cet après-midi avec la ministre de l’Environnement à la Chambre, Sven Clement n’hésite pas à parler d’ «excès de zèle» de la part de Carole Dieschbourg.

Déi Lénk : «L’avis ne dit pas grand-chose»

Les pirates et déi Lénk sont au moins d’accord sur un point. «Si le Tribunal administratif conclut que l’interprétation de la base légale a été trop large, comme cela est préconisé dans cette affaire, de nombreux ministres devraient démissionner», lance le député Marc Baum. Il est en effet fréquent que des ministres et administrations publiques soient rappelés à l’ordre par la justice.

L’avis juridique, qui sert de base au CSV pour affirmer que les soupçons de favoritisme se confirment, n’a pu être consulté que partiellement par déi Lénk. «La question décisive n’est pas tranchée», conclut toutefois Marc Baum. Il ajoute que «l’avis en question ne dit pas grand- chose sur le supposé traitement de faveur accordé à Roberto Traversini». Mais comme son collègue Sven Clement, Marc Baum ne veut pas encore ranger tous les soupçons de côté. «Si on prend vraiment connaissance d’éléments confirmant un favoritisme, il faudra réévaluer la situation», conclut-il.

L’ADR se réjouit, le CSV en attente

Dans le camp de l’ADR, on se réjouit que déi gréng aient été eux-mêmes victimes d’une loi sur la nature «absolument exagérée». «On avait voté contre au printemps 2018. Je me rappelle avoir dit à la tribune que déi gréng ne sont plus le parti des chauves-souris, mais le parti des « cinglés »», indique le député Roy Reding. «Le fait de ne pas respecter leur propre loi est symptomatique d’un parti qui ne mise que sur des interdictions», ajoute le juriste de formation.

Roy Reding rappelle également le principe de l’égalité devant la loi : «Chaque citoyen doit respecter la loi.» Or son passé d’avocat lui aurait permis de constater de nombreuses décisions bizarres de la part de l’administration de la Nature et des Forêts. Un bassin de rétention d’eau en plastique aurait ainsi été considéré comme «construction illicite en zone verte».

L’incompréhension demeure donc du côté de l’ADR, qui lui aussi ne compte pas lâcher la ministre de l’Environnement, attendue au tournant à la Chambre des députés (lire ci-dessous).

Le CSV, finalement, qui avait bien annoncé une offensive dans l’affaire Traversini, a préféré rester muet lundi. «On attend les explications que la ministre Dieschbourg va nous fournir lors de l’échange en commission», nous a confié la cheffe de file du CSV à la Chambre des députés, Martine Hansen.

David Marques

La ministre attendue à la Chambre

Le CSV n’a pas dû attendre longtemps. Lundi matin, le parti d’opposition avait demandé au président de la Chambre de «convoquer d’urgence» une réunion de la commission de l’Environnement afin d’évoquer l’affaire de l’abri de jardin. «Nous voudrions notamment aborder les éléments factuels à la base de la régularisation de la demande d’autorisation, les détails de la procédure d’instruction du dossier ainsi que la dénonciation ou non des irrégularités constatées au parquet.»

Le CSV ajoute dans sa demande qu’il jugeait «indispensable que le dossier d’autorisation complet soit mis à la disposition des députés en début de réunion». Lundi, peu après 18h, la Chambre des députés a confirmé la tenue de cette réunion urgente dès cet après-midi. La ministre de l’Environnement, Carole Dieschbourg, va s’expliquer dès 13h30 face aux députés.