Accueil | A la Une | Le jour de ses 18 ans, il jetait des pierres… sur l’A13

Le jour de ses 18 ans, il jetait des pierres… sur l’A13


Sur l'autoroute, les agents avaient ramassé 19 pierres d'environ 20 à 90 mm. (illustration Editpress)

Le 1er septembre 2016, en revenant de la Fouer, éméché, il avait jeté des pierres sur l’A13 depuis un pont entre Schifflange et Kayl. Son procès a eu lieu lundi.

« Je circulais sur l’A13 de Schifflange en direction de Dudelange quand j’ai entendu un bruit : un gros boum. » Plusieurs automobilistes avaient été effrayés ce soir du 1er septembre 2016. «Au début, j’ai pensé à un pneu qui a éclaté», relatait lundi après-midi un père de famille qui avait sa femme et sa petite fille de trois ans dans son véhicule. Fort heureusement, les pierres n’avaient endommagé que son antenne et la tôle. Deux autres véhicules avaient subi des dégâts au niveau de la calandre.

Il était autour de 21h40 quand la police avait reçu deux appels au 113 signalant des individus en train de jeter des pierres sur l’A13 depuis un pont entre Schifflange et Kayl. Trois jeunes âgés de 18, 17 et 16 ans avaient été interpellés. Dans un premier temps, ils avaient mené les forces de l’ordre sur une fausse piste. Ils avaient indiqué avoir vu deux autres personnes rôder dans les environs… Mais le trio venait tout juste d’arriver à la gare de Noertzange quand les agents les avaient rappelés. Et ils avaient reconnu leurs méfaits. Sur l’A13, les agents avaient ramassé 19 pierres d’environ 20 à 90 mm.

« Sans doute par ennui »

«Mon intention n’était pas de viser les voitures», s’est défendu l’aîné du trio à la barre. C’est le seul qui a été renvoyé devant la 9e chambre criminelle. Car contrairement à ses copains, il était majeur au moment des faits. C’était le jour de ses 18 ans, d’ailleurs. Ils avaient passé le début de la soirée à la Schueberfouer avant de rentrer en train à Noertzange. Ils y avaient bu une autre bière chacun, raconte-t-il, avant de se diriger par la piste cyclable vers le pont traversant l’autoroute. Sur la voie ferrée adjacente, ils avaient trouvé les fameuses pierres.

«C’était une idée stupide de jeter des pierres. L’idée est sans doute venue en buvant la bière», poursuit le jeune homme, âgé aujourd’hui de 20 ans. Il insiste que c’était leur idée à tous les trois. Mais une véritable explication pour cet acte, il n’en a pas livré : «Sans doute par ennui. On n’est pas resté plus longtemps à la Schueberfouer, car on n’avait plus d’argent…» Il dira encore avoir entendu une affaire similaire dans les médias allemands. Si lundi il a insisté pour dire qu’il ne voulait en aucun cas viser une voiture, à l’expert neuropsychiatre il avait expliqué qu’il voulait voir quel effet cela faisait.

D’après le spécialiste, il est nécessaire que le jeune homme poursuive une thérapie. Certes le prévenu, qu’il décrit comme «insouciant», présenterait des traits d’un trouble de personnalité dyssociale, mais en aucun cas cela n’aurait altéré ses capacités de discernement. Dans sa plaidoirie, Me Pim Knaff a, par ailleurs, mis l’accent sur le manque de maturité relevé par l’expert et demandé de prononcer une peine assortie intégralement d’un sursis probatoire.

Sept ans requis, dont deux ferme

Du côté du parquet, un autre son de cloche s’est fait entendre. «Il est bien à considérer comme le chef de bande. Sans lui, les deux autres n’auraient pas eu l’idée de jeter des pierres», a martelé sa représentante qui regrette le vide dans la législation : «Ici, l’infraction de mise en danger d’autrui aurait mis dans le mille.» Comme seule circonstance atténuante, elle relève le jeune âge du prévenu. Et de soulever que six mois après sa sortie de détention préventive, il a été interpellé pour un vol avec violence.

La représentante du parquet a fini par requérir sept ans de réclusion, dont deux ans ferme au minimum. Le reste de la peine pourrait être assortie du sursis probatoire. Elle propose les obligations suivantes : un apprentissage dans un atelier protégé, un traitement psychiatrique et l’indemnisation des victimes. Un automobiliste qui se rendait au travail ce soir-là demande en effet 1 000 euros au titre du dommage moral. Et une compagnie d’assurance réclame 1 300 euros de dommages et intérêts ainsi qu’une indemnité de procédure de 500 euros.

Prononcé le 12 novembre.

Fabienne Armborst

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.