Une conférence internationale sur les abus sexuels sur enfants a abouti sur tout un nouveau vocabulaire qui sera adopté à travers le monde, pour plus d’efficacité.
Le ministère luxembourgeois de la Coopération et de l’Action humanitaire a soutenu les organisations qui défendent les droits de l’enfant, car les lois nationales et internationales sont souvent confrontées à un manque de réponse des institutions, ou encore à des juridictions qui ne coopèrent pas. Les obstacles sont administratifs, et politiques souvent. Un des défis est de rassembler des organisations d’origines diverses. Des lignes directrices ont été décidées, jeudi, à Luxembourg, pour aider au niveau mondial et parler d’une seule voix.
Marta Santos Pais (Portugal), représentante spéciale du secrétaire général chargée de la question de la violence à l’encontre des enfants, est intervenue par le biais d’un message vidéo. Elle est revenue sur l’enjeu du travail sur les mots. Une réflexion a été mise en place sur l’enfance et la violence, afin d’arrêter la violence envers les enfants. «Il est crucial de clarifier les termes de cette lutte. Il s’est passé 20 ans depuis le premier congrès contre l’exploitation sexuelle des enfants. Mais aujourd’hui, il ne faut pas oublier tous les enfants victimes de cette exploitation. Il faut être clair pour travailler tous ensemble.»
L’objectif est, en 2030, d’en finir avec la violence envers les enfants. Une étude de l’ONU a noté des progrès dans certaines législations, ce qui donne des chiffres pour avoir une idée des progrès faits. «Mais il reste beaucoup de zones où il reste du travail à faire : 25% des femmes et 10% des hommes ont rapporté des violences sexuelles à la maison ou à l’extérieur. Peu ont reçu de l’aide. Alors que les conséquences, aussi bien physiques que psychiques, sont profondes», ajoute-t-elle.
«Parler la même langue»
Maud de Boer-Buquicchio, rapporteur spécial de l’ONU concernant la traite des enfants, est quant à elle revenue sur les résultats d’un long processus et de deux jours de travail à Luxembourg. «Ces discussions ont permis de rassembler et de confronter des personnes d’univers différents. Il est donc important de clarifier les termes pour parler d’une même voix et se comprendre, notamment auprès des législateurs. Cela permettra de parler la même langue, en particulier pour poursuivre les auteurs de ces crimes, crimes qui sont bien souvent transnationaux.»
Un consensus doit être atteint pour qu’il soit accepté par tous. Mais par définition, ces termes ne sont pas gravés dans le marbre, mais vont pouvoir évoluer dans le temps, a-t-elle ajouté. «Il fallait être sûr de la clarté de la terminologie. Cette meilleure communication va permettre de mieux sensibiliser.»
Il reste du travail, notamment combattre l’impunité des auteurs de violence, et d’inclure les hommes dans ce combat. Il s’agit d’un signal envoyé à la communauté internationale. Pour le Pr Jaap Doek, ancien président du comité de l’ONU des droits de l’enfant, «dans le futur, on parlera des conclusions de Luxembourg. Les termes de prostitution et pornographie infantile étaient discutables. Un nouveau document peut refléter ce qui se passe vraiment sur le terrain quand on mentionne l’abus sexuel des enfants. Cela devrait encourager les ONG à utiliser ces termes. Ainsi, on ne parle par exemple plus de pornographie infantile mais d’abus sexuel sur enfants.»
Audrey Somnard