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Mineures appâtées avec de l’argent : le sexagénaire écope de 18 mois avec sursis


L'homme leur avait proposé d'abord 500 euros, puis 1 000 euros. Pour les mineures, il s'agissait clairement d'avances sexuelles. (illustration Didier Sylvestre)

Un homme de 65 ans, poursuivi pour avoir abordé des mineures et tenté d’en enlever une, a été condamné à 18 mois de prison assortis d’un sursis probatoire, d’une amende de 1 000 euros et l’obligation de se soumettre à un traitement et d’éviter tout contact avec des mineurs.

« Heureusement que les filles étaient alertes. Et qu’elles se sont défendues », avait récapitulé la représentante du parquet. Il était entre 16h et 18h ce 19 mars 2016 quand le sexagénaire avait abordé deux mineures de 14 ans qui attendaient le bus devant un café à Bous. Il leur avait proposé d’abord 500 euros, puis 1 000 euros. Pour les mineures, il s’agissait clairement d’avances sexuelles.

«Je voulais les câliner, leur donner un bisou sur la joue. Je n’avais aucune mauvaise intention, car depuis dix ans je suis impuissant», avait confié le prévenu, âgé aujourd’hui de 65 ans, à l’expert psychiatre. À la barre de la 13e chambre correctionnelle, le retraité ne se souvenait pas de grand-chose. À part le fait qu’il aurait juste voulu faire un tour avec elles en voiture à Remich. «J’avais trop bu.» «Quatre à cinq bières. Mais pas de Jägermeister», précisait-il. «Je ne voulais pas enlever les filles. Je serais rentré seul à la maison», avait-il clamé.

C’est oublier que l’une des filles avait enregistré toute la conversation avec son portable. L’enregistrement corrobore tout ce que les filles ont déclaré à la police. On y entend ainsi comment il leur explique que 500 euros correspond à beaucoup d’argent, soit 20 000 francs luxembourgeois… «Je pense que les filles ne connaissent même pas les francs. Car elles sont nées dans les années 2000 !», lui avait fait remarquer la présidente. Mais les deux mineures ne s’étaient pas laissé faire. L’une d’elles lui avait même suggéré de se rendre dans le quartier de la Gare à Luxembourg.

Au total, le parquet reprochait au sexagénaire d’avoir abordé trois mineures. Le deuxième fait remonte au 27 mai 2016. Ce jour-là, il aurait pris une fille de 12 ans par la main et essayé de la faire monter dans sa voiture. Pour le parquet, il s’agissait clairement d’une tentative d’enlèvement. Le prévenu, quant à lui, l’avait contesté en bloc.

C’est le SREC Grevenmacher qui avait été chargé de l’enquête. Une institutrice avait contacté le commissariat de Remich. Plusieurs élèves s’étaient plaints d’avoir été suivis par une personne plus âgée. Grâce à la plaque d’immatriculation qu’ils avaient relevée, les agents avaient fait le lien avec le fait survenu quelques semaines plus tôt à Bous.

Depuis septembre 2017, il dormait en prison

«Avec un encadrement serré et des contrôles d’alcool réguliers, il peut s’en sortir.» C’est ce qui ressortait du rapport d’expertise. Le spécialiste en neuropsychiatrie avait relevé une altération des capacités de son discernement. Avec ses sept verres d’alcool par jour, il est clairement dépendant, avait-il conclu.

L’avocat du sexagénaire avait demandé d’assortir la peine d’un sursis probatoire intégral : «Il a besoin de l’aide d’un professionnel pour que cela ne se reproduise pas», avait plaidé Me Eric Says.

La peine prononcée mercredi après-midi rejoint finalement cette demande. Le sexagénaire écope de 18 mois avec sursis et une amende de 1 000 euros. Placé sous le régime du sursis probatoire pour la durée de cinq ans, il a l’obligation de se soumettre à un traitement psychothérapeutique spécifique. Il a également l’interdiction d’entrer en contact avec des mineurs, sauf les proches de sa famille.

C’est la même condition qu’il était tenu de respecter en attendant son procès. Ce qu’il n’avait pas fait en accueillant chez lui une famille roumaine avec quatre enfants mineurs. Depuis septembre 2017, il dormait donc en prison.

La peine prononcée reste bien en dessous des réquisitions du parquet qui réclamait quatre ans de prison et une amende. Il demandait de ne lui accorder que deux ans de sursis probatoire.

Toutes les parties ont 40 jours pour interjeter appel.

Fabienne Armborst