Le chauffeur responsable de l’accident qui a entraîné la mort de la policière Yasmine Grisius avait été condamné en 2014 pour conduite en état d’ébriété. Il a écopé d’une peine avec sursis avant de récidiver… Leçon de conduite.
Ces derniers jours, les graves accidents de la route provoqués par des chauffeurs ivres se sont succédé. Lundi, une conductrice a été percutée sur l’autoroute A1. Le choc a été si violent que la femme est décédée sur les lieux de l’accident.
Cet accident mortel est survenu à peine quatre jours après la tragédie de Dippach où dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, la policière Yasmine Grisius, mère de famille âgée de 39 ans à peine, a perdu la vie lors d’un simple contrôle routier. Le chauffeur à l’origine de l’accident n’a pas voulu s’arrêter alors que le collègue de la policière avait remarqué que ce dernier ne tenait plus la route. Il a accéléré avant de percuter la voiture de police, stationnée derrière le véhicule arrêté en premier lieu par la patrouille. Yasmine Grisius, dont les obsèques ont eu lieu ce jeudi, n’a pas réussi à sauter et a été coincée entre les deux véhicules. Elle est décédée dans les heures qui ont suivi.
Depuis ces deux graves accidents, des voix s’élèvent pour critiquer les peines appliquées en cas de conduite en état d’ébriété. Avec une alcoolémie dépassant les 1,2 gramme, le permis est retiré sur-le-champ, mais peut être rendu après huit jours en attendant l’audience devant les juges (lire ci-dessous).
La deuxième chance méritée?
Dans le cas du chauffeur qui a provoqué l’accident ayant causé la mort de la policière, une lacune du système est décelable. Mais cela reste une question d’interprétation. L’homme âgé de 35 ans aujourd’hui s’était vu retirer son permis de conduire en mai 2014 après avoir été arrêté par la police avec une alcoolémie de 2,1 grammes. Il a été condamné à un retrait de permis de 21 mois, assorti d’un sursis intégral, et de 900 euros d’amende. « Ce genre de jugement n’est pas exceptionnel lorsqu’il s’agit d’une première infraction. Les juges offrent une seconde chance aux chauffeurs », indique Henri Eippers, porte-parole de l’administration judiciaire.
Malheureusement, la piqûre de rappel ne semble pas avoir eu l’effet escompté chez le chauffeur, qui accusé pour homicide, se trouve désormais derrière les verrous. Il a ôté la vie à une mère de deux enfants pour la seule raison de ne pas avoir voulu s’exécuter devant la police, probablement pour éviter d’être pris une deuxième fois en flagrant délit. Désormais, il risque une longue peine de prison.
Ce système de peines doit-il maintenant être adapté avec des sanctions plus sévères? Le débat est posé et il reviendra à la politique de trancher en consultant les acteurs du terrain. Au 1 er juin, le système de retraits de points pour infractions routières a été considérablement durci. Avec désormais 6 points retirés en cas de conduite avec plus de 1,2 gramme d’alcool dans le sang au lieu de 4, un premier pas est fait. En parallèle, la justice devra juger si des peines plus sévères avec des sursis moins importants devront être appliquées, même dès la première infraction. Les bonnes leçons doivent être tirées.
D. M.
Le retrait de permis en bref
› Tout chauffeur conduisant avec un taux d’alcool supérieur à 1,2 gramme se voit retirer son permis sur-le-champ.
›En cas de première infraction, le permis peut être restitué provisoirement, après un délai de 8 jours, sur demande du chauffeur, qui doit justifier sa requête (déplacements professionnels, etc.). Le juge d’instruction peut cependant confirmer l’interdiction de conduire provisoire en fonction de l’alcoolémie qui se trouve à la base du retrait.
›Chaque chauffeur qui s’est fait retirer son permis de conduire, doit comparaître devant le tribunal correctionnel, qui fixe la peine définitive.
›En cas de récidive, les peines sont bien plus lourdes. Le véhicule du chauffeur est ainsi confisqué sur ordre du parquet et le permis de conduire est retiré pour de longs mois.