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Trafic d’armes: 10 ans requis contre Hermant


Claude Hermant était jugé à Lille avec neuf autres personnes. (Photo: AFP)

Le ministère public a requis dix ans de prison, contre Claude Hermant, un militant de l’extrême droite lilloise jugé pour trafic d’armes en bande organisée dont six ont servi à Amedy Coulibaly dans l’attentat de l’Hyper Cacher. Son avocat a plaidé la relaxe de son client qui était un «indic» des douanes et des gendarmes.  Le jugement sera rendu le 9 octobre.

«Amalgame» de la procédure et «opération sauvetage de la gendarmerie»: l’avocat de Claude Hermant a plaidé samedi à Lille la relaxe de son client. Figure de l’extrême droite identitaire lilloise, âgé de 54 ans, Claude Hermant est en détention provisoire depuis janvier 2015. Il est le principal mis en cause dans cette méandreuse affaire comptant dix prévenus et portant sur quelque 500 armes, jugée en correctionnelle après deux ans et demi d’instruction.

«Je plaide la relaxe à 99%», a déclaré Me Maxime Moulin, son avocat, affirmant qu’à l’exception de trois armes, «la légalité et l’absence de réactivation» de toutes les autres ne faisaient pas de Claude Hermant un «coupable». «L’achat d’armes est légal», a démontré Me Moulin, s’engouffrant dans les «interstices» juridiques de la réglementation française et européenne en matière d’armes, «la pierre angulaire» sur laquelle le parquet aurait dû «s’interroger plus longtemps».

L’arsenal acquis en Slovaquie via la société de la compagne de Claude Hermant, «ce ne sont pas des armes mal neutralisées mais des armes de tir à blanc», a-t-il distingué, ajoutant que leur réactivation n’était démontrée par «aucune expertise».

«Ils se sentaient couverts par la loi»

Le ministère public avait requis vendredi à l’encontre de Claude Hermant dix ans de prison, soit la peine maximale encourue, ainsi que 150 000 euros d’amende, en raison de ce trafic mais aussi de «l’immense escroquerie des déclarations de Claude Hermant». Le spectre omniprésent au procès de l’attentat de l’Hyper Cacher a ressurgi dans la bouche du magistrat Jean-Philippe Navarre lors de son réquisitoire vendredi: «On peut importer par petites quantités et non pas par containers, mais nous savons malheureusement qu’avec seulement des dizaines d’armes, on peut faire des centaines de morts.»

Les dépositions à la barre de gendarmes mercredi -, aux récits confus conduisant à s’interroger sur un «blanc-seing» dont le prévenu aurait pu bénéficier de leur part -, et d’un douanier jeudi, soupçonné d’en avoir profité pour lui acheter une arme, ont jeté le trouble sur le rôle des forces de l’ordre. «C’était le bal des faux-culs», a ironisé Me Moulin, dénonçant une «incitation à la commission d’une infraction» de la part des militaires aux pratiques flirtant avec «la barbouzerie» pour obtenir plus que de simples renseignements. Claude Hermant avait plusieurs fois relié ses approvisionnements à sa mission d’informateur et d’infiltré.

Les 10 prévenus, «à chaque fois qu’ils faisaient quelque chose de répréhensible, ils se sentaient couverts par la loi et leur statut d’informateurs», a reconnu Cyndra Celino, l’autre magistrat du parquet.

Le commerce auquel se livraitClaude Hermant  a, en bout de chaîne, fini par équiper Amedy Coulibaly, auteur de l’attentat de l’Hyper Cacher. Six armes, dont des pistolets Tokarev, sont tombées dans les mains du djihadiste qui a assassiné en janvier 2015 quatre personnes dans un Hyper Cacher à Paris, avant d’être tué. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge (Hauts-de-Seine).

La décision a été mise en délibéré et sera rendue le 9 octobre à 14H00.

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