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Abus sexuels : informer pour lutter


«L'exploitation sexuelle des enfants se retrouve partout dans le monde et pas seulement en Asie du Sud-Est comme on le pense à tort», rappelle Thomas Kauffmann, directeur exécutif d'ECPAT.

L’ONG ECPAT Luxembourg a présenté mercredi une enquête nationale sur la perception de l’exploitation sexuelle des enfants. Information et sensibilisation restent les mesures phares pour lutter contre ce fléau.

L’ONG ECPAT, qui lutte contre toutes les formes d’exploitation sexuelle des enfants, a dévoilé mercredi une enquête menée en ligne en août 2019 auprès de 1 113 résidents luxembourgeois au sujet de leur perception des crimes sexuels commis à l’encontre des enfants : prostitution, matériel d’abus d’enfant, exploitation sexuelle des enfants dans le cadre des voyages et du tourisme et grooming, phénomène qui consiste à usurper une identité afin d’entrer en contact avec un enfant.

Sans surprise, cette lutte est largement soutenue par la population, 92 % des sondés estimant même que des mesures supplémentaires, notamment en termes de sensibilisation, sont nécessaires.
C’est d’ailleurs là l’un des points majeurs qui ressortent de cette enquête menée par TNS Ilres (c’est la troisième du genre, les précédentes datant de 2008 et 2015) : l’information et la sensibilisation figurent parmi les outils essentiels pour prévenir et lutter contre la pédocriminalité.

«C’est une thématique d’une horreur absolue et dont il est très difficile de parler, commente Thomas Kauffmann, le directeur exécutif d’ECPAT. Mais lorsque les gens sont informés et savent quoi faire pour protéger les enfants, chacun se rend compte qu’il a un rôle à jouer.»

L’exploitation et l’abus sexuels des enfants existent en effet partout dans le monde. Et si la prostitution d’enfants est quasiment inexistante au Luxembourg, le pays n’est pas exempt de pédocriminels, comme l’ont montré les derniers scandales dans le milieu du sport (lire notre édition du 19 février) ou les 46 perquisitions menées la semaine passée dans le cadre de la lutte contre le matériel d’abus d’enfants, expression préférable au terme de pédopornographie, lequel ne rend pas suffisamment compte du caractère criminel de ces actes selon les différents acteurs de défense des droits de l’enfant. Sans compter certains voyageurs qui profitent d’un séjour à l’étranger pour abuser sexuellement de mineurs.

Des pratiques répandues

«L’information est essentielle, tant pour être au courant de l’existence de l’exploitation sexuelle des enfants – que l’on retrouve partout dans le monde et pas seulement en Asie du Sud-Est comme on le pense à tort – et des formes que celle-ci prend, mais aussi pour savoir quoi faire lorsqu’on en est témoin ou encore dissuader les abuseurs potentiels. La majorité des personnes qui abusent des enfants en voyage par exemple ne sont pas des pédophiles – ces derniers ont une maladie mentale. Le plus souvent, ces voyageurs sont face à une situation d’offre et y répondent», signale Thomas Kauffmann.

Ainsi, près de 20 % des personnes interrogées pensent encore que des faits comme le grooming, le visionnage d’images d’abus sexuels d’enfants ou les relations sexuelles contre de l’argent avec une personne âgée de 16 à 18 ans ne sont pas passibles de peines au Luxembourg.

De même, sur 50 personnes témoins d’un cas de tourisme sexuel impliquant des enfants, 44 % ont déclaré qu’elles auraient aimé faire quelque chose, mais ignoraient à qui signaler la situation ou comment le faire.

Dix pour cent des personnes interrogées au cours de cette enquête ont en outre révélé être déjà tombées par hasard sur des images pornographiques mettant en scène des enfants sur internet. Mais si dans la théorie une majorité de personnes assurent qu’elles dénonceraient les faits à la police, dans la pratique, la plupart des personnes concernées (38 %) n’ont rien fait ou ont simplement reconfiguré les paramètres de leur ordinateur (33 %). «Les comportements souhaités diffèrent de ceux réellement engagés, relève Tommy Klein, qui a dirigé l’enquête. Mais les réactions émotionnelles et le choc ressenti à la vue de ces images font que la théorie n’est pas toujours applicable.»

Une chose est sûre, pour les sondés, tout le monde est appelé à entrer dans cette lutte : police, autorités nationales et internationales, médias, mais également – et c’est un phénomène nouveau lié à l’émergence des réseaux sociaux – les fournisseurs d’accès à internet et autres opérateurs téléphoniques.

Tatiana Salvan

L’enquête est à retrouver sur le site ecpat.lu, rubrique «Espace documentaire» puis «Publications»

Infos pratiques

Que faire si l’on se trouve témoin de l’exploitation sexuelle d’un enfant ? Voici quelques conseils fournis par ECPAT :  Si vous tombez sur des images sexuellement explicites ou images nues d’un mineur, vous pouvez dénoncer le site ou l’URL anonymement sur la Stopline de Bee Secure : https://stopline.bee-secure.lu. 

En cas de témoignage ou de soupçon d’exploitation sexuelle d’un enfant dans le cadre des voyages et du tourisme, vous pouvez signaler la situation soit sur www.childprotection.lu soit sur le site européen www.dontlookaway.report. Ces sites vous dirigent vers un formulaire en ligne qui est envoyé à la police luxembourgeoise. Il est important de décrire le plus de détails possibles afin de faciliter l’enquête à la police.

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