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Adem : Scholtus fait le dos rond


Mariette Scholtus et Nicolas Schmit se sont revus hier pour la première fois depuis le clash de la semaine dernière. (photo editress)

Restée muette depuis son retour au poste de directrice de l’Adem, acté il y a tout juste une semaine par la Cour administrative, Mariette Scholtus est sortie de son silence, ce lundi, par l’intermédiaire de son avocat, Me Jean-Marie Bauler. Contacté par le Quotidien , ce dernier est revenu sur l’entrevue qui a eu lieu jeudi dernier entre sa cliente et le ministre du Travail, Nicolas Schmit.

Ce premier entretien, destiné à évoquer les modalités du retour aux affaires de Mariette Scholtus, s’était soldé par un sacré clash. Le ministre avait, en effet, désapprouvé l’attitude affichée par celle qu’il avait chassée en 2012, officiellement pour un manque de capacité à mener à bien la réforme de l’Adem. « Elle est incapable », était en substance le reproche formulé ouvertement dans nos colonnes par Nicolas Schmit.

« L’entrevue a duré exactement quatre minutes. La tonalité du ministre Schmit n’a pas permis d’aborder beaucoup d’éléments», tranche Me Bauler. « Je tiens également à souligner que la revendication de ma cliente pour récupérer ses deux postes au Conseil d’administration n’est qu’un détail. Limiter cette entrevue à cette revendication est ridicule. Il s’agit d’une pratique courante pour de nombreux hauts fonctionnaires. Mme Scholtus reste une personne très discrète », poursuit-il. Aucune plainte pour diffamation ne sera d’ailleurs déposée contre Nicolas Schmit.

«Pas de revanche personnelle»

La priorité de Mariette Scholtus aurait simplement été de reprendre son travail. Comme annoncé, elle s’est vu confier un bureau dans le bâtiment de l’Adem situé dans la rue de Bitbourg, à Luxembourg-Hamm. « Mme Scholtus ne souhaite pas prendre de revanche personnelle. C’est normal que les gens se posent des questions, mais aujourd’hui elle est à la pleine disposition de l’État et elle souhaite accomplir sa mission », tient à préciser Me Bauler.

L’avocat a cependant conscience qu’il existe un problème. L’Adem dispose, en effet, sur le papier, de quatre directeurs, alors que la loi n’en prévoit que trois. Il s’agit de Mariette Scholtus, ainsi que de trois adjoints  : Isabelle Schlesser, directrice depuis 2013, rétrogradée après la réhabilitation judiciaire de Madame Scholtus, ainsi que de Gaby Wagner et Ian Tewes. « La situation est délicate. Nous, on ne mène cependant pas de match contre Mme Schlesser, qui se retrouve aussi dans une situation compliquée. Il revient désormais au ministre de prendre une décision après avoir eu tout faux, lors de la réaffectation de ma cliente », indique Me Bauler.

Jusqu’à présent, ni le ministre Nicolas Schmit, ni le Premier ministre, Xavier Bettel, n’ont souhaité s’avancer sur la voie à suivre pour résoudre une situation qu’ils ont déjà qualifiée d’intenable. Isabelle Schlesser continue en effet de bénéficier du soutien entier de la part du gouvernement. Le défi est maintenant de trouver la parade judiciaire ou administrative.

Cela ne s’annonce cependant pas évident. La législation concernant les hauts fonctionnaires est un fort imprenable et la capacité d’un ministre à révoquer un de ses directeurs d’administration est très limitée. Avant Nicolas Schmit, les anciens ministres de la Défense Jean-Louis Schiltz et Jean-Marie Halsdorf en avaient déjà fait l’expérience avec la réaffectation, finalement annulée, du colonel Nico Ries, l’ancien chef d’état-major de l’armée.

Lundi après-midi, une nouvelle réunion a eu lieu entre le ministre Nicolas Schmit et Mariette Scholtus. « Je ne connais pas l’objet de cette réunion », nous avait indiqué en matinée Me Bauler. Il y a cependant fort à parier que le gouvernement tente de trouver une solution adéquate avec Mariette Scholtus, qui, malgré sa volonté de rester à la tête de l’Adem, est indésirable aux yeux du ministre. Lundi, le ministre n’a pas souhaité s’exprimer à la sortie de la réunion. Une nouvelle réunion entre les deux parties aura lieu en début de semaine prochaine.

Une marge de manœuvre très étroite

Mais selon Me Bauler, la marge de manœuvre du gouvernement est très étroite. « La législation est claire. Une réaffectation d’un haut fonctionnaire contre son gré ne peut se faire que sur la base d’une procédure disciplinaire. Un autre article prévoit bien une réaffectation pour les besoins du service, mais il ne peut s’agir que d’une promotion et pas d’une dégradation », analyse l’avocat de Mariette Scholtus.

En cas de relance de la procédure de nomination par le ministre Schmit, Me Bauler n’exclut pas que sa cliente introduise un nouveau recours après avoir obtenu une première fois gain de cause en raison d’un vice de procédure. Entre la notification de sa réaffectation, le 14 juin 2012, et son officialisation, le 20 juin 2012, ne se sont en effet écoulés que six jours, alors que Mariette Scholtus aurait dû bénéficier de huit jours pour répliquer.

« Sortie d’un désert de trois ans », comme l’affirme son avocat, Mariette Scholtus n’est donc pas prête à lâcher le morceau.

David Marques

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