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SMS intempestifs : l’ex harceleuse doit se faire soigner


Ils se sont séparés en 2010. Depuis, elle n'a cessé de lui envoyer d'innombrables messages. (Illustration : AFP)

Pour avoir bombardé son ex de messages et appels intempestifs, une quadragénaire a été condamnée, lundi après-midi, à un an de prison avec sursis. Placée sous le régime du sursis probatoire, elle a notamment l’obligation de suivre un traitement en vue de soigner sa dépendance à l’alcool.

«Le record, c’était 182 SMS en une nuit.» Ils se sont séparés en 2010. Depuis, elle n’a cessé de lui envoyer d’innombrables messages. Neuf ans que cela dure. «C’est toujours la même litanie : « Chéri, si on était encore ensemble… »» Littéralement à bout de nerfs, l’ex-compagnon de la prévenue, âgée de 48 ans, s’était présenté fin septembre à la barre de la 9e chambre correctionnelle. Depuis leur séparation, il a reçu un paquet de messages et d’appels téléphoniques de son ex.

Placée sous contrôle judiciaire depuis novembre 2017, elle n’a visiblement toujours pas compris qu’elle devait arrêter de le contacter. «Le 17 août, c’étaient 89 SMS et six appels.» Même après qu’elle a reçu la convocation pour l’audience au tribunal, cela ne s’est pas arrêté. La preuve, ce sont les 14 messages reçus le 15 septembre sur son répondeur entre 3 h 20 et 4 h 11!

D’après l’experte psychiatre qui avait rencontré la quadragénaire en novembre 2018, elle ne niait pas avoir envoyé les nombreux SMS. La séparation aurait été un véritable coup dur pour elle. Entre la peur de devoir retourner en Russie, les problèmes financiers, les discussions autour de la garde de leur enfant en commun… oui elle se serait mise à boire.

«Il faut vous reprendre en main»

«Il faut vous reprendre en main. Ce n’est pas en recourant à l’alcool que vous vous rendrez service», avait dit la présidente pour tenter de raisonner la prévenue après avoir jeté un coup d’œil à son casier judiciaire : elle n’en est pas à sa première condamnation pour ivresse au volant.

Sur le banc des prévenus, tout au long du témoignage de son ancien compagnon, les larmes de la quadragénaire n’avaient cessé de ruisseler sur ses joues. «Je veux qu’on communique normalement. Qu’il accepte que je suis là et que je serai toujours là pour ma fille.» C’étaient ses mots en s’avançant à la barre. Même refrain lorsque la présidente lui avait fait remarquer que, placée sous contrôle judiciaire, «l’une des conditions était de ne plus prendre contact» avec son ex : «Ma fille me manque énormément. J’ai besoin de nouvelles de ma fille.»

«Je suis d’avis que Madame ne réalise pas qu’elle a un problème et qu’elle ne fait qu’empirer la situation», avait déploré la représentante du parquet. «C’est un peu facile de dire : « Je veux voir ma fille. » Pourquoi ces insultes, ces menaces…? Est-ce que c’est avec cela que vous espérez arriver à vos fins? Même si la situation n’est certainement pas facile à vivre – un couple avec un enfant qui se sépare –, j’ai l’impression que Madame a tendance à minimiser les faits qu’on lui reproche.»

«La seule qui pleure, c’est moi»

Pour qu’elle comprenne que son comportement n’est pas approprié, le parquet avait demandé au tribunal de condamner la prévenue à douze mois de prison et à une amende appropriée. Cette peine devait être assortie d’un sursis probatoire avec l’obligation de suivre une thérapie pour soigner son problème d’alcool et de se soumettre à un traitement psychiatrique ou psychologique. «Elle a besoin d’aide pour digérer tout ce qui s’est passé ces dernières années et aussi pour regagner la confiance de sa fille.»

Si la 9e chambre correctionnelle n’a pas prononcé d’amende lundi après-midi, pour le reste elle a suivi les réquisitions du parquet sur toute la ligne. La quadragénaire est placée sous le régime du sursis probatoire pour une durée de trois ans. L’ex-compagnon se voit, pour sa part, allouer 1 500 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral ainsi qu’une indemnité de procédure de 500 euros. Lorsque ce dernier s’était constitué partie civile, la réponse de la prévenue en avait dit long sur son état d’esprit : «Je peux le rembourser petit à petit. Mais la seule qui pleure, c’est moi. Pas lui.»

La quadragénaire a 40 jours pour interjeter appel contre le jugement.

Fabienne Armborst