Depuis mardi, un homme de 56 ans comparaît devant le tribunal correctionnel pour avoir séquestré et violé sa voisine, âgée à l’époque de 23 ans, chez lui dans son appartement route d’Echternach à Wasserbillig. Les faits reprochés remontent à la nuit du 10 au 11 août 2013.
« Je l’ai touchée, mais ce n’était pas du harcèlement », s’est défendu le prévenu lors de sa première prise de position, mardi matin, à la barre. Le quinquagénaire conteste avoir séquestré et violé sa voisine chez lui dans la nuit du 10 au 11 août 2013. Tout ce qu’il reconnaît, c’est l’attentat à la pudeur documenté par des photos retrouvées sur son ordinateur.
Le 14 août, la jeune femme porte plainte auprès de la police de Grevenmacher. D’après l’enquêteur, elle explique avoir été séquestrée et violée par son voisin. Elle indique s’être rendue dans son appartement pour qu’il l’aide à télécharger de la musique.
« Je voulais télécharger de la musique sur mon MP3. Je ne savais pas comment cela fonctionnait », a témoigné la présumée victime, hier matin à la barre. Interrogée en détail sur cette visite, elle a d’emblée tenu à faire remarquer qu’actuellement elle prend des médicaments. Ce qui pourrait expliquer qu’elle ne se souvient que de fragments.
«Il m’a donné quelque chose à boire. Comme il faisait chaud, je suis partie du principe que c’était de l’eau pétillante . Mais c’était du mousseux avec de la vodka », a-t-elle indiqué. Sur quoi, le président de la 12 e chambre correctionnelle a répliqué : « Du mousseux mélangé à de la vodka ne ressemble pas à de l’eau pétillante .»
Toujours est-il qu’elle a tout bu. « Je ne suis pas rentrée chez moi, car le téléchargement n’était pas terminé », a-t-elle soulevé en ajoutant que quand elle a essayé de prendre son téléphone portable, après avoir remarqué que la porte était fermée, son voisin le lui avait arraché des mains. « Et ensuite qu’est-ce qui s’est passé? », l’a relancée le président.
Après un long silence, elle a lâché avec sa petite voix : « J’ai fait ce qu’il a exigé .» Selon elle, elle a dû se déshabiller avant que le voisin la force à un rapport sexuel oral et la pénètre avec ses doigts. Ses souvenirs s’arrêtent là. En se réveillant le matin, elle l’aurait prié d’effacer les photos. « J’ai recherché sur l’ordinateur portable s’il y en avait », a-t-elle encore ajouté.
«Vous n’aviez pas l’air d’être paniquée»
« Or selon un témoin, à cet instant, vous n’aviez pas l’air d’être paniquée », a rétorqué le président. Lors de son passage à la barre, le témoin en question avait affirmé l’avoir aperçue dans la matinée du 11 août dans l’appartement : « La porte était ouverte et elle était concentrée sur l’ordinateur portable. »
Retour sur l’audition de la présumée victime. « Pourquoi ne lui avez-vous rien dit? Une réaction normale aurait été de partir et d’appeler à l’aide. La porte était ouverte », a insisté le président.
À l’époque des faits, la présumée victime vivait chez un sexagénaire : « Elle vivait sous les ponts. Spontanément sans réfléchir, je lui ai proposé d’emménager chez moi », a récapitulé ce dernier, hier. « Ce n’était pas ma femme, mais ma fille .» Il a indiqué que cette nuit-là s’il avait mis les valises de sa «fille» sur le palier, ce n’était pas en raison d’une crise de jalousie.
Toujours selon le sexagénaire, sa «fille» avait fini par l’appeler depuis Echternach. Quand il était venu la chercher, elle lui avait dit avoir été violée. C’est alors qu’il lui aurait suggéré : « Si tu as été violée, tu dois porter plainte. Autrement tu ne retournes pas vivre chez moi. » Elle avait porté plainte.
Mardi, à la question de savoir si elle n’avait pas parlé du viol afin de retrouver un toit sur la tête, la jeune femme a haussé le ton : « Je n’invente pas des choses pareilles .» Mais le tribunal n’a pas lâché prise : « Votre histoire ne colle pas avec les dépositions des témoins. La porte est ouverte et vous restez. C’est seulement après avoir vu vos valises devant la porte que vous avez réagi. » La jeune femme s’est murée dans le silence, maintenant par là que ce qu’elle avait dit correspondait à la vérité. Le procès se poursuit ce mercredi après-midi.
Fabienne Armborst