Alors qu’un projet de loi veut interdire les dons de sperme anonymes, une maman à contre-courant dénonce une ingérence dans la vie privée des familles.
Lorsqu’il a fallu choisir un donneur de sperme pour la PMA de ses deux enfants, cette maman a préféré l’anonymat : avec son épouse, elles ne souhaitaient pas qu’ils puissent un jour connaître l’identité de cet homme qui, à leurs yeux, n’a rien à faire dans leur vie.
«Ma famille, c’est ma femme, mes enfants et moi. Le donneur n’entre pas en compte», tranche ainsi Cecilia Guichart. «Sur son profil, il expliquait que, pour lui, donner son sperme était un cadeau, comme on donne son sang. Ça correspond aussi à notre vision», confie-t-elle, à contre-courant de beaucoup de parents LGBTQI+.
Alors, face au projet de loi 7674 qui veut interdire le don de sperme anonyme afin de garantir à tout enfant l’accès à ses origines, elle ne décolère pas : «Le choix doit revenir aux parents, c’est une question trop personnelle ! C’est une totale ingérence dans nos vies privées», dénonce-t-elle, pointant au passage une discrimination indirecte puisque les couples hétérosexuels pourront toujours cacher à leur enfant la façon dont il a été conçu.
Atteinte aux libertés
Concrètement, la nouvelle loi contraindrait les parents à opter pour un donneur non anonyme, dont les identifiants figureraient dans un registre tenu par le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, consultable par l’enfant à sa majorité.
Si elle-même n’est pas concernée, elle dit militer pour la communauté : «C’est une atteinte à nos libertés. La société nous rabâche qu’une famille, c’est forcément un papa et une maman. Selon moi, c’est ça qui amène au droit de connaître ses origines. Cela ne vient pas du besoin des enfants», estime-t-elle.
Pour elle, l’idée que le donneur ne puisse jamais avoir de contact avec eux est rassurant : «Comment savoir ce qui peut se passer ? Ils pourraient être déçus après des années d’attente», imagine-t-elle, ajoutant qu’au Danemark, où se trouve Cryos, la loi autorise le donneur à reconnaître l’enfant si la mère biologique est d’accord, «ce qui soulève un certain nombre de questions».
Quant au fait de les priver de ce choix, elle assume : «L’enfant doit aussi accepter que sa famille est comme ça, avec deux mamans, et que ça implique de ne pas forcément savoir qui est derrière le don qui a permis sa naissance.» Après avoir rencontré certains députés, Cecilia devrait s’entretenir prochainement avec la ministre de la Justice.