Un automobiliste de 66 ans était poursuivi pour refus d’obtempérer, violence, outrage, acte d’intimidation envers un policier municipal. Son 4 x 4 était mal garé devant un commerce à Thionville et la situation avait dérapé. Il vient d’être condamné par le tribunal correctionnel.
La version de la police n’est pas tout à fait celle du prévenu. Mais cette fois, l’intéressé est un homme de 66 ans, entrepreneur immobilier, jamais condamné. Il se tient à la barre, calme, bras croisés, lunettes sur le nez. Il sourit, hausse les épaules à la lecture de la procédure qui le renvoie devant le tribunal correctionnel.
Le 4 décembre 2020, au matin, il gare son 4 x 4 blanc devant le tabac pour acheter son journal, comme il en a l’habitude, route des Romains à Thionville. Deux policiers municipaux entrent dans le commerce et demandent à qui appartient le véhicule mal garé. L’automobiliste prend le temps de payer. Lorsqu’il sort, les policiers sont en train de le verbaliser.
Et c’est là que ça monte, « cran par cran », détaille le procureur de la République, Brice Partouche. « Je me gare où je veux. Les riverains, je n’en ai rien à faire, je bougerai mon véhicule quand bon me semblera », interprète le magistrat. « Monsieur n’a jamais eu l’intention de respecter les règles. Il démarre son véhicule quand on lui annonce le contrôle. Il referme la portière sur le policier », poursuit-il, en s’appuyant sur les déclarations des agents.
Ces derniers racontent que le prévenu les a traités d’« hydrocéphales », « de gardes champêtres », avec dédain. Puis il leur a précisé qu’il connaissait leur patron avant de saisir son téléphone pour appeler le maire. « Si vous continuez comme ça, c’est vous qui passerez un sale quart d’heure », comprend le procureur.
« C’est le Far West »
La scène a été filmée par les caméras dont sont équipés les policiers sauf que les images sont introuvables. Plus de deux ans après les faits, le sexagénaire était jugé ce mardi pour violence, outrage, intimidation sur une personne dépositaire de l’autorité publique et pour refus d’obtempérer. Il se défend de tout.
« Il y avait du monde au bureau de tabac, j’achetais mon journal, c’était une question de seconde », justifie-t-il. Le prévenu estime que son véhicule ne gênait pas et dénonce le ton sur lequel les policiers lui ont parlé. « J’ai eu l’impression d’être un chien », dit-il. Il a démarré son 4 x 4 pour allumer le chauffage car il a des problèmes de santé. Et il s’est permis d’utiliser le terme « hydrocéphale » car il trouvait que les policiers avaient « la grosse tête ». Enfin, il réfute tout coup de pression. « Je suis contribuable thionvillois », glisse-t-il. Voilà qui lui donnerait le droit de donner son avis sur la Municipale.
« C’est le Far West dans son esprit : Monsieur paie et en plus il connaît le shérif », ironise le procureur. « La citoyenneté ne se limite pas au fait de payer ses impôts », rappelle-t-il.
Le tribunal suit ses réquisitions et condamne l’automobiliste à une amende de 5 000 euros dont 2 000 euros avec sursis. Il devra effectuer un stage de citoyenneté dans un délai de six mois. S’il ne le respecte pas, il encourt une peine de deux mois de prison.