Accueil | Politique-Société | Affaire Engel : les réactions des avocats après les réquisitions

Affaire Engel : les réactions des avocats après les réquisitions


Tous les avocats ont plaidés l’acquittement de leurs clients respectifs.(Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le parquet a requis, ce mardi, des peines d’emprisonnement de 9 et 6 mois contre les principaux prévenus dans l’affaire portant sur un supposé emploi fictif occupé par Frank Engel, l’ancien président du CSV. Voici les réactions des avocats des principaux protagonistes de ce procès. Tous ont plaidés l’acquittement de leurs clients respectifs.

«La dénonciation est tirée par les cheveux»

Me Lydie Lorang (avocate de Frank Engel) : «Il n’y a rien de fictif dans le contrat de travail signé par Frank Engel, n’en déplaise au parquet. Le CSV s’est avéré être un panier de crabes dans lequel les ouï-dire étaient monnaie courante. Je ne peux donc pas m’imaginer qu’au sein du parti, personne n’était au courant de l’existence de ce contrat de travail. Cette carte a été mise sur table lorsque la possible réélection de Frank Engel par la base du parti s’est rapprochée. La dénonciation par la fraction est tirée par les cheveux. Voir le parquet requérir 9 mois de prison pour des faits qui n’existent pas me laissent perplexe.»

«Mes clientes ont joué la carte de la transparence»

Me Max Lehnen (l’avocat de Stéphanie Weydert et Elisabeth Margue) : «Si je comprends bien le parquet, l’objet social du Frëndeskrees n’a pas été respecté. En tant que président, Frank Engel n’aurait pas été la personne appropriée pour exécuter ce poste de chargé de mission. Le plus grave est toutefois que le parquet part du fait que les résultats de la mission n’ont pas donné satisfaction pour conclure qu’il n’y aurait eu, dès le départ, aucun intérêt réel à exécuter un contrat de travail. Après avoir pris connaissance, en janvier 2021, de l’existence du contrat, mes clientes ont pleinement joué la carte de la transparence.»

«Difficilement supportable pour mon client»

Me Daniel Baulisch (avocat de Félix Eischen) : «Le réquisitoire du parquet est difficilement supportable pour mon client, qui au vu de son état de santé, n’a pas été en mesure de suivre la mise en œuvre du contrat de travail (NDLR : Félix Eischen a été victime d’un burn-out en septembre 2020). Il est toutefois à rappeler qu’il n’aurait pas signé le document sans l’accord préalable donné à l’unanimité par le conseil d’administration du Frëndeskrees. Il a fait confiance à l’avis des trois juristes impliqués dans ce projet et n’a, en outre, jamais douté que Frank Engel allait accomplir sa tâche comme prévu.»

«Aucune association de malfaiteurs»

Me François Prüm (avocat de Georges Pierret) : «Le parquet nous a sorti lors de son réquisitoire des éléments qui ne semblent pas figurer dans le dossier d’instruction. Pour moi, il n’existe aucune preuve d’une association de malfaiteurs qui se trouverait à la base d’une quelconque escroquerie, de la production ou de l’usage d’un faux. Mon client a dû attendre février 2021 pour prendre connaissance du contrat. Mon client n’a pas été impliqué dans la rédaction et la mise en œuvre dudit contrat de travail. Il est démesuré et erroné de formuler de tels graves reproches à un avocat aussi chevronné que l’est Me Pierret».

«Six mois de prison pour ce petit bonhomme…»

Me Philippe Penning (avocat d’André Martins) : «On requiert 6 mois contre quelqu’un qui s’est fait assurer par d’éminents juristes que rien ne pouvait lui arriver. Mon client n’a fait qu’apposer sa signature sous un contrat qui avait été avalisé en tant que tel. Pour ce qui est du volet de la sécurité sociale, mon client a temporisé lorsque Frank Engel lui a signalé que la situation était brûlante. Il a demandé des pièces justificatives avant de répéter un virement déjà effectué un an plus tôt. Ce petit bonhomme de Pétange, qui ne pèse pas bien lourd face aux dinosaures du CSV, va-t-il désormais se retrouver à Schrassig?»

«À qui a profité la dénonciation?»

Me Frank Rollinger (avocat de Georges Heirendt) : «Il est déplorable que le parquet n’ait tenu compte d’aucun élément de notre plaidoirie. À la base, le dossier ne comprend même pas une copie des statuts du CSV. Nulle part, il n’est précisé que le président du parti ne puisse pas être rémunéré. Ce procès a plus ressemblé à de la science politique qu’à de la science juridique. Le tribunal et le parquet ont été utilisés pour trancher un bras de fer politique. Il ne se pose pas la question à qui a profité le crime, mais bien à qui a profité de la dénonciation. Les personnes concernées ne sont pas présentes dans cette salle.»

David Marques