Trois couples comparaissaient ce mercredi face à la 12e chambre correctionnelle pour des faits de coups et blessures ou d’escroquerie du Fonds national de solidarité.
Un long silence ennuyé suivi de soupirs. Claudio semble embêté de devoir témoigner contre son épouse. Il serait prêt à annuler sa demande de divorce s’ils parvenaient à s’entendre à nouveau. Depuis le 27 janvier 2021, le couple ne vit plus sous le même toit. «Il nous faut du temps pour voir si nous pouvons régler nos problèmes ou pas», a indiqué Illham.
Des problèmes qui auraient poussé la jeune femme de 34 ans à évoquer la rupture le soir des faits. Elle n’aurait plus supporté les mensonges de Claudio et la manière dont il l’aurait traitée, encouragé par son père. «Même si j’ai raison, à ses yeux, j’ai toujours tort. Son père le montait contre moi», a-t-elle assuré à la barre de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, ce mercredi après-midi. Elle aurait également subi des agressions sexuelles de la part de son beau-père.
Le soir des faits, selon Illham, ils avaient bu. Après avoir appris son intention de rompre, il lui aurait refusé l’accès à la chambre de sa fille et aurait voulu la mettre à la porte. Elle l’aurait poussé, giflé, lui aurait mordu le bras et donné des coups de pied. La jeune femme n’aurait fait, dit-elle, que «rendre les coups» de son mari. D’après son avocat, elle se serait trouvée en état de légitime défense et aurait été victime de violences domestiques, pas Claudio. Il a demandé l’acquittement d’Illham.
Assis dans la salle, l’homme de 56 ans conteste cette version des faits, la mine déconfite au rythme des accusations portées par l’avocat de son épouse. Le procureur se base sur les conclusions du parquet et de la police. «Madame semble avoir un léger problème d’agressivité et un léger problème d’alcool», a-t-il noté avant de requérir à son encontre pour coups et blessures volontaires, une peine de 6 mois de prison assortie du sursis probatoire avec l’obligation de soins pour régler ces deux problèmes.
«Une erreur de notre part»
Reza et Faranak sont accusés d’avoir escroqué le Fonds national de solidarité entre décembre 2020 et juin 2021. Le couple aurait perçu la somme de 18 375 euros de Revis alors qu’il aurait exploité un commerce à Ettelbruck.
«C’est une erreur de notre part, explique la jeune femme, on est prêts à tout rembourser.» Son époux avance que le couple venait d’ouvrir un commerce, mais aurait dû le fermer pour s’occuper de son enfant à naître qui a dû subir une opération du cœur à Bruxelles. Originaires d’Iran, les deux prévenus n’auraient pas bien compris les questions qui leur étaient posées dans le formulaire de demande du Revis et auraient omis de préciser l’existence du commerce.
Le procureur a estimé que les infractions de blanchiment et d’escroquerie à subvention d’État pouvaient être retenues à leur encontre. «Tout ce qu’ils auraient dû faire, ils ne l’ont pas fait et tout ce qu’ils n’auraient pas dû faire, ils l’ont fait (…) en toute connaissance de cause», a-t-il estimé. Il a requis une peine de 3 mois de prison assortie d’un sursis probatoire avec obligation de rembourser la somme due pour chacun des deux époux.
L’avocat du prévenu a indiqué que le couple n’aurait pas eu l’intention de commettre un acte répréhensible. Il a plaidé l’acquittement ou la plus petite peine de prison possible assortie du sursis intégral.
Un couteau de chasse
sous la gorge
Valium et alcool ne font pas bon ménage. Le cocktail aurait poussé Jesse à casser le nez de sa compagne et à lui placer un couteau de chasse sous la gorge dans la nuit du 5 février 2021 à Tétange. Le tout se serait produit sur fond de jalousie amoureuse. Jesse et Sandra s’accusent l’un l’autre d’avoir lancé la dispute qui aurait dégénéré. La jeune femme de 40 ans aurait menacé le prévenu avec un pistolet à air comprimé.
Jennifer, la fille de Sandra, se souvient avoir été réveillée par les cris et avoir eu peur de mourir. Elle se serait barricadée dans sa chambre et aurait prévenu la police. Son frère aurait, comme sa mère, été menacé de mort par le prévenu. L’avocate de la partie civile a demandé deux fois 2 500 euros de dommages et intérêts pour les deux jeunes.
Le procureur a retenu les menaces ainsi que les coups et blessures volontaires. Il a estimé que le prévenu aurait «franchi une nouvelle étape». «Le pire, c’est que vous avez traumatisé des enfants à cause de votre comportement», a-t-il indiqué. «Après avoir pris trois Valium, la plupart des gens vont dormir, vous vous frappez.» Il a requis une peine de 18 mois de prison et une amende, même s’il estime que Jesse aurait davantage besoin d’«une longue thérapie» pour régler ses problèmes d’addiction. Mais, six fois condamné par le passé pour conduite en état d’ivresse, le prévenu ne devrait plus avoir droit à un sursis probatoire.
Les prononcés des trois affaires sont fixés au 10 février.