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Welfrange : le pompier qui mettait le feu


Mi-mai 2015, le chalet de chasse des frères Schleck à Welfrange était parti en fumée. (Photo : Police grand-ducale)

Entre juillet 2014 et mai 2015, le prévenu avait déclenché plusieurs incendies. Sur les 21 faits que le parquet lui reproche, il en conteste un seul.

Depuis jeudi, Philippe Z. (25 ans), ancien pompier professionnel de la Ville de Luxembourg, comparaît devant le tribunal correctionnel pour avoir commis une vingtaine d’incendies volontaires. Mi-mars 2015, il avait été une première fois interpellé. En sortant de détention préventive, il avait récidivé en incendiant un chalet de chasse à Welfrange.

Le parquet reproche au prévenu pas moins de 21 faits. Les incendies avaient été perpétrés entre juillet 2014 et mai 2015 dans le secteur de Bettembourg, mais aussi à Abweiler, Fentange, Livange, Dalheim et Welfrange. Avaient notamment été visés des conteneurs de chantier, des poubelles, un mirador de chasse, des toilettes mobiles et des bottes de foin.

Philippe Z., actuellement placé en détention préventive, reconnaît 20 de ces faits. Mais celui du 4 juillet 2014 à Bettembourg, il le conteste. Le prévenu aura l’occasion ce matin de s’expliquer plus en détail à la barre. Jeudi, lors de la première journée du procès, la parole était avant tout à l’enquêteur et aux experts.

L’enquêteur a soulevé que le prévenu s’était notamment fait remarquer en janvier 2015 lorsqu’on l’avait retrouvé à Bettembourg près d’un incendie 5 à 7 minutes seulement après que l’incident avait été signalé. Ce n’est pas la seule fois où le prévenu avait été aperçu à proximité d’un incendie. L’analyse de ses données téléphoniques avait permis de le localiser à quatre reprises à des endroits où il y avait eu un incendie.

«La situation n’était pas sans danger»

Lors de sa convocation au bureau de police le 17 mars 2015, Philippe Z. avait avoué une série d’incendies volontaires. «Il a aussi avoué deux incendies dont on n’avait pas connaissance», a indiqué l’enquêteur ce jeudi. Face aux enquêteurs, le prévenu avait affirmé avoir été sous l’influence de l’alcool au moment des faits. C’est avec un briquet et un morceau de papier qu’il aurait mis le feu.

En sortant de prison, l’ancien pompier avait récidivé en incendiant en mai 2015 le chalet de chasse des frères Schleck. La saillie était entièrement partie en fumée, mais le chalet de bois aussi avait brûlé. «En raison de la présence de bouteilles de gaz dans le chalet, la situation n’était pas sans danger», a commenté l’enquêteur. Le soir des faits, Frank Schleck se trouvait non loin sur un mirador de chasse. Lors de sa déposition, il avait déclaré avoir entendu un craquement dans les sous-bois avant d’apercevoir de la fumée noire au niveau du chalet. Un autre témoin, quant à lui, avait indiqué à la police avoir vu une voiture noire et avait pu donner une description du conducteur. Quand les enquêteurs lui avaient montré une photo du prévenu, il avait indiqué que cela pouvait correspondre. Lors de son audition, Philippe Z. avait reconnu avoir mis le feu au chalet. Et le juge d’instruction avait ordonné son arrestation.

Pour les experts, ce n’est pas de la pyromanie

«On ne peut pas retenir le diagnostic de pyromanie. Il y a des ressemblances, mais ce n’est pas de la pyromanie», ont conclu les deux experts psychiatres qui ont rencontré le prévenu à plusieurs reprises. Le premier expert a parlé d’une «méthode pour décharger ses tensions internes». Selon ce dernier, les faits reprochés au prévenu se divisent en trois tranches. La première débute à l’été 2014, quelque temps après qu’il a été suspendu du service de la Protection civile à Bettembourg, où pendant de longues années il était actif comme ambulancier. «Il vivait cela comme une certaine injustice, a noté l’expert. Fin août, il a fait connaissance de sa compagne, ce qui a apporté une certaine accalmie.»

La deuxième série de faits s’était déclenchée fin décembre 2014. Selon l’expert, cela correspond à l’époque où le prévenu s’est dit frustré parce que sa copine ne lui consacrait pas assez de temps. La troisième vague enfin est arrivée après son incarcération.

À l’expert psychiatre, le prévenu avait également confié avoir mis le feu après avoir bu un nombre important de bières. Le briquet, il l’aurait déjà acheté dans l’après-midi en même temps que la bière. Après chaque fait, il l’aurait jeté pour ne pas recommencer. «Il décrit les faits avec beaucoup de détails, ce qui exclut pour moi qu’il était sous intoxication éthylique», a retenu l’expert.

Les deux experts psychiatres sont tous deux d’avis qu’il est nécessaire que le prévenu se soumette à un traitement pendant un certain temps. Par ailleurs, ils estiment que s’il arrive à maîtriser son problème d’abus d’alcool, il y aura moins de risques qu’il recommence.

Plus de 13 500 euros de dommages réclamés

Le procès se poursuivra ce vendredi matin avec l’audition du prévenu. Plusieurs parties civiles se sont d’ores et déjà constituées, jeudi. L’État demande ainsi autour de 800 euros de dommages et intérêts pour deux poubelles détruites. La commune de Bettembourg, quant à elle, réclame pour les différentes interventions d’extinction des incendies 9 265 euros. Enfin, un particulier demande 2 000 euros pour un mirador de chasse et une compagnie d’assurances près de 1 600 euros.

Fabienne Armborst

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