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Trafic de drogue à Wasserbillig : 21 personnes sur le banc des prévenus


Lors de l'action menée par la police le 27 octobre 2015, la Grand-Rue à Wasserbillig était en état de siège. (Photo : Police Grand-Ducale)

À l’ouverture du procès du réseau nigérian de Wasserbillig, le principal prévenu a contesté avoir profité du trafic de drogue préparé dans son immeuble.

Le 27 octobre 2015, la police frappait un gros coup contre un réseau de stupéfiants nigérian actif dans le quartier de la Gare à Luxembourg. L’une des perquisitions avait permis de saisir 570g de cocaïne, 196 g d’héroïne et près de 1,5 kg de marihuana entreposés au 33 Grand-Rue à Wasserbillig. L’enquête avait établi que l’immeuble était mis à la disposition d’un grand nombre de dealers pour 20 euros la nuit par le principal prévenu, Joseph E.

Selon les observations de la police, entre le 1er et le 30 septembre 2015, 4 210 personnes ont été accueillies dans cet immeuble au 33 Grand-Rue à Wasserbillig où étaient préparées et cachées des substances illégales. Lors de la perquisition le 27 octobre 2015, ils étaient au nombre de 57. Depuis mardi matin, 20 hommes et une femme comparaissent devant la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement pour avoir été impliqués dans cet important réseau.

«L’hôtel le moins cher trouvé au Luxembourg»

«C’est l’hôtel le moins cher que j’ai trouvé au Luxembourg, raconte Matthew O. Les autres hôtels, c’était en moyenne 80-90 euros par nuit.» Le prévenu poursuivi pour avoir vendu 248 g de cocaïne pour 8 000 euros entre mai et octobre 2015, aurait dormi 114 fois à Wasserbillig. Or il prétend avoir seulement vendu 40 g. Et les 8 000 euros, il les aurait apportés d’Italie. «L’hébergement n’était pas si bien. Mais je n’avais pas le choix.» Le président : «Si on vient au Luxembourg avec 8 000 euros, on peut aussi s’héberger correctement.» Matthew O. : «Je suis un homme d’affaires. Si j’avais dormi pour 100 euros la nuit, je n’aurais plus eu de sous.» Le président : «Vous n’étiez pas un bon homme d’affaires. Sinon vous ne seriez pas ici…»

Sur le banc des prévenus se trouvent 18 présumés dealers, mais également le propriétaire de l’immeuble à Wasserbillig baptisé «Sleep well hotel», sa gérante ainsi que l’homme poursuivi pour avoir livré deux fois par jour les produits stupéfiants aux occupants de l’immeuble. De l’enquête, il ressort que Henry P. a vendu plus de 14 kg de drogues à Wasserbillig. Vendredi, ce dernier a envoyé un courrier au tribunal dans lequel il reconnaît avoir importé et vendu une quantité de stupéfiants à Wasserbillig. Or au cours de l’audience hier, Henry P. est revenu sur cette déclaration.

«À qui les avez-vous vendus si ce n’était pas à Wasserbillig?», l’interroge le président. Le prévenu campe sur sa position. «Lors de votre arrestation, vous aviez 800 g de cocaïne à votre domicile à Athus et 55 000 euros. Donc vous n’étiez pas un si mauvais vendeur», insiste le président. La réponse du prévenu : «Tout cela ne m’appartenait pas.»

Joseph E., le propriétaire de l’immeuble à Wasserbillig et présumé chef du réseau nigérian de stupéfiants, déclare ne pas connaître le livreur Henry P. non plus. Il conteste son implication dans le réseau. «J’étais déjà millionnaire avant que les Nigérians ne sachent que le Luxembourg est un pays. Avant la crise de Lampedusa», affirme le principal prévenu condamné en 2010 pour trafic de drogue.

Pas vendeur de drogues, mais auteur

À la barre, il explis»,que être au Grand-Duché depuis 22 ans et avoir acheté sa première maison avec un prêt en 1998. «J’ai fait huit ans d’études pour faire un master, non pour vendre des drogues. J’ai publié trois livres. Je suis un auteur.» Le parquet reproche au prévenu d’avoir indirectement profité du commerce illicite de produits stupéfiants en encaissant un loyer auprès de ses locataires. Plusieurs fois, le tribunal a interrogé Joseph E. sur son modèle d’affaires. «Mon business est de sauver des vie dit celui qui affirme avoir tenu chaque mardi une messe et avoir prié pour sauver quelques vies. Il conteste avoir exploité des personnes pour s’enrichir : «Ce n’est pas de l’esclavage. Je ne les ai pas forcées. Elles avaient le choix de partir.»

«J’ai fait cela par amour»

La seule prévenue dans ce procès s’appelle Bekky T. La gérante de l’immeuble à Wasserbillig explique avoir fait la connaissance de Joseph E. en 2009. À l’époque, elle avait rejoint le Grand-Duché comme prostituée. Longtemps, elle aurait été la maîtresse de Joseph E. En novembre 2014, il aurait mis à sa disposition une chambre dans le fameux immeuble à Wasserbillig. De l’enquête, il ressort qu’elle encaissait l’argent des locataires. C’est également elle qui s’occupait du magasin dans l’immeuble dans lequel les locataires étaient obligés de s’approvisionner en nourriture. «Je n’ai jamais travaillé pour Joseph E. J’ai fait cela par amour. Chaque femme amoureuse peut comprendre cela», se défend la prévenue. Selon elle, dans l’immeuble, on vendait également du champagne pour les clients de la prostitution. Car il y avait nombre d’hommes qui s’y prostituaient. Mais des drogues, elle n’en aurait jamais vues à Wasserbillig.

La première audience mardi aura permis d’entendre huit prévenus. Le procès prévu sur quatre semaines se poursuit ce mercredi après-midi. Après l’audition des treize prévenus restants, la parole sera aux enquêteurs. Ils sont au nombre de sept.

Fabienne Armborst

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