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Luxembourg : un sexagénaire poursuivi pour abus sexuels sur un ado


A l'expert neuropsychiatre, le sexagénaire a confié «que l'ado lui avait donné un baiser furtif sur la bouche et qu'il avait l'impression qu'il voulait avoir une relation avec lui». (illustration LQ)

Poursuivi pour avoir abusé sexuellement d’un adolescent de 14 ans à l’été 2017, un sexagénaire comparaît depuis lundi devant la 9e chambre criminelle.

«Il m’a confié avoir passé la nuit chez lui. C’est en dormant dans son lit qu’il y aurait eu les actes sexuels. Sa femme et son fils n’auraient pas été présents.» On est début septembre 2017 lorsque l’adolescent de 14 ans se confie une première fois au personnel du foyer qu’il fréquente en Allemagne à l’époque. Visiblement, c’est en raison de la découverte par un autre pensionnaire d’un échange de SMS qu’il est sorti de son silence.

«C’est lui qui a cherché la discussion. Ses larmes, la crainte que quelqu’un apprenne ce qui lui est arrivé…, se souvient l’éducatrice. Cela a pris un certain temps jusqu’à ce qu’il aborde les détails.» Même si d’après elle l’ado avait tendance à chercher l’attention des adultes et était «facilement manipulable», elle estime que ce qu’il a raconté était «très crédible». Elle l’avait donc accompagné à la police à Trèves pour déposer plainte. Très vite, le dossier s’est retrouvé entre les mains de la section protection de la jeunesse de la police judiciaire luxembourgeoise. C’est en effet au Grand-Duché que les faits rapportés auraient eu lieu.

On parle de la nuit du 26 au 27 août 2017. Le prévenu, âgé aujourd’hui de 60 ans, aurait alors accueilli à son domicile le fils d’un bon ami. Soit quelques jours après qu’il lui ait envoyé des messages à caractère sexuel à contenu assez cru. C’est ce qui ressort notamment de l’analyse des SMS.

Si le sexagénaire a fini par reconnaître avoir bien envoyé certains messages, il conteste avoir eu la moindre relation sexuelle avec l’ado. Une position qu’il a réaffirmée, hier après-midi, au début de son procès. Sa compagne, appelée comme témoin, en dira de même. Car elle affirme très bien se souvenir de cette soirée il y a deux ans. «On regardait ensemble Les Vacances de Mr. Bean, puis on a dîné.»

«Un baiser furtif sur la bouche»

Ensuite, les deux auraient été se coucher, mais chacun dans sa chambre. Tandis qu’elle aurait continué à regarder la télé. «La nuit, je ne dors pas», a-t-elle précisé. Elle reste convaincue que «cette nuit-là, il ne s’est rien passé» entre son compagnon et l’ado. Lorsque la présidente lui fait remarquer qu’elle a éventuellement pu s’assoupir pendant cinq minutes et qu’alors beaucoup de choses ont pu se passer…, la réponse de la compagne ne se fait pas attendre : «Ma chère Madame, je perçois bien tout !» Toujours d’après elle, le comportement de l’ado l’aurait souvent dérangé : «Son attitude affectueuse, comme s’il recherchait un contact paternel.»

On n’aura pas entendu lundi la version du prévenu placé à l’heure actuelle sous contrôle judiciaire. Quelques éléments auront néanmoins filtré à travers sa rencontre avec l’expert neuropsychiatre. Ce dernier a déclaré que le sexagénaire lui avait confié «que l’ado lui avait donné un baiser furtif sur la bouche et qu’il avait l’impression qu’il voulait avoir une relation avec lui». Face au spécialiste, le prévenu avait, par ailleurs, fait part de son impression que l’ado souffrait d’un manque de reconnaissance dans sa propre famille. Mais il avait nié toute attirance envers l’ado. Il n’y aurait pas non plus eu de gestes déplacés. Quant aux SMS, il ne s’en souvenait plus trop, mais en aucun cas, il ne les aurait écrits avec une intention sexuelle.

À entendre son avocat Me Roland Michel, le prévenu avait peur que le garçon de 14 ans s’intéresse à son propre fils. Voilà pourquoi il lui aurait écrit ces SMS crus pour qu’il le laisse tranquille ! «Il ne m’a jamais raconté cela», a toutefois noté l’expert psychiatre.

L’ado avait rencontré une psychologue dans le cadre d’une expertise. Si elle relève des troubles cognitifs et un caractère facilement influençable, sa conclusion lundi était pourtant claire : «Ses déclarations sont fiables. Je ne sais pas comment il aurait pu raconter tout cela s’il ne l’avait pas vécu.»

Suite du procès ce mardi après-midi avec l’audition du prévenu.

Fabienne Armborst

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