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Poursuivi pour trafic de drogue : il fouille dans la haie, la police le cueille


Dans le cadre de cette opération antidrogue, tout un dispositif avait été mis en place : des agents étaient postés derrière les écrans des caméras de surveillance Visupol et des policiers en civil étaient sur le terrain. (Photo : archives lq/Fabrizio Pizzolante)

La cocaïne et la marijuana étaient peut-être bien cachées dans le quartier Gare à Luxembourg… mais le jeune homme avec sa casquette rouge était moins discret. Lors de son opération le 4 septembre 2019, la police l’avait vite repéré. Son procès a eu lieu mercredi après-midi.

S’il avait juste fait un saut chez le coiffeur, bu un verre au café, puis couru prendre un train pour rentrer, il n’aurait probablement jamais attiré l’attention de la police, ce 4 septembre 2019. Mais ce n’était pas tout à fait le programme de Festus I. ce mercredi après-midi-là. Coiffé d’une casquette rouge et avec son t-shirt rouge, il ne passait pas inaperçu. Ses va-et-vient dans le quartier de la Gare à Luxembourg et plus particulièrement entre la rue de Strasbourg et la rue Jean-Pierre-David-Heldenstein avaient fini par attirer les soupçons. Dans le cadre d’une opération antidrogue, l’équipe de la police de la Gare, épaulée de cinq enquêteurs de la police judiciaire, avait en effet mis en place tout un dispositif.

Des agents postés derrière les écrans des caméras de surveillance Visupol signalaient à leurs collègues en civil sur le terrain le moindre déplacement suspect. En raison de ses contacts furtifs et poignées de mains, Festus I. s’était vite retrouvé dans leur viseur. Placé à un endroit stratégique, un policier se souvient l’avoir observé plus d’une fois en train de fouiller près d’un muret dans une haie avant de repartir en courant. À la barre mercredi après-midi, le prévenu de 23 ans ne voulait rien savoir de tout cela : «Je n’ai rien fait.»

«Jouiez-vous au jardinier, désherbiez-vous?»

Par tous les moyens, la présidente tentera de lui délier la langue : «Que faisiez-vous alors? Jouiez-vous au jardinier, désherbiez-vous?» Sans succès. De ce qui ressort du dossier, il s’agissait bien d’une cache qui abritait deux sachets de marijuana et plusieurs boules de cocaïne… La police y avait jeté un coup d’œil. Mais les simples observations ne suffisent visiblement pas au prévenu. Ce qui n’est pas retracé sur les images des caméras de surveillance, il n’y croit pas. Que c’est «un agent assermenté qui parle», comme ne manquera pas de lui rappeler la présidente, ne l’impressionne guère. «Je n’ai pas vu cet agent lors de mon arrestation», lâchera-t-il sans détour. Sur les trois transactions dont fait état le dossier, il reconnaît au final seulement celle à l’automobiliste qui a pu être identifié.

Le jeune homme qui venait tout juste de sortir de Schrassig début juin 2019, est convaincu que la police lui en veut : «On m’a juste mis en prison parce que je suis noir.» Se tenant au-dessus de la hanche, il se plaint: «J’ai toujours mal quand je joue au foot à la prison, car un policier m’a frappé…»

L’analyse des objets saisis dans la haie avait notamment mis en évidence son ADN sur certains des emballages. Mais cela non plus ce n’est pas une preuve suffisante, estime-t-il. «Les boules, il ne les a peut-être pas lui-même confectionnées, mais on peut lui attribuer le contenu du sachet, rétorquera le parquetier. Je suis convaincu qu’il a bien vendu de la marijuana et de la cocaïne.»

«La misère humaine arrive à ce genre de situation», avait plaidé la défense. Et d’ajouter : «Son passé ne plaide pas pour lui. Mais il faut prononcer une peine qui lui permette de retrouver rapidement la liberté afin qu’il trouve un travail.» Ce n’était pas tout à fait la position du parquet. En raison de ces antécédents spécifiques, il requerra 30 mois de prison et une amende.

La 13e chambre correctionnelle rendra son jugement le 25 juin.

Fabienne Armborst

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