Accueil | Police-Justice | Un couple victime de « crime d’honneur » au Pakistan

Un couple victime de « crime d’honneur » au Pakistan


Le père de la jeune femme est arrêté pour le meurtre de sa fille et son beau-fils (photo: AFP)

Les corps d’un homme et d’une femme, victimes d’un « crime d’honneur » après s’être enfuis ensemble sans le consentement de leurs familles, ont été exhumés à Karachi, plus grande ville du Pakistan, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

Au moins neuf personnes ont été arrêtées en lien avec le double homicide, dont le père du jeune homme assassiné, mais plusieurs se sont échappées, selon la police.

Le propriétaire de la maison que ce couple louait avait averti les forces de l’ordre de sa disparition après ne les avoir pas aperçus trois jours d’affilée. Rentré dans la maison, il y avait découvert des taches de sang.

« L’autopsie montre que le couple a été tué par strangulation », a déclaré  le docteur Rohina Hasan, de l’hôpital public Abbasi Shaheed. Leurs dépouilles ont ensuite été placées dans des sacs de jute et enterrés dans un cimetière dans des fosses séparées, sans funérailles ni pierres tombales, selon la police.

« Tous deux ont été tués au nom de l’honneur », a affirmé l’officier de police Qasim Hameed. D’après les enquêteurs, le couple a été tué par plusieurs parents après s’être enfui sans le consentement de leurs familles.

« Nous enquêtons pour savoir si l’exécution a été décrétée par une jirga », un conseil traditionnel, a déclaré à la presse Abid Baloch, un responsable policier.

D’après la Commission des droits de l’Homme du Pakistan, un organisme indépendant, au moins 280 de ces meurtres ont été commis (à une écrasante majorité contre des femmes) entre octobre 2016 et juin 2017. Un chiffre vraisemblablement sous-estimé.

Les auteurs de ces crimes étaient jusqu’alors rarement punis, les familles pouvant pardonner aux meurtriers, souvent des proches, en échange d’une somme compensatoire, du fait d’une disposition controversée du droit islamique. Une loi a été votée en 2016, censée éradiquer ce fléau. Mais elle n’a « rien changé », selon les défenseurs des droits de l’Homme.

Le Quotidien/ AFP