Le parquet avait requis 18 mois de prison et une amende contre cinq manifestants poursuivis pour s’être rebellés contre la police en 2014 au Kirchberg.
Les faits reprochés aux manifestants de la marche «March for Freedom – Freedom not Frontex», âgés de 25 à 38 ans et originaires de plusieurs pays (Tchad, Pakistan, Turquie, Luxembourg et Allemagne) remontent au 5 juin 2014. Ce jour-là se tenait au Centre de conférences du Kirchberg une réunion des ministres de l’Intérieur et de la Justice de l’Union européenne.
À la barre du tribunal correctionnel, les prévenus poursuivis pour rébellion et coups et blessures volontaires avaient affirmé que les policiers avaient été violents les premiers place de l’Europe. Le parquet estimait toutefois qu’il n’y a pas eu usage disproportionnée de la force de la part de la police. Selon le ministère public, ce sont les manifestants qui sont venus de façon organisée au Luxembourg pour provoquer des débordements et chercher la confrontation avec la police : «Ils se sont défendus, ils ont résisté. Ils avaient des bâtons avec eux, ils ont fait des sit-in, ils avaient des bouteilles d’eau pour se rincer le visage en cas d’emploi de spray au poivre…» «Que personne ne dise que les policiers sont à l’origine de tout cela», avait-il conclu avant de requérir dix-huit mois de prison et une amende de 2 000 euros à l’encontre des cinq prévenus. Comme le sixième n’avait pas été valablement touché, le parquet avait demandé la disjonction. Il sera donc jugé à part.
Dans son jugement prononcé jeudi matin, la 18e chambre correctionnelle est restée bien en deçà des réquisitions. Le prévenu qui ne s’est pas présenté au procès a écopé de six mois de prison ferme et de 1 500 euros d’amende. Les quatre autres ont été condamnés à six mois avec sursis et 1 000 euros d’amende. Enfin, le tribunal a prononcé la confiscation de plusieurs couteaux, lance-pierres, et barres de métal.
Près de 4 500 euros à verser à cinq policiers
Cinq policiers s’étaient constitués parties civiles. Ils réclamaient un total de 24 500 euros pour le préjudice moral subi. Au final, les manifestants condamnés doivent leur verser autour de 4 500 euros de dommages et intérêts. En ce qui concerne la partie civile de l’administration des Bâtiments publics, réclamant 2 000 euros pour le nettoyage des lieux, le tribunal s’est déclaré incompétent.
Les avocats à la défense des quatre prévenus présents avaient plaidé l’acquittement. À la sortie de la salle d’audience jeudi matin, Me Sam Ries considérait que les peines prononcées étaient trop élevées : «Des peines de six mois ont été prononcées. Mais le tribunal a aussi constaté qu’il y a eu dépassement du délai raisonnable.» Il poursuit : «Pour nous, ce qui s’est exactement passé n’a pas été clairement établi. Les circonstances étaient difficiles pour les deux côtés.» Il n’exclut pas un deuxième procès. Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.
Fabienne Armborst