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Trafic de marijuana et cocaïne : Boban B. formait une véritable « association de malfaiteurs »


À la tête de cette organisation, les enquêteurs placent Boban B. (32 ans). C'est lui qui aurait eu la vue d'ensemble sur le trafic de marijuana, de cocaïne et de speed au Luxembourg. (illustration Jean-Claude Ernst)

Les enquêteurs sont convaincus que Boban B. se trouvait à la tête d’une association de malfaiteurs spécialisée dans le trafic de drogue. Décryptage.

Plus de deux ans de trafic de drogue, un système de remise bien rodé avec, à la clé, l’objectif de s’enrichir… Pour les enquêteurs, il n’y a pas de doute : avec les neuf autres prévenus de ce procès, Boban B. formait une véritable association de malfaiteurs. «Chaque personne dans ce réseau avait un rôle clé.»

À la tête de cette organisation, les enquêteurs placent Boban B. (32 ans). C’est lui qui aurait eu la vue d’ensemble sur le trafic de marijuana, de cocaïne et de speed. C’est également lui qui aurait organisé et coordonné les contacts avec les deux équipes de fournisseurs. Les activités illégales retracées par les enquêteurs remontent de début 2012 à l’automne 2014. Outre leur durée, l’enquêteur relève leur régularité : «Il n’y a pas de doute que leur but premier était de s’enrichir

Un autre élément sur lequel s’appuie le groupe d’enquête réside dans les mesures de précaution que prenait la bande : «Ils ont utilisé beaucoup de téléphones jetables. Quand ils allaient s’approvisionner en drogue à l’étranger, ils envoyaient un éclaireur pour s’assurer qu’il n’y avait pas de contrôles de la police ou des douanes sur leur route. Et Boban B. était domicilié à l’étranger, à Kanfen (F)…» Bref, toute une série d’éléments qui ont compliqué le travail de la police.

L’enquêteur enchaîne avec la remise des stupéfiants. Là aussi, le système était bien rodé. Rien n’aurait été laissé au hasard. Pour récupérer la drogue, il était ainsi d’usage que le revendeur laisse son coffre ouvert. En son absence, la marchandise y était entreposée. «C’est pour éviter que le revendeur sache qui l’a livré. Si un maillon est débusqué, cela ne met pas directement tout le réseau en danger», analyse l’enquêteur.

Remise de cannabis : toujours au moins 1 kg

De l’enquête, il ressort qu’au moins 1 kg de marijuana était vendu à chaque remise. «Une façon de faire rapidement du bénéfice. Et cela permet également de se débarrasser vite de son stock», constate l’enquêteur.

Si Boban B. est qualifié de tête pensante de la «structure criminelle organisée», le prévenu Kevin K. occupe tout autant un rôle clé, selon le groupe d’enquête. Régulièrement, il jouait au chauffeur et au livreur ou prenait contact avec les fournisseurs à l’étranger. «Il était plus que la main droite de Boban B. C’était son partenaire dans ce trafic, estime l’enquêteur. Même si, au début, Boban B. l’a présenté comme son apprenti, il a vite appris. Grâce à sa loyauté, sa confiance aveugle et son amitié, ils ont pu mener un trafic lucratif pendant plus de deux ans.»

Sur le banc des prévenus se trouve également Frank V. À ce dernier le duo composé par Boban B. et Kevin K. aurait commandé et acheté de grandes quantités de cannabis. D’après l’enquêteur, leur business ne s’est pas arrêté avec l’arrestation de Frank V. en juin 2013 : «La confiance était telle qu’à l’époque ils ont pu poursuivre leurs affaires avec d’autres de ses connaissances.»

C’est via ses contacts aux Hells Angels que Boban B. aurait monté son trafic de cocaïne et speed : «Le prévenu Geert D. était le complice du prévenu Feti P. Il était à la fois fournisseur et livreur», retient la police.

Comme dernier maillon du réseau, l’enquêteur cite les quatre présumés revendeurs. Eux aussi auraient participé activement au trafic. «Le fait que certains produits leur étaient avancés est un signe qu’une certaine confiance régnait entre eux», illustre-t-il.

Enfin, il y a la petite amie de l’époque de Boban B. Même si elle n’aurait pas joué de rôle actif dans le trafic de drogue, elle l’aurait aidé à manier tout l’argent liquide. L’enquêteur conclut : «Après ses déclarations à la police et leur séparation, elle ne s’est pas gênée pour retourner le voir et continuer à profiter de son train de vie.»

Le procès est loin d’être terminé. À coup sûr, les prévenus et leurs avocats vont tenter de démonter cette accusation d’ «association de malfaiteurs». En effet, si le tribunal retient cette circonstance aggravante, les peines encourues par les prévenus sont beaucoup plus lourdes. Deux semaines supplémentaires au délai initialement prévu ont d’ailleurs été programmées pour ce procès. Suite des débats mardi.

Fabienne Armborst