Accueil | Police-Justice | Suicide au sommet de l’armée chinoise

Suicide au sommet de l’armée chinoise


Le général Zhang était l'une des dernières cibles en date de la campagne anticorruption du président Xi Jinping: l'opération a déjà puni 1,5 million de cadres du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir en l'espace de cinq ans. (photo: AFP)

Accusé d’avoir encaissé des pots-de-vin, l’un des plus hauts responsables militaires chinois s’est suicidé, un cas rarissime parmi les dirigeants du pays depuis le lancement en 2012 de la campagne anticorruption du président Xi Jinping.

Le général Zhang Yang, membre de la Commission militaire centrale (CMC) étatique, s’est pendu à son domicile le 23 novembre, a indiqué mardi le ministère chinois de la Défense dans un communiqué.

Il avait été placé fin août sous enquête pour corruption et était lié à d’autres très hauts gradés tombés pour la même raison, a révélé la même source.

« Il est avéré que Zhang Yang a gravement violé la discipline et la loi. Il est soupçonné d’avoir versé et reçu des pots-de-vin et n’a pu clarifier la provenance de biens de grande valeur », a précisé le ministère.

Le général Zhang était l’une des dernières cibles en date de la campagne anticorruption du président Xi Jinping: l’opération a déjà puni 1,5 million de cadres du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir en l’espace de cinq ans.

« Répugnante »

L’homme fort de Pékin appelle depuis plusieurs années à s’en prendre aux « mouches » (les petits cadres) et aux « tigres » (les hauts responsables), au sein du gouvernement mais aussi de l’armée. Pilier du régime, cette dernière est forte de plus de 2 millions d’hommes.

Les suicides d’hommes politiques et de chefs d’entreprises publiques accusés de corruption ne sont pas rares. Mais les très hauts dirigeants étatiques et militaires impliqués dans ces affaires mettent rarement fin à leurs jours.

« Se soustraire aux sanctions de la discipline du Parti et de la loi en commettant un suicide est une conduite répugnante », a estimé un commentaire publié mardi sur le site officiel de l’armée chinoise.

Le général Zhang Yang était visé en raison de liens présumés avec Guo Boxiong et Xu Caihou, les deux ex-plus hauts gradés de l’armée chinoise, tombés pour corruption ces dernières années.

La Commission militaire centrale (CMC), dont il faisait partie, est présidée par Xi Jinping. C’est le plus haut organe politique chinois supervisant l’armée. Début novembre, elle avait exigé des soldats et des officiers qu’ils soient « parfaitement loyaux, honnêtes et dignes de confiance » vis-à-vis du président.

Des grades en vente

A la CMC, le général Zhang était responsable de l’attribution des postes au sein de l’armée: il disposait ainsi d’un pouvoir considérable.

« En l’espace de plus de 20 ans, de nombreux responsables aux échelons intermédiaires ou supérieurs ont acheté leurs grades, qui étaient mis en vente. Tous les niveaux sont probablement touchés », a déclaré Ni Lexiong, professeur à l’Institut de recherche sur la stratégie de défense à Shanghai.

Selon lui, les mauvaises pratiques sont si présentes au sein de l’armée que la lutte anticorruption est menée dans des conditions difficiles.

« Ne faire tomber personne, ce n’est pas envisageable. Mais attraper tout le monde non plus », estime le professeur. « Il faut traiter les affaires au cas par cas et attraper les corrompus les plus emblématiques. »

Le Quotidien/ AFP