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Réseau de stupéfiants nigérian de Wasserbillig : Bekky T. clame son innocence


«J'étais juste une femme tombée amoureuse.» Plus d'une fois, Bekky T. a lâché cette phrase mercredi après-midi devant la Cour d'appel. (illustration Alain Rischard)

Pendant de longues heures, la Cour d’appel a entendu les 18 présumés revendeurs du réseau de stupéfiants nigérian de Wasserbillig. Mercredi, c’était au tour de deux principaux prévenus de s’expliquer. Bekky T. conteste avoir été membre du réseau de stupéfiants nigérian. Elle aurait récolté des loyers pour le propriétaire du «G33», Joseph E., «par amour».

Bekky T. n’est pas connue pour avoir importé ou proportionné de la drogue. Mais c’est elle qui aurait eu en main la gestion du «G33» à Wasserbillig où un grand nombre de revendeurs étaient hébergés pour 20 euros la nuit. En première instance, elle a été condamnée à neuf ans de prison, dont trois avec sursis, et 2 500 euros d’amende.

«Je suis innocente ! Je n’ai rien à voir avec le trafic de drogue.» À la barre de la Cour d’appel mercredi après-midi, Bekky T. a contesté avoir vu de la drogue à Wasserbillig et tenté de minimiser son rôle. Elle explique avoir mis pour la première fois les pieds au «G33» en novembre 2014 : «Quand je suis arrivée à Wasserbillig, il y avait un homme qui travaillait pour Joseph E. La seule chose que j’ai faite, c’est que je l’ai assisté.» Le président l’a coupée net : «Les autres prévenus entendus jusqu’à présent ont très peu parlé de cet homme. Par contre, ils disent vous avoir payé le loyer.» «Beaucoup ont également dit que vous étiez souvent de mauvaise humeur», a-t-il renchéri.

Bekky T. est arrivée au Luxembourg en 2000 en tant que prostituée, affirme-t-elle. C’est en septembre 2009 qu’elle aurait fait la connaissance de Joseph E. «J’étais juste une femme tombée amoureuse.» Plus d’une fois, Bekky T. a lâché cette phrase mercredi après-midi. Selon elle, toutes les femmes amoureuses auraient agi comme elle. «Il m’est arrivé de récolter l’argent des locataires et de le remettre à Joseph E. Mais je ne suis jamais allée à la banque.» «Je ne suis pas propriétaire du bâtiment, a-t-elle ajouté. Je n’ai jamais su d’où venait l’argent. J’étais juste amoureuse.»

Le 27 octobre 2015, lors de son arrestation, 10 500 euros avaient été retrouvés dans sa chambre. Mais selon elle, cet argent n’aurait rien à voir avec le paiement du loyer. Il serait issu de son travail au noir et de la prostitution.

Henry P. conteste les quantités vendues

D’après les observations de la police, le présumé fournisseur en drogues, Henry P., se rendait tous les matins au «G33». Le président avait a peine évoqué cet élément de l’enquête que déjà Bekky T. répondait du tac au tac : «Je ne sais pas qui c’est. Mais au ‘G33’ vivaient beaucoup de prostituées.»

Le principal prévenu, Joseph E., sera entendu lundi par la Cour d’appel. En fin d’audience mercredi, c’était au tour du prévenu Henry P. Ce dernier est poursuivi pour avoir livré quotidiennement les drogues au «G33», soit un total estimé à 14 kg de cocaïne pure entre le 2 juillet et le 26 octobre 2015. Le jour de son arrestation, il avait 793 g de cocaïne et 55 000 euros à son domicile à Athus (B). En première instance, le quadragénaire a écopé de 15 ans de réclusion et de 10 000 euros d’amende.

«J’ai fait appel, car la peine est bien trop importante. Oui, j’ai bien vendu de la drogue, mais pas de l’envergure indiquée dans le jugement.» Lui aussi conteste avoir été impliqué dans une quelconque association de malfaiteurs. Avant même que le président ne lui pose la première question, il avait déjà tenu à souligner : «Je ne sais absolument rien sur Joseph E. et Bekky T.» Certes il serait venu au «G33», mais pas pour livrer des drogues. Il s’y serait rendu pour voir son ami. Sous le feu des questions, il a fini par reconnaître qu’il lui arrivait d’avoir des rendez-vous au «G33» et d’y avoir vendu de la drogue. «Mais ce n’était pas tous les jours», a-t-il aussitôt précisé.

Depuis 2004, Henry P. se trouve en Europe. Il n’en est pas à son premier séjour en prison. Il a déjà été incarcéré en Suisse et en Italie. «Je ne peux retourner au Nigeria, considère-t-il. Cela serait risqué, car je dois de l’argent à quelqu’un. C’est aussi la raison pour laquelle je me suis lancé dans la drogue.»

Fabienne Armborst

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