Maria* avait 15 ans quand elle a été violée par quatre jeunes hommes lors d’une soirée. En coma éthylique, elle n’en a gardé aucun souvenir, mais une vidéo atteste des faits.
Le 26 juin 2016, une fête organisée par Angelo dans son appartement de Frisange dégénère. Quatre jeunes hommes, âgés de 18 à 24 ans à l’époque, sont accusés de viol en réunion et d’attentat à la pudeur sur une mineure de moins de 16 ans. Certains des invités de cette fête sont connus de la justice luxembourgeoise, d’autres se sont rencontrés lors de séjours au centre socio-éducatif de Dreiborn. Deux d’entre eux, appelés à témoigner hier face à la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, purgent actuellement une peine de prison.
Angelo, après avoir allumé un briquet dans l’entrejambe de Maria, aurait commencé à déshabiller la jeune fille en état de coma éthylique après avoir consommé de l’alcool et du cannabis, selon le premier des quatre prévenus à être interrogés. «Daniel a pris le relais», raconte timidement Luc. Ils m’ont ordonné de participer. Pour une raison que je ne m’explique pas, j’ai obéi.»
Le jeune homme de 23 ans aurait pénétré la victime âgée de 15 ans avec son pénis alors qu’elle était inconsciente. «Vous vous êtes bien amusés, vous avez bien rigolé. Les images du téléphone le montrent. Angelo et Daniel l’ont violée aussi», lui rappelle le président de la chambre criminelle. Pendant ce temps-là, dans une chambre, Tiago aurait violé une jeune fille de 13 ans au moment des faits qui était, elle aussi, inconsciente.
« Il est invraisemblable que vous ne vous souveniez plus de rien »
«J’ai voulu partir, mais on m’a dit que la porte était fermée à clé», tente de se justifier maladroitement Luc face à un président sévère. «Angelo avait mis Luc au défi de commettre cet acte. Je ne peux pas affirmer qu’il m’a provoqué à faire de même», avance Daniel, 25 ans. Tiago les aurait rejoints plus tard. À la barre mardi, il conteste avoir violé Maria, mais reconnaît les faits commis sur la fillette de 13 ans. Pourtant, le prévenu dit ne plus se souvenir de la soirée.
«Il est invraisemblable que vous ne vous souveniez plus de rien. On se souvient toujours de quelque chose. C’est que vous ne voulez plus vous rappeler», lance le président. «Luc et un témoin disent que vous avez également violé Maria.» Et des traces de l’ADN de Maria auraient été trouvées dans son slip.
La situation dégénère
Ce même témoin a affirmé que Tiago et Angelo avaient organisé la fête dans le but de pouvoir abuser de jeunes filles. Angelo nie et affirme que «la fête était improvisée». Il conteste les faits de viol et d’attentat à la pudeur, mais reconnaît avoir filmé les faits et avoir montré les images à ses amis. Selon lui, c’est Luc qui aurait incité les autres à commettre les faits.
«J’ai commencé à filmer sûrement pour me protéger et pour montrer la vidéo à ma meilleure amie qui était en couple avec Luc à ce moment-là», explique-t-il. «Il lançait des défis aux autres.» La situation aurait encore dégénéré d’un cran après que la jeune femme, également présente, a vu la vidéo. Un de ces prétendants aurait frappé Luc qui aurait quitté les lieux. Le calme serait ensuite revenu.
La victime était fatiguée
Luc, en fugue de Dreiborn, a prévenu la police le lendemain : il aurait été forcé à boire et à violer Maria – également en fugue de Dreiborn –, notamment sous la menace d’une arme, et de coups. «Sur les images filmées par Angelo, il arbore un grand sourire», confirme l’enquêteur du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire. Mariaaffirme, quant à elle, ne s’être rendu compte de rien, contrairement à la jeune fille âgée de 13 ans qui accuse Tiago d’avoir profité de son état pour la violer.
Maria était fatiguée, raconte-t-elle hier après-midi. Elle n’avait pas dormi depuis deux jours. «Angelo a dû trouver marrant de me montrer la vidéo. Il ne m’a pas dit pourquoi il avait filmé. Moi, je n’ai rien compris sur le moment», note la jeune femme de 21 ans. «J’avais rencontré Angelo à Dreiborn.» Comme Dylan qui l’a amenée à la soirée. Pas sur demande d’Angelo, précise-t-il. «On était en fugue, on avait besoin d’un endroit où dormir», explique le témoin actuellement incarcéré. «Si j’avais remarqué quelque chose, je serais intervenu.»
Au tour des experts psychiatres et médicolégaux
Les autres jeunes présents à la fête n’ont rien fait non plus pour venir en aide à Maria. Le lendemain des faits, Angelo a organisé une nouvelle fête à son domicile à laquelle tous les protagonistes – à l’exception de Luc et de Maria – ont participé.
Mercredi après-midi, ce sera au tour des experts psychiatres et médicolégaux de s’exprimer sur les faits.
*Le prénom a été modifié