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Colis suspect à Heisdorf : deux jeunes jugés


Le colis suspect signalé le 25 janvier 2014 à Heisdorf avait conduit à l'interruption du trafic ferroviaire, au barrage de la N7 dans les deux sens et à l'évacuation de huit maisons. (Photo archives Editpress)

Les deux jeunes à l’origine d’une fausse alerte il y a deux ans à Heisdorf ont dû s’expliquer, jeudi matin, devant le tribunal correctionnel.

Le 25 janvier 2014, entre 3h et 4h, deux jeunes de 17 ans avaient positionné sur les rails à Heisdorf une boîte en carton d’un diamètre de 40x30x20cm qu’ils avaient fermée au moyen d’un ruban adhésif. Sa découverte avait entraîné l’intervention de la police judiciaire, du service de déminage, de la Protection civile, des Ponts et Chaussées…

Après que le machiniste d’un convoi avait aperçu le colis suspect, la ligne ferroviaire Luxembourg-Ettelbruck avait dû rester fermée de 5h à 12h.

«Comment en vient-on à une telle idée ?», demande le président de la 12e chambre correctionnelle, Marc Thill, en ce jeudi matin, aux deux jeunes prévenus. «L’idée était que le train passe sur la boîte», explique Jeff M. âgé au moment des faits de 17 ans. «Quel en était l’intérêt ?», insiste le président. «J’avais peut-être bu un peu trop. Et je trouvais cela rigolo.» «Et aujourd’hui, vous trouvez toujours cela rigolo ?», enchaîne le président. «Pas du tout.»

Alors que Jeff M. a avoué avoir confectionné cette boîte en carton avec Kevin T. et l’avoir mise ensuite avec lui sur les rails, son acolyte, le deuxième prévenu, admet juste avoir aidé à préparer le paquet et l’avoir porté : «En route, j’ai dit que la boîte était trop lourde, je n’avais plus envie de la porter. C’est alors qu’est venue l’idée de placer la boîte sur les rails.»

«Les démineurs ont sorti le robot»

«En mettant du scotch autour de la boîte, cela donnait l’impression que tout était réfléchi à l’avance et que vous vouliez qu’elle éclate quand le train passerait dessus», rétorque le président à Kevin T., avant de rappeler aux deux prévenus qu’ils risquent une peine de prison allant jusqu’à cinq ans.

La découverte du colis suspect avait entraîné de nombreuses perturbations au niveau du service ferroviaire. Des bus de substitution avaient ainsi dû être mis en place. Les CFL réclament aujourd’hui autour de 10 000 euros de dommages et intérêts.

Dans sa plaidoirie, l’avocat à la défense du prévenu Jeff M. a soulevé qu’au moment des faits son client était mineur. «C’était un adolescent immature et alcoolisé.» L’avocat conteste toutefois la fausse alerte reprochée : «Il n’y a aucune parole, aucun écrit signalant qu’il y a une bombe sur la voie.» Il demande que le tribunal correctionnel ne prononce pas de peine de prison à l’encontre du lycéen. «Car ceci lui fermerait l’accès à énormément de professions pour une bêtise qu’il a commise en tant que mineur.» L’avocat a plaidé la suspension du prononcé.

La défense du prévenu Kevin T. a demandé l’acquittement. Son client aurait été présent au moment où ils ont transporté la boîte et longé les rails, mais ce n’est pas lui qui aurait déposé la boîte en carton sur la voie.

Le parquet requiert 240 heures de TIG

Le parquet, lui, fait entendre un autre son de cloche. «Le trouble à l’ordre public a été immense», estime le substitut du procureur d’État, Gabriel Seixas. «Les services publics ont perdu leur temps à cause de la bêtise des deux jeunes.» Il rappelle que le machiniste du convoi qui a aperçu la boîte sur les rails a dû freiner à bloc. Ensuite, non seulement le trafic avait dû être interrompu pendant plusieurs heures, mais, en outre, tout le quartier avait dû être évacué. «Les démineurs ont sorti le robot», enchaîne le substitut. Après l’ouverture du colis, la cellule chimique de Lintgen avait été appelée en renfort pour, en fin de compte, tomber sur des déchets, du sel et du poivre.

«La seule expertise des traces ADN a coûté 4 000 euros», relève, par ailleurs, le substitut, qui est d’avis que pour stabiliser la boîte sur les rails, ils devaient forcément être à deux. À noter enfin que cette alerte au colis suspect avait eu lieu à l’époque du procès du Bommeleeër.

Le parquet a requis 240 heures de travail d’intérêt général (TIG) à l’encontre des deux prévenus âgés aujourd’hui de 19 ans. Prononcé le 25 février.

Fabienne Armborst

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