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Trafic de drogue à Esch : il risque 15 ans en appel


(Illustration : LQ)

Entre fin 2013 et mars 2014, le trafic de cocaïne, d’héroïne et de marijuana à Esch-sur-Alzette aurait rapporté au moins 283 000 euros. C’est ce qui ressort des calculs de l’enquêteur en charge du dossier.

Sur les six hommes condamnés en première instance début mai, seuls deux ont fait appel. Avec 10 ans de réclusion et une amende de 6 000 euros, Maher G. (31 ans) avait écopé de la plus lourde peine. Tarek T. (35 ans), quant à lui, avait été condamné à 7 ans de réclusion et une amende de 4 000 euros.

« Il n’y a pas d’organisation dans cette affaire. J’ai été au Luxembourg au maximum pendant trois mois. En trois mois, faire 283 000 euros… Il y a un problème », a affirmé le principal prévenu, Maher G., vendredi à la barre. Ce dernier conteste non seulement l’envergure du trafic qui lui est reproché, mais aussi d’avoir été à la tête de l’organisation.

Or selon l’enquête, c’est lui qui avait importé de grandes quantités de cocaïne, d’héroïne et de marijuana de Belgique et des Pays-Bas. C’est également lui qui aurait contrôlé le trafic et discuté avec les clients quand il y avait négociation des prix. « J’ai fait une erreur, mais je ne suis pas le chef d’organisation pour quelques boules , s’est-il expliqué. Par jour, j’ai vendu au maximum pour 400 euros .»

D’après l’enquête, l’essentiel du trafic s’était déroulé dans le quartier du Brill à Esch-sur-Alzette, mais encore dans certains locaux de la rue du Canal, de l’avenue de la Gare ou dans la rue Saint-Vincent. « Les autres prévenus disent que c’est vous qui les avez approvisionnés en drogues et c’est à vous qu’ils redonnaient l’argent », a rappelé la présidente de la Cour d’appel au prévenu. Pour autant, Maher G. n’a pas changé sa version. Il nie avoir été chercher la drogue à Liège et à Maastricht. Il l’aurait achetée auprès d’un Brésilien à Esch-sur-Alzette.

«Un trafic d’extrême bonne qualité»

Le deuxième prévenu, Tarek T., qui, toujours selon l’enquête, a épaulé Maher G., a également tenté de minimiser son rôle devant les juges de la Cour d’appel. « La vente était juste pour ma consommation personnelle », s’est-il défendu.

Le jour de son arrestation il avait toutefois décrit Maher G. comme son chef. Vendredi, il a tenu à préciser que ce jour-là il était en manque et qu’il ne faut pas retenir ce qu’il a dit à ce moment. « C’est seulement au bout de trois mois que j’ai réalisé que j’étais en prison », a-t-il, par ailleurs, prétendu.

Quant à la déclaration selon laquelle il avait à l’époque accompagné Maher G. à plusieurs reprises pour importer de la drogue, il ne s’en souvenait pas.

D’après M e Pim Knaff, l’avocat à la défense de Maher G., les coprévenus se sont acharnés sur son mandant : « Mon mandant avait la drogue. Voilà pourquoi les autres le considèrent comme le chef. » Rien ne permettrait non plus d’affirmer que le chiffre d’affaires du trafic de drogues s’est élevé à 283 000 euros.

Comme son confrère, l’avocate à la défense de Tarek T. a demandé de réduire la peine prononcée en première instance et de ne pas retenir l’association de malfaiteurs.

Pour le parquet général, l’organisation est pourtant évidente dans ce dossier. En effet, tous les prévenus sauf Maher G. auraient parlé de l’association. Dans son réquisitoire, l’avocat général Mylène Regenwetter a donné lecture de la déposition de l’un des trois rabatteurs : « À la tête, il y avait Maher G. Après il y avait Tarek T .»

« Nous avons une enquête ficelée dans cette affaire. Les repérages, les écoutes et les observations montrent qu’il y avait un trafic de drogue d’extrême bonne qualité », a enchaîné Mylène Regenwetter avant de demander à la Cour de condamner Maher G. à une peine de réclusion de 15 ans. Elle a indiqué que ce n’est pas sa première affaire en matière de trafic de drogue. Car en Italie il est également recherché pour trafic de stupéfiants.

Contre Tarek T., dont le « rôle était moins important que celui de Maher G. », elle a requis la confirmation de la peine de première instance. Quant aux amendes, elle a demandé leur confirmation.

La Cour d’appel rendra son arrêt le 1er décembre.

Fabienne Armborst

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