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Serveur poursuivi pour viol : le procès suspendu


Le procès du trentenaire poursuivi pour viols et attentats à la pudeur sur les deux filles de son patron entre mars 2013 et avril 2014 devait s'étirer sur toute la semaine. (photo LQ)

En livrant de nouveaux documents desservant la défense du prévenu, la partie civile est venue chambouler le procès. Les débats ont été suspendus.

« Ce n’est pas de cette façon qu’on prépare un dossier devant la chambre criminelle », a lancé mercredi après-midi la présidente de la 13 e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement.

Le procès du trentenaire poursuivi pour viols et attentats à la pudeur sur les deux filles de son patron entre mars 2013 et avril 2014 devait s’étirer sur toute la semaine. Or mercredi les débats ont dû être suspendus. La raison? Il s’avère qu’à l’issue de la première audience la veille, l’avocate de la partie civile représentant les deux filles mineures a remis au parquet de nouvelles pièces, à savoir des échanges de mails et de tweets.

Me Hakima Gouni explique que sa mandante lui a envoyé les documents dès le mois août 2014, mais que ce n’est que lundi qu’elle les a trouvés. « Je les ai retrouvés dans mes courriers spam après que ma cliente m’en a informée », précise-t-elle. Jusqu’à présent, le dossier ne comportait pas de messages compromettants pour le prévenu. Les filles avaient certes déclaré aux enquêteurs avoir été harcelées via SMS par le serveur qui travaillait dans le restaurant de leur père. Mais l’analyse des numéros dans leurs portables n’avait pas permis de confirmer ces contacts.

La défense du prévenu a quelques doutes quant à ces nouvelles pièces versées mardi par la partie civile. « Les messages échangés seraient apparus alors qu’on les cherchait depuis deux ans et demi , soulève Me Pim Knaff. Je trouve cela extrêmement déplorable que les pièces aient seulement été versées hier (mardi), alors que Me Gouni dit être en charge du dossier depuis 2014 .»

L’avocat à la défense du prévenu s’interroge sur l’origine, l’authenticité et la date de ces documents. Il ordonne la suspension des débats et demande un complément d’enquête en ajoutant que son client conteste être l’auteur de ces messages. Il poursuit  : « Je ne sais pas si les messages ont été sélectionnés. On voit surtout des messages de mon client. Mais il n’y a jamais de réponse de l’autre partie. Je ne vais pas me fier à ces pièces. »

Vers un complément d’enquête

« La chambre criminelle non plus. Ces pièces sont d’une importance certaine », intervient la présidente en notant au passage que le prévenu a obtenu un non-lieu pour harcèlement obsessionnel.

La représentante du ministère public estime également qu’il est nécessaire de clarifier qui a envoyé quels messages à qui. « Car il y a aussi des pseudonymes qui ont été employés. »

Après une courte suspension, la chambre criminelle a annoncé prendre sa décision en délibéré. Mercredi prochain, elle se prononcera. Les enquêteurs de la police judiciaire seront chargés d’établir un nouveau rapport. À la fin de l’enquête, les portables ont été restitués aux filles, mais la section nouvelles technologies dispose d’une copie de l’exploitation de leurs données.

L’enquête avait été ouverte le 19 mai 2014 quand le père avait déposé une plainte contre le serveur pour abus sexuels sur ses filles. Or, deux jours avant, ce dernier s’était plaint à la police d’avoir été exploité au travail. Simple coïncidence temporelle ou acte de vengeance?

Fabienne Armborst

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