Une nouvelle collision impliquant un chauffeur déjà frappé en 2017 (!) a eu lieu le 16 octobre, à Bettembourg, sans communication de la part des CFL et de la SNCF. Ce qui ne fait que relancer la méfiance à l’égard de la sécurité du rail à la frontière.
Loin de lui la volonté de rejeter la responsabilité sur « les uns ou les autres »… Mais avec ce nouvel accident, confirmé seulement lundi par les CFL sous la pression syndicale, Christophe Achoub, responsable à la CGT cheminots Lorraine, déplore une situation en matière de sécurité à la frontière «qui reste floue». Et pour le dire franchement, taboue.
Le même chauffeur qu’en 2017 !
Les faits se sont déroulés à Bettembourg, sur les voies de triage du fret. Le même conducteur de train SNCF qui avait vécu la collision terrible de février 2017 a de nouveau été heurté en «nez à nez», la vitesse en moins, par des wagons de marchandises cette fois! On imagine le choc mental pour ce dernier, qui avait subi une incapacité de travail de huit mois après la collision de février 2017.
Problème, ni la SNCF ni les CFL n’ont communiqué sur les faits.
Pas de «mesures solides» depuis 2017
«C’est à force de cacher les choses que l’on crée de la méfiance, estime Christophe Achoub. J’ai vécu la collision tragique de 2006 (NDLR : à Zoufftgen), puis celle de février 2017. Ce genre de nouvel accident montre que la coordination sur la sécurité est loin d’être réglée à la frontière.»
Le responsable syndicat note d’ailleurs : «Les mesures d’urgence mises en place en 2017 après la collision perdurent encore aujourd’hui : les mécanos ne peuvent pas intervenir pour de la maintenance dans un rayon de trois kilomètres de la frontière sans une procédure spéciale… Cela montre bien que l’on n’a rien à proposer de plus solide en attendant.»
Les syndicats français en font-ils trop?
Les syndicats français en font-ils trop? C’est ce que laisse entendre une source de l’administration luxembourgeoise, que nous avons pu contacter. «C’est la position des CFL et de la SNCF qui est un peu légère sur le sujet, rétorque un responsable d’un autre syndicat, la CFDT cheminots. On sent la volonté d’être le plus discret possible à la frontière, alors qu’un évènement de ce type mérite un comité employeurs-employés extraordinaire.»
Chez SUD Rail, le ton est carrément donné : «Il n’y a pas trop de procédures au Luxembourg, c’est « j’appuie sur le bouton et ça repart ». […] Le fonctionnement du rail est trop permissif de l’autre côté de la frontière, et ça nous fait peur.»
Hubert Gamelon